L'info passée au crible

A-t-on vraiment observé un cluster à bord d'un navire britannique à l'équipage 100% vacciné ?

Publié le 17 juillet 2021 à 13h30
Le cluster est survenu suite à une escale à Chypre.

Le cluster est survenu suite à une escale à Chypre.

Source : AFP PHOTO / ROYAL NAVY / CROWN COPYRIGHT

SANS GRAVITÉ - Plus d'une centaine de cas positifs ont été enregistrés à bord d'un navire militaire britannique, et ce, malgré la vaccination de tout l'équipage. L'absence de cas graves à bord met toutefois en avant l'efficacité du vaccin.

Les opposants à la vaccination sont nombreux depuis quelques jours à relayer une information en provenance de Grande-Bretagne. Un cluster, apprend-on, aurait été observé à bord d'un navire militaire britannique. Alors même que l'intégralité de l'équipage aurait été pleinement vacciné. Une preuve, assurent des internautes, de l'inefficacité du vaccin.

"Encore une magnifique démonstration que les dites études cliniques des vaccins semblent avoir présenté des résultats éloignés de la réalité !", peut-on notamment lire, tandis que d'autres clament : "Lâchez nous avec la vaccination". "Si le vaccin était si efficace comment, se fait-il que 100% des 100 marins anglais vaccinés ont été contaminés en Angleterre ?", interroge un autre. Si le vaccin n'a pas empêché ces contaminations, avérées, il faut toutefois préciser qu'il ne s'agit pas de sa vocation première. Il a en effet été mis au point avec un objectif majeur : réduire les formes graves. Et sur ce point, il a rempli sa mission.

Pas de cas grave à bord

Un article en particulier est relayé sur les réseaux sociaux, publié par la prestigieuse BBC. Il s'avère que l'information délivrée par la radio britannique est juste, puisqu'une centaine de membres d'équipage ont bien été diagnostiqués positifs lors de tests de routine à bord. Il s'agit de militaires qui officient à bord du porte-avion Queen Elizabeth, qui transporte environ 1.600 personnes. 

Cette information a été assez largement relayée. Outre-Manche bien sûr, mais aussi par l'intermédiaire de l'Agence France Presse, qui fournit quelques détails supplémentaires. On apprend ainsi que les premiers cas ont été détectés aux alentours du 4 juillet, date à laquelle le navire se trouvait amarré au port de Limassol, au sud de Chypre. Le tabloïd The Sun, qui a initialement évoqué le sujet, indique que d'autres bateaux de la marine britannique, eux-aussi présents en Méditerranée aux côtés du porte-avion, ont aussi enregistré des cas à leur bord. 

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Il est important de noter que malgré ces cas positifs, le trajet initial de la flotte n'a pas été modifié. Actuellement dans l'océan indien, les navires poursuivent leur chemin, se préparant notamment à une escale au Japon dans les semaines à venir. "Le groupe aéronaval continuera à exécuter ses tâches opérationnelles et il n'y aura aucun effet sur le déploiement", a indiqué un porte-parole de la marine. Le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a quant à lui fait part d'une certaine satisfaction : "Notre équipage est doublement vacciné", a-t-il lancé, "et vous serez heureux d'apprendre que personne à bord n'a présenté de symptômes majeurs." De fait, l'apparition de ce cluster permet de mettre en avant l'efficacité des vaccins.

Rien à voir avec le Diamond Princess

Le fait qu'une centaine de marins aient été contaminés par le virus n'est pas surprenant, malgré leur vaccination intégrale. En effet, les vaccins ne font que réduire la transmission, sans pour autant l'empêcher totalement. Leur objectif premier est surtout de prévenir le développement des formes graves, susceptibles d'entraîner des hospitalisations et dans le pire des cas, des décès. 

Dans le cas du porte-avion britannique, aucune forme grave n'a été détectée, ce qui signifie que le vaccin a joué le rôle qui était le sien. Des membres d'équipage ont, certes, contracté le virus, mais sans que cela ne mette leur santé en danger ni ne perturbe le cours de leur mission. La marine a simplement annoncé que des mesures à bord avaient été renforcées, en ce qui concerne notamment le port du masque. 

Un parallèle peut être dressé avec un autre cas de "cluster" à bord d'un navire, au tout début de l'épidémie de Covid-19. Peut-être vous souvenez-vous du Diamond Princess, navire de croisière accueillant 3.700 passagers et qui fut cloué en quarantaine au Japon en février 2020. Dans les semaines qui avaient suivi, près de 700 cas positifs avaient été signalés. Les médias ont rapporté quelques mois plus tard que parmi ces cas, 14 décès avaient été enregistrés. À l'époque, personne n'était évidemment vacciné et la souche qui se propageait n'était pas aussi contagieuse. Rappelons en effet que le variant Delta est environ 60% plus transmissible que l'Alpha (ex-variant anglais). Ce dernier était lui-même plus transmissible et dangereux que la souche originelle du virus, incriminée dans la contamination des passagers du Diamond Princess.

En résumé, il n'est donc pas anormal que des marins britanniques aient été contaminés par le virus alors même qu'ils étaient tous vaccinés. Si des cas graves ou des décès auraient pu remettre en cause l'efficacité des vaccins, les autorités militaires ont précisé que ça n'avait pas été le cas à bord du porte-avion touché, où l'équipage se porte bien. L'objectif poursuivi par les vaccins étant de prévenir les formes graves de la maladie, il faut donc voir dans ce cluster une illustration de leur efficacité.

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Thomas DESZPOT

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