Allergies au pollen : les personnes affectées moins productives au travail ?

À mesure que le printemps s'installe, la carte du risque d'allergie aux pollens en France, elle, rougit. Mise à jour presque quotidiennement par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), cette dernière révèle que plus des deux tiers des départements français sont désormais en alerte, signe d'un impact sanitaire de plus en plus accru. Mais derrière les symptômes qui rendent la vie dure aux allergiques, tels que le nez qui coule, les yeux qui grattent, ou encore l'asthme et l'eczéma, les pollens ont un véritable impact économique. 

"Le symptôme de rhinite, de nez continuellement bouché sur ces phases altère la qualité de vie des patients, leur productivité au travail", estime ainsi Charles Pilette, responsable du Centre de l’allergie aux Cliniques universitaires Saint-Luc, en Belgique, auprès du site Le Vif. Selon le spécialiste, "ce n’est pas une infection banalisable" car, "les études révèlent que l’allergie au pollen a un impact sur la qualité de vie aussi important que l’asthme". Au point d'en déduire que la productivité est en chute libre à mesure que la présence de pollen dans l'air s'intensifie ? 

Peu nombreuses, les études sur le coût économique de la rhinite allergique persistante révèlent toutefois des chiffres éloquents. D’après les données des fédérations d’allergologues basées sur une étude de 2016*, cette affection serait en effet à l'origine d'au moins 7 millions de jours d’arrêts de travail annuellement, pour un coût total avoisinant un milliard d’euros. Le coût des dépenses de santé directes se situerait, lui, autour de 3,5 milliards d’euros par an mais l’absence au travail et la perte de productivité ferait grimper la note à 16 milliards d’euros. À l'échelle européenne, ce chiffre avoisine les 130 milliards d'euros. À noter par ailleurs que plus la rhinite est sévère plus le coût de sa prise en charge grimpe, son coût annuel médian étant estimé à 125 euros par patient pour les formes légères contre 199 euros pour les formes sévères. 

Toujours à titre de repère, selon l'agence de santé régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes, les allergies au pollen d'ambroisie, une plante très allergisante, représentent chaque année 40 millions d'euros pour la région, entre les consultations, les médicaments et les arrêts de travail.

La France est loin d'être le seul pays concerné par cet impact économique et humain du phénomène saisonnier. Au Japon, où le rhume des foins touche environ 40% de la population, une réunion consacrée aux allergies aux pollens a été organisée ce vendredi en présence du Premier ministre du pays Fumio Kishida, précisément pour y remédier. Au plus fort de la saison pollinique, la perte économique s'élèverait dans le pays à plus de 220 milliards de yens (1,5 milliard d'euros environ) chaque jour, selon un sondage réalisé en 2020 par le géant de l'électronique Panasonic.

Pour rappel, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classe les maladies allergiques au quatrième rang mondial des affections et considère que ces pathologies représentent "un problème majeur de santé publique en terme de qualité de vie, de perte de jours de travail ou d'enseignement, de coûts médicamenteux, voire de mortalité."

Le plus souvent, les allergies au pollen se manifestent par une rhinite (éternuements, nez qui pique, coule... ), une conjonctivite (yeux rouges, gonflés, larmoyants, qui démangent), une trachéite (toux sèche), de l'asthme (difficulté à respirer), des atteintes cutanées telles que l'urticaire ou de l'eczéma (rougeurs, boutons, démangeaisons). Autant de symptômes qui affectent directement la qualité de vie des personnes concernées qui peuvent se voir restreintes dans leurs activités courantes ou souffrir de troubles du sommeil, de difficultés de concentration, d'altération de la vigilance, pouvant elles-mêmes être à l'origine d'un absentéisme scolaire ou professionnel.

En France, les allergies aux pollens toucheraient près de 25% de la population contre environ 130 millions de personnes en Europe. Selon l’OMS, en 2050, la moitié de la population mondiale pourrait être allergique aux pollens. 

* Etude de "Cardel & Al." en 2016