Alzheimer : les mécanismes de la maladie

par Julie BERNICHAN
Publié le 18 septembre 2018 à 9h30, mis à jour le 12 novembre 2018 à 16h19
Alzheimer : les mécanismes de la maladie
Source : Thinkstock

Avec près de 900.000 personnes touchées en France, la maladie d’Alzheimer est la maladie neurodégénérative la plus fréquente. LCI fait le point sur l’évolution, les signes d’alerte, le diagnostic et les facteurs de risque d’une maladie, pour l’heure, impossible à soigner.

Décrite pour la première fois en 1906 par le psychiatre allemand Aloïs Alzheimer, la maladie d’Alzheimer n’a pas encore livré tous ses secrets. Plus de cent ans après, la recherche avance dans la compréhension de la maladie même si des zones d’ombre demeurent. D’où l’importance pour les scientifiques de poursuivre leurs efforts afin de trouver des solutions qui permettraient de l’éradiquer. En France, 225.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et 900.000 personnes doivent vivre avec au quotidien. Voici ce qu’il faut savoir sur une maladie qui affecte progressivement et insidieusement les fonctions cognitives d’une personne.

Les mécanismes physiologiques de la maladie d’Alzheimer

Avant l’apparition des symptômes, la maladie d’Alzheimer se caractérise physiologiquement. Pour bien comprendre, le cerveau est constitué de neurones qui forment entre eux un vaste réseau. Les connexions, appelées synapses, permettent de faire passer l’information d’un neurone à un autre. Mais avec la maladie d’Alzheimer, deux types de lésions viennent perturber ce fonctionnement. Les protéines bêta-amyloïde, d’abord, mal régulées, viennent s’agréger et forment ce que l’on appelle des plaques amyloïdes. D’autre part, les protéines Tau qui jouent normalement un rôle de régulateur au sein des neurones, se désagrègent et provoquent ce que l’on appelle la dégénérescence neurofibrillaire. Ce double phénomène, principalement localisé dans l’hippocampe, siège de la mémoire, « entraîne progressivement le dysfonctionnement des neurones et leur mort », souligne la Fondation pour la recherche sur Alzheimer. Si les deux lésions sont vraisemblablement liées, on ignore encore laquelle apparaît en premier.

L’évolution de la maladie d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer évolue de manière lente et progressive. Au stade asymptomatique, le premier, aucun symptôme clinique ne permet de détecter la maladie. En revanche, les protéines bêta-Amyloïde et Tau (les marqueurs biologiques) sont présentes en grande quantité dans le cerveau. Au stade prodromal, le patient peut ressentir des difficultés de mémorisation et observer des modifications de son comportement ou de son humeur. Si les biomarqueurs s’expriment bien sur le plan neurologique, ses performances aux tests neuropsychologiques peuvent être préservées. Les troubles de la mémoire deviennent plus fréquents lorsque le patient atteint le stade léger et des troubles de l’orientation spatio-temporelle apparaissent. Les difficultés à s’exprimer, à comprendre ou à faire certains gestes sont davantage marquées au stade dit « modéré ». Le patient et son entourage ont alors besoin d’être accompagnés par des professionnels. Enfin, au dernier stade appelé « sévère ou démentiel », la personne concernée n’est plus autonome et doit être aidée quotidiennement.

Les signes qui doivent alerter

« Pour beaucoup, avoir une maladie d’Alzheimer, c’est souffrir de troubles de la mémoire suffisamment importants pour retentir sur la vie quotidienne, détaille le Dr Olivier de Ladoucette, président de la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer. C’est vrai, mais cela ne se produit pas du jour au lendemain et bien avant, sans doute pendant des mois ou des années, d’autres petits troubles insidieux auraient pu donner l’alerte et ce d’autant qu’ils sont associés, répétés, au point de devenir gênants… ». Ainsi, oublier une recette connue, ne pas reconnaître un chemin emprunté plusieurs fois, ne plus savoir utiliser son téléphone ou mettre des objets dans des endroits inappropriés peut être considérés comme des signes d’alerte. « Comme le jugement tend aussi à s’altérer, cela peut se traduire par un décalage entre ce qu’il aurait fallu faire et une situation donnée : se couvrir alors que le thermomètre grimpe, par exemple », ajoute le psychiatre et gérontologue. Cela peut aussi se manifester par des sautes d’humeur sans raison apparente ou encore des troubles du sommeil. 

Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer

Au lieu « de se demander si ces symptômes peuvent avoir un rapport ou non avec une maladie d’Alzheimer débutante, mieux vaut être vu en consultation de la mémoire », conseille encore le spécialiste. Et pour cause, plus tôt les signes sont repérés, plus tôt le diagnostic peut être réalisé. Si aucun médicament ne permet de soigner la maladie ni de faire régresser les symptômes déjà installés, un traitement précoce permet tout de même de ralentir la progression de la maladie et de la stabiliser pendant de nombreuses années. De quoi considérablement améliorer le quotidien des patients et de leurs proches.

Les facteurs de risque

Les chercheurs ne savent toujours pas ce qui cause la maladie. « Les formes familiales ou héréditaires représentent moins de 5% des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer », note la Fondation pour la Recherche sur Alzheimer. La maladie est donc de forme non-familiale dans 95% des cas bien que la prédisposition génétique ne soit pas à exclure. Le gène ApoE4 est ainsi associé à un risque accru de la maladie d’Alzheimer même s’il n’est « ni nécessaire ni suffisant ». Une personne qui n’est pas porteuse du gène pourra développer la maladie et inversement, un individu porteur du gène ne sera pas forcément atteint.

D’autres facteurs, mis en évidence par des études scientifiques, augmentent le risque de développer la maladie sans pour autant en être à l’origine. Les plus de 65 ans, les femmes, les personnes présentant un risque cardiovasculaire, ayant un faible niveau d’étude, fumant, buvant de l’alcool ou encore souffrant de troubles du sommeil sont ainsi davantage à risque. Agir sur ces facteurs en adoptant une hygiène de vie plus saine par exemple pourrait ainsi retarder l’apparition des premiers symptômes. 

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Julie BERNICHAN

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