Opioïdes : la HAS appelle les médecins à ne pas banaliser les prescriptions de ces anti-douleurs

Marius Bocquet avec AFP
Publié le 25 mars 2022 à 6h28

Source : JT 20h WE

La Haute Autorité de Santé appelle les médecins à ne pas "banaliser" le recours aux opioïdes dans un communiqué.
L'autorité indépendante a publié jeudi des recommandations pour une "juste prescription" de ces anti-douleurs.
Près de 10 millions de Français ont eu une prescription en 2015, "chiffre qui serait en hausse ces dernières années".

Afin d'éviter une "banalisation" du recours aux antalgiques opioïdes et limiter les risques d'une éventuelle addiction, la Haute Autorité de santé a publié jeudi des recommandations aux médecins pour une "juste prescription" de ces médicaments en France. "Utiles pour soulager les douleurs, tous les opioïdes antalgiques peuvent cependant induire une dépendance physique élevée et faire l'objet de troubles de l'usage" pouvant aller jusqu'au décès, rappelle l'autorité indépendante dans un communiqué.

Les États-Unis ou l'Angleterre connaissent une crise sanitaire avec un nombre important de décès imputables à la consommation de ces médicaments, plus de 500.000 morts en 20 ans dans le cas américain. "Bien qu'aujourd'hui en France la consommation des opioïdes n'atteigne pas le niveau des États-Unis ou de l'Angleterre, elle est cependant en augmentation", écrit la HAS. Près de 10 millions de Français ont eu une prescription en 2015, "chiffre qui serait en hausse ces dernières années".

"En dernier recours" face à la douleur chronique non cancéreuse

L'enjeu est "de sécuriser l'usage des opioïdes sans en restreindre l'accès pour les patients qui en ont besoin", sur fond de "vieillissement de la population et d'augmentation des maladies chroniques qui favorise la multiplication des symptômes douloureux". La HAS fait des recommandations détaillées pour "promouvoir le bon usage des opioïdes antalgiques et réduire le nombre de surdoses" pour chaque situation où ces médicaments peuvent être prescrits : traitement de la douleur chronique non cancéreuse, de la douleur aiguë, de celle liée au cancer ou encore chez la femme enceinte et allaitante.

Face à la douleur chronique non cancéreuse, la HAS note que "les antalgiques opioïdes ne doivent être envisagés qu'en dernier recours". "Ces médicaments ne peuvent pas être prescrits pour des douleurs pelviennes chroniques ou musculosquelettiques", ni contre les migraines, précise-t-elle. Lorsque des opioïdes sont nécessaires, elle recommande un traitement "de façon progressive, avec des réévaluations régulières en début de traitement afin d'ajuster la posologie et de surveiller l'apparition d'effets indésirables". 

Au-delà de six mois de traitement continu, la HAS préconise de "diminuer progressivement le traitement, voire de l'arrêter complètement" pour vérifier sa pertinence ou son dosage. Dans ses recommandations, l'autorité aborde aussi la prévention et la prise en charge d'un trouble de l'usage des opioïdes et des surdoses, "hors contexte de prise en charge de la douleur". Elle détaille notamment les conditions de recours à la naloxone, un antidote spécifique capable de contrer une overdose d'opioïdes.


Marius Bocquet avec AFP

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