"On manque de tout" : pourquoi les pénuries de médicaments s'aggravent

Publié le 23 novembre 2022 à 16h26

Source : JT 13h Semaine

Depuis plusieurs semaines, les autorités sanitaires constatent des difficultés d'approvisionnement pour de multiples traitements.
Selon l'Union de syndicats des pharmaciens d’officine, le "nombre de médicaments en rupture est énorme".
Depuis plusieurs années, les ONG et professionnels du secteur tirent la sonnette d'alarme.

"On manque de tout". Le constat de Pierre-Olivier Variot, président de l'Union de syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), est sans appel. En France, "le nombre de médicaments en rupture est énorme", alerte le pharmacien alors que les commerces peinent à délivrer des traitements pourtant essentiels comme l'amoxicilline, un antibiotique largement prescrit chez les enfants pour lutter contre une série d'infections bactériennes comme certaines otites et pneumonies.

Dans les rayons des pharmacies, le paracétamol manque également à l'appel, tout comme "des antihypertenseurs, des antidiabétiques ou des anticancéreux", détaille Pierre-Olivier Variot. Un phénomène loin de se limiter à la France puisqu'il frappe la plupart des pays européens ainsi que les États-Unis et le Canada.

La mondialisation pointée du doigt

"Rapatrier" les industries

Des difficultés qui sont loin d'être récentes, mais la situation semble empirer cette année, notamment en France. "En 2021, 900 ruptures d'approvisionnement avaient été signalées sur toute l'année. Là, on est à 600 sur un semestre, il y a donc clairement une aggravation de la situation", a souligné ce week-end, dans Ouest France, Thomas Borel, directeur scientifique du Leem. De son côté, le groupement d'intérêt économique (GIE) Gers, qui fournit des données exhaustives sur l'approvisionnement des pharmacies et des hôpitaux de France en médicament, estime que le taux de "tension" - c'est-à-dire l'incapacité d'une pharmacie à s'approvisionner pendant au moins une semaine - est passé de 6,5% du nombre de références de médicament en janvier à 12,5% mi-août.

Face à cette situation, la nécessité d'une relocalisation de la production fait relativement consensus dans les discours du gouvernement aux industriels en passant par les analystes. Son ampleur reste toutefois discutée alors que les autorités ont assuré que les pénuries de médicaments seraient réglées "dans les semaines, les mois qui viennent". 

Dimanche 20 novembre, sur LCI, le ministre de la Santé, François Braun, a admis des "tensions sur nos stocks de médicaments" avant d'avancer que "l'enjeu, qui est majeur, est que ce ne sont pas des médicaments qui sont produits en France". Il a ainsi mis en avant le plan d'investissements "France 2030" du gouvernement qui vise à "rapatrier toutes ces industries, qui produisent ces médicaments essentiels en France, en Europe pour assurer notre souveraineté". 


Annick BERGER

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