Employé dans divers produits alimentaires et boissons depuis les années 80, l’aspartame suscite aujourd’hui la controverse.D’après certains travaux, cet édulcorant artificiel faible en calorie serait impliqué dans les risques de cancer, notamment en France.Face aux divers effets potentiellement nocifs de l’aspartame sur la santé, quel comportement adopter ?
En juillet 2023, l’Organisation mondiale de la Santé mettait le feu aux poudres. D’après les premières conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’aspartame serait "peut-être cancérigène pour l’homme", précisant que ses effets potentiels sur la santé "devaient faire l’objet d’études plus nombreuses et plus approfondies". Si la communauté scientifique reste encore partagée sur l’établissement d’un lien de cause à effet entre l’exposition à l’aspartame et ses effets sur la santé des consommateurs, il n’en demeure pas moins qu’une brèche a été ouverte. Cette poudre blanche et indolore découverte en 1965, "dont le pouvoir sucrant est environ 200 fois supérieur à celui du sucre" selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), est omniprésente dans la plupart des chewing-gums, des sodas, des confiseries, des yaourts, et même dans certains médicaments. Si la littérature scientifique manque encore de données précises, les consommateurs doivent-ils pour autant tourner le dos à l’aspartame ?
Grossesses à risque, cancer : faut-il se méfier de l’aspartame
D’après le Centre de lutte contre le cancer, l’aspartame, qui conserve à ce jour son titre d’édulcorant le plus utilisé au monde, est contenu dans plus de 6 000 produits alimentaires dits "allégés" ou "light". Si de nombreux rapports d’expertise ont écarté tout effet nuisible ou pernicieux sur la santé cette dernière décennie, deux études européennes vont pourtant provoquer des remous importants. La première, diligentée par la Fondation Ramazzini de Bologne de 2005 à 2010, conclut que l’aspartame provoque des cancers, notamment du foie et des poumons, chez les rats et les souris qui en ont consommé durant toute leur existence.
Toutefois, l’EFSA a jugé que "l’augmentation de l’incidence des lymphomes-leucémies chez les rats traités n’était pas liée à l’aspartame", en raison particulièrement de certains changements pathologiques liés à l’âge des sujets. Aussi, en 2010, une étude danoise publiée dans l'American Journal of Clinical Nutrition affirmait que la consommation d’au moins une boisson gazeuse par jour contenant un édulcorant augmente le risque de naissance prématurée de 27 %, jusqu’à 78 % si l’on en boit plus de quatre. Mais là encore, l’EFSA se montre plus mesurée, signalant que d’autres facteurs environnementaux, et surtout l'exposition à d’autres produits alimentaires, devraient être pris en compte.
Une dose admissible de 40 mg par kilogramme
Sur la base de ces travaux scientifiques, l’Autorité européenne de sécurité des aliments n’est pas apte à conseiller la suspension de l’aspartame. En France, l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) exhorte la communauté scientifique à mener davantage de travaux tant sur les risques que les bénéfices des édulcorants, notamment chez l’enfant, et que ces produits ne doivent pas se substituer à l’eau. De son côté, l’agence européenne financée par le budget de l'Union européenne persiste et signe : la dose journalière admissible, fixée à 40 mg par kilogramme de poids corporel par jour, suffit à protéger la population.
Par ailleurs, elle rappelle que la présence d’aspartame doit être indiquée sur l’étiquette de toute substance alimentaire, soit pas son nom complet, soit par son numéro "E" (E951). D’après le Centre de lutte contre le cancer enfin, le groupe scientifique de l’EFSA sur "les additifs alimentaires et les sources de nutriments ajoutés aux aliments" serait en train d'œuvrer à la publication d’un "avis complémentaire scientifique sur cet édulcorant".