PÉNURIE - Le gouvernement espère atteindre le chiffre de 10 millions d'injections d'ici mi-avril en France mais rien n'est moins sûr car les retards de livraison s'accumulent. Voici les derniers chiffres.
"On s'est fixé l'objectif de 10 millions de vaccinations au 15 avril. Je ne désespère pas qu'on le dépasse mais il faut être prudent car les labos nous font quelques misères dans le respect de délais de livraison". En déplacement dans les Deux -Sèvres ce samedi, Jean Castex s'est une nouvelle fois voulu confiant sur le rythme des vaccinations en France. Pourtant l'horizon, désormais, s'obscurcit. Et de l'avis même du chef du gouvernement, les "misères" des laboratoires pourraient bien compromettre les objectifs fièrement annoncés.
Car selon les dernières données du ministère de la Santé, le stock de doses attendu au printemps fond comme neige au soleil : à la fin mars, 16,5 millions de doses devraient être livrées en France. 21,5 millions étaient prévues il y a deux mois (-26%). Et pour fin avril, les prévisions ne sont pas meilleures : seules 29 millions de doses sont désormais attendues. Un chiffre considérablement plus faible que celui sur lequel tablait le gouvernement lors de ses prévisions en janvier dernier (37 millions).
AstraZeneca, CureVac et Johnson & Johnson. Ces laboratoires expliquent, à eux trois, une grande partie les retards de livraisons constatés. Une dizaine de millions de leurs doses devraient être utilisables en France fin avril. Une baisse de près de 50% sur les prévisions initiales (environ 20 millions de doses). CureVac n'a pas encore reçu le feu vert de l'Agence européenne des médicaments (EMA) et ne devrait finalement arriver qu'en juin prochain. Le vaccin de Johnson & Johnson, tout juste approuvé, devrait lui arriver en France à un rythme moins soutenu qu'espéré (1 million de doses attendues fin avril au lieu de 3).
AstraZeneca dans le viseur
Surtout, AstraZeneca, auprès duquel des commandes ont été massives, ne cesse d'accumuler du retard. Olivier Véran ne l'a d'ailleurs pas caché lors de son point hebdomadaire jeudi : "La semaine prochaine, nous aurons peu de doses, la semaine suivante, nous aurons peu de doses et il est à craindre que la semaine suivante, nous ayons peu de doses également". Concrètement, d’ici à fin avril, 9,2 millions de doses sont à présent espérées contre 13 millions début janvier (-30%). Ce chiffre pourrait être encore revu à la baisse d'ici là puisque le laboratoire a annoncé ce samedi de nouveaux retards de livraison à l'UE "au premier trimestre" et "vraisemblablement" au deuxième. Des difficultés liées "aux exportations" sont invoquées par le laboratoire (des pays comme les États-Unis bloquant le transport des doses produites sur leur sol).
#Vaccins | Quand BioNTech-Pfizer et Moderna respectent leurs contrats, #AstraZeneca nous annonce de nouveaux retards de livraison. Les engagements pris doivent être tenus : la responsabilité de l’entreprise, de ses dirigeants et ses administrateurs est engagée. cc @ThierryBreton — Agnès Pannier-Runacher (@AgnesRunacher) March 13, 2021
Aucun site français ne fabrique pour l'instant de doses
Des retards d'une telle ampleur ne sont "pas étonnants", affirme au Parisien l'économiste de la Santé Frédéric Bizard. "Le gouvernement n’a absolument aucune maîtrise sur la production des vaccins et leur livraison en France", souligne-t-il encore alors qu'aucun site français ne fabrique pour l'instant de doses.
Heureusement, certains éléments prêtent toutefois à l'optimisme. Les laboratoires Moderna et Pfizer/BioNTech ne semblent pas connaître de telles difficulté et semblent, pour l'instant, respecter les différents temps de passage. Pfizer/BioNTech devraient même livrer dans les prochaines semaines davantage qu’espéré. Ainsi, les autorités tablent désormais sur 16,7 millions de doses fin avril (au lieu de 14, soit une hausse de 16%) et 28,3 millions de doses fin mai (au lieu de 20, +30%).
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info