BLOCAGES - Alors que de nombreux experts les réclament et que nos voisins sont nombreux à l'adopter, les autotests ne seront disponibles que le 12 avril en France. Et ce, malgré un feu vert donné par la HAS il y a déjà plusieurs semaines.
Dans l'Hexagone, il est assez facile de se faire tester, d'autant que la Sécurité sociale assume la totalité des coûts sans reste à charge pour le patient. Pour autant, les tests PCR se révèlent assez invasifs et leurs résultats ne sont pas instantanés. D'où la question du recours aux tests antigéniques, et plus spécifiquement aux autotests. Plus besoin avec ces derniers de faire appel à un professionnel pour effectuer le prélèvement : chacun peut en effet le réaliser de manière indépendante, avec un résultat disponible en une demi-heure maximum.
Une alternative que des professionnels tels que Martin Blachier préconisent. L'épidémiologiste et médecin en santé publique, invité sur Europe 1, a plaidé pour leur généralisation. Il s'en est pris au ministre de la Santé, Olivier Véran, accusé de freiner leur diffusion au grand public. "On sait qui bloque aujourd'hui, on sait que c'est lui", a-t-il lancé. Lorsque l'on observe les autres pays européens, on observe que le déploiement des autotests y est plus avancé.
Adoptés par nos voisins
Martin Blachier n'est pas le seul à plaider en faveur des autotests : "Tout ce qui permet de tester plus les Français est bon à prendre, à condition que ces nouveaux outils viennent toucher de nouveaux publics", a notamment indiqué au Monde Jean-Michel Pawlotsky, chef du service de virologie de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP, Créteil). Contactée ces derniers jours par LCI, Saphia Guereschi plaidait pour leur utilisation dans les établissements scolaires. Secrétaire générale du SNICS-FSU, le syndicat majoritaire des infirmier(e)s de l'Éducation nationale, elle trouvait anormal que la France n'y ait pas recours alors que plusieurs pays européens les utilisent.
Qu'en est-il vraiment ? Pour le savoir, direction le site Internet du réseau CEC (centres européens des consommateurs). Ce dernier liste en effet pays par pays les tests disponibles et souligne par exemple qu'en Belgique, "les autotests sont disponibles, même s'ils ne sont pas forcément recommandés". On peut les trouver "dans les pharmacies". En Allemagne, on peut en acheter dans des magasins, des grandes surfaces ou des pharmacies, "même s'ils se trouvent régulièrement en rupture de stock".
Nos voisins ne sont pas les seuls : l'Angleterre en propose à sa population, toute comme la Suisse, où 5 autotests gratuits par mois et par personne seront mis à disposition, accessibles dans les pharmacies dès le 7 avril. À l'intérieur de l'UE, les Autrichiens ont adopté une procédure identique à celle des Helvètes, alors que les Pays-Bas ont autorisé ces tests début mars. Du côté de la Bulgarie, ils sont vendus entre 10 et 20 euros en pharmacie, le tout sans ordonnance. Enfin, on notera leur autorisation au Portugal, ainsi que dans certaines régions italiennes.
Mi-mars, tout laissait à penser que la France allait imiter ses voisins : le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, assurait que leur distribution allait débuter de façon imminente. "Ce sera assez facile d’accès. Le principe de l’autotest, c’est justement qu’on puisse l’avoir en famille", lançait-il. "Ce sera en supermarchés ou en officines en tout cas, si c’est le plus facile, ça va être très facile à organiser." Problème : le gouvernement a depuis fait volte-face, suscitant critiques et incompréhensions.
En vente... finalement le 12 avril, les grandes surfaces écartées
Pourquoi, en ce début avril, la France ne dispose toujours pas d'autotests ? Jérôme Salomon n'était pas le seul à les défendre, puisque la Haute autorité de Santé (HAS) s'est prononcée le 16 mars en faveur de leur utilisation pour les personnes de 15 et plus. Elle a jugé leur fiabilité satisfaisante et recommande au passage leur prise en charge totale par la Sécurité sociale. Alors que la grande distribution s'afférait pour préparer de futurs approvisionnements, le ministère de la Santé a freiné des quatre fers, refusant dans l'immédiat toute mis à disposition massive. Et ce n'est que ce vendredi qu'Olivier Véran a, finalement, annoncé une date de mise en vente de ces tests. A compter du 12 avril et uniquement dans les pharmacies.
Pourquoi tant de retard ? Les autotests, dixit le Figaro, ont été "victimes des lobbys". Le quotidien raconte l'influence des représentants d'officines et des laboratoires, qui ont souhaité à tout prix empêcher une distribution dans les commerces traditionnels. Olivier Véran, lui, a assuré que l'origine du retard procède plutôt de la fiabilité des autotests eux mêmes : "J’ai essayé et je peux assurer que ce n’est pas aussi simple qu’on l’imagine", a-t-il assuré. Un discours pour le moins surprenant : dans les médias, les plumes les plus critiques raillent le ministre et n'hésitent pas à comparer ses déclarations avec celles de Sibeth Ndiaye, qui assurait un an auparavant ne pas savoir mettre un masque correctement. Quant aux représentants des pharmaciens, ils mettent plutôt en avant la fiabilité relative de ces tests d'un nouveau genre (voir la vidéo ci-dessous).

En résumé, on observe donc que la France est moins prompte que ses voisins à déployer les autotests antigéniques, malgré un avis favorable de la HAS. Les déclarations du directeur général de la Santé annonçant un déploiement imminent ont été largement tempérées par Olivier Véran, qui a d'ores et déjà écarté la piste d'une distribution via les grandes surfaces. Ceux-ci seront finalement mis en vente en pharmacie mais uniquement à compter du 12 avril.
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