Disponible en théorie depuis le 15 septembre, le traitement préventif contre la bronchiolite se révèle quasi introuvable en pharmacie.En cause : un afflux inattendu de demandes, auquel s'ajoutent des délais de livraison liés aux règles de distribution.Dans ce contexte, le gouvernement a annoncé qu'il sera finalement réservé en priorité aux maternités.
Il aura fallu moins de quinze jours après la mise sur le marché du Beyfortus pour que les modalités de distribution soient réajustées. Disponible, en théorie, sur ordonnance depuis le 15 septembre, le traitement qui vise à immuniser les bébés contre le principal virus à l'origine de la bronchiolite, se révèle quasi introuvable en pharmacie. Dans ce contexte, sa version destinée aux plus petits nourrissons sera finalement réservé aux maternités, a annoncé ce mardi 26 septembre le ministère de la Santé.
Le ministère "adapte sa stratégie afin de protéger en priorité les enfants les plus à risque d’être hospitalisés", a-t-il déclaré dans un communiqué. Les difficultés rencontrées ces derniers jours par les parents pour se procurer le traitement s'expliquent en partie par son modèle de distribution, lui-même lié à la forte demande rencontrée depuis le début d'une vaste campagne d'immunisation mi-septembre.
Quelles modalités de distribution ?
À contexte exceptionnel, modalités de distribution exceptionnelles. Déployé sur le marché en vitesse accélérée par crainte que le scénario épidémique 2022-2023 ne se répète, le Beyfortus est exceptionnellement régi par un contrat spécifique entre Santé publique France et la société pharmaceutique qui le développe, tandis que les médicaments traditionnels sont achetés directement par les pharmaciens. C'est donc l'État qui fixe le cadre de sa distribution, ce dernier ayant décidé qu'elle s'effectue en flux tendu en pharmacie. En d'autres termes, les pharmaciens ne sont pas autorisés à conserver du stock et lorsqu'un patient se rend à la pharmacie pour s'en procurer, il est nécessairement soumis à un délai de livraison.
Si des délais étaient donc prévisibles, force est de constater que ceux initialement annoncés par Sanofi, de 3 à 6 jours, ont bien souvent été dépassés. "La semaine dernière, on a contacté plusieurs milliers de pharmacies", a notamment expliqué un porte-parole de Sanofi à BFMTV, évoquant le retraitement nécessaire de nombreuses commandes "abusives" et soulignant que cette démarche "a permis de faire baisser le nombre de commandes de 30 à 40%".
Quel taux d'adhésion ?
À ces modalités de distribution particulières, dues à une si faible disponibilité en pharmacie, s'ajoute un taux d'adhésion inattendu. En s'appuyant sur le nombre de naissances par année en France (un peu plus de 700.000), la commande initiale de Santé publique France, à savoir 200.000 doses, répond à un taux d'adhésion d'environ 30%. C'était sans compter sur les premières statistiques enregistrées par le ministère de la Santé, qui révèlent un taux d'adhésion de 60 à 80% dans les maternités au cours des dix derniers jours. À titre de repère, s'agissant des traitements non obligatoires, le taux d'adhésion oscille en général entre 5 et 10%.
À l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a salué une "réussite exceptionnelle". Mais c'est bien cette forte demande qui contraint le ministère à revoir l'organisation de la campagne aussi rapidement après son lancement, "dans un souci de bonne gestion des stocks disponibles".
Quels changements ?
Plus en détail, la version 50 mg du traitement, destinée aux bébés de moins de cinq kilogrammes, sera désormais réservée aux maternités, alors que jusqu'à présent, tous les parents pouvaient la commander en pharmacies. Ces dernières pourront par contre continuer à commander la version 100 mg, qui s'adresse aux bébés d'un poids supérieur.
Cette décision se justifie par le fait que "les nourrissons de moins d’un mois sont les plus à risque de faire une forme grave de bronchiolite", explique le ministère, sans évoquer le cas des bébés dans cette tranche d'âge mais déjà sortis de maternité.
Selon les dernières données, datant de la semaine dernière, les hospitalisations liées à la bronchiolite commencent à augmenter mais restent à un niveau "faible". Si cette affection respiratoire, qui provoque chez les bébés une toux et une respiration difficile, est généralement sans gravité, elle peut se compliquer et déboucher sur des hospitalisations. Elle a provoqué durant l'hiver 2022-2023 une épidémie d'une ampleur sans précédent depuis plus de dix ans. À titre de repère, on estime que la bronchiolite touche chaque hiver près de 30% des nourrissons de moins de deux ans dans l'Hexagone, ce qui représente environ 480.000 cas par an, rappelle la HAS.