COMBAT - Julie, Judith et Juliette ont toutes trois côtoyé de près le cancer. Elles se alors sont rendues compte que garder l'estime de soi et sa féminité était primordial pour lutter plus efficacement contre cette maladie. Elles ont donc décidé de lancer leur entreprise afin d'aider les femmes à se sentir invincibles.
Chacune à la tête d'une entreprise différente, elles sont unies derrière un même combat. Celui de redonner moral et féminité aux femmes meurtries par leur combat contre le cancer. Julie Meunier, 28 ans, a créé en 2017 sa marque de turbans, Les Franjynes. Elle souhaitait ainsi donner aux femmes une alternative plus personnelle à la perruque. Judith Levy et Juliette Couturier, toutes deux âgées de 27 ans, ont elles lancé la même année leur marque de cosmétiques, MÊME, destinée aux femmes atteintes d'un cancer. Leurs produits répondent à des besoins spécifiques et se veulent exempts de tout ingrédient nocif et controversé. Des projets qui découlent tous deux de leurs histoires personnelles.
Les Franjynes
En 2015, Julie est touchée par un cancer du sein. Cette annonce, elle la vit comme une "météorite". "À ce moment-là, j’ai été voir sur internet à quoi j’allais ressembler et ça a été éprouvant", racontait-elle l'année dernière à LCI. Mais l'une des épreuves les plus difficiles de sa maladie s'avère en fait être sa première visite dans un magasin de perruques. "Je ne me reconnaissais pas, j’avais l’impression d’être déguisée." Elle décide alors, avec quelques foulards sortis de son placard, de se créer un look bien à elle en s'inspirant notamment des boubous africains. Elle y ajoute, à l'intuition, une frange à clip pour donner l'impression que ses cheveux sont toujours là.
Ce concept, partagé sur sa page Facebook et sur son blog, se transforme vite en véritable succès. Au-delà des compliments qui lui sont faits, l'enthousiasme d'autres femmes atteintes d'un cancer est tel qu'elle lance, en partenariat avec la Ligue contre le cancer, des ateliers gratuits pour partager ses techniques de nouage de turban. Elle développe dans le même temps, avec ses "élèves", un prototype de frange capable de tenir sur le cuir chevelu sans l'aide de cheveux et dont elle dépose le brevet. C'est ensuite en quelques semaines, et grâce à une campagne de crowdfunding, qu'elle créé sa marque, baptisée les Franjynes.
Je crois que les femmes sont vraiment heureuses que les Franjynes leur proposent autre chose que la perruque, qui n’a pas été dépoussiérée depuis Louis XIV
Julie Meunier, fondatrice des Franjynes
Un an après le lancement, Julie a envoyé environ 2.500 commandes à travers la France et l'Europe. Elle a également ouvert en mai son showroom à Nice et embauché une assistante. De nouveaux produits sont en développement, à l'image d'une "ponytail", une queue de cheval clipsable sur une faible longueur de cheveux. "Je savais que je répondais à un besoin, mais je suis toujours assez impressionnée de l’accueil que la création du site et de la marque a eu. Je crois que les femmes sont vraiment heureuses que les Franjynes leur proposent autre chose que la perruque, qui n’a pas été dépoussiérée depuis Louis XIV, et le bonnet hyper moulant qui est très stigmatisant", estime-t-elle.
Aujourd'hui, Julie reverse chaque mois 5% de son chiffre d'affaires à la recherche contre le cancer et continue de donner de son temps à des associations en faisant des ateliers bénévoles de nouage de turbans. Ceux qu'elle commercialise sont, eux, fabriqués en Belgique dans un EHPAD de femmes porteuses de maladies physiques en réinsertion professionnelle. Si tout semble lui réussir, elle tire cependant sa plus grande fierté du bonheur qu'elle procure à ses clientes. "Ma plus belle récompense, c’est quand je reçois des photos avec des bananes jusqu’aux oreilles", assure-t-elle.
MÊME
Donner la "banane" à leurs clientes, c'est aussi le but de Judith et Juliette. "Notre philosophie se résume un peu en une conviction qu’on a depuis le début : apprendre à reprendre soin de soi, à se réapproprier son nouveau corps qui a un peu changé pendant les traitements permet sans aucun doute d’être plus forte psychologiquement pour mieux se battre contre la maladie", explique à LCI Judith Levy.
L'idée de lancer sa marque de cosmétiques est née lorsqu'elle a perdu sa mère, atteinte d'un cancer, à l'âge de 19 ans. "Pendant sa maladie, je me suis rendue compte de deux choses. La première c’est qu’elle a eu la réaction pour se battre d'essayer d’avoir l’air la moins malade possible. La plus féminine possible. Elle s’est acheté plein de choses, plein de cosmétiques, d’habits, de perruques et ça a vraiment été une manière pour elle de préserver son estime d’elle-même pendant les traitements et ce qui a, je pense, beaucoup joué sur son moral. La deuxième chose dont je me suis rendue compte, c’est qu’à côté de tout ça, plus les traitements qu’elle avait s’accumulaient, plus elle avait d’effets secondaires, notamment sur sa peau. Et ceux-ci étaient de plus en plus graves et handicapants. [...] À ce moment-là, en essayant de chercher des solutions pour ses problèmes cutanés, je me suis rendue compte qu’il n’existait rien. J’ai trouvé ça fou", se souvient-elle.
Nous allons beaucoup plus loin que la réglementation cosmétique en vigueur.
Judith Levy, co-fondatrice de MÊME
Ce n'est que quelques années plus tard, lors d'un stage en entreprise, qu'elle rencontre Juliette, qui a vécu à peu près la même histoire qu'elle. C'est donc ensemble qu'elles décident de se lancer dans l'aventure afin d'apporter aux femmes des produits sur lesquels elles peuvent compter "les yeux fermés". Pendant deux ans, elles rencontrent des dermatologues, des oncologues et des femmes atteintes de cancer pour développer leurs produits. Ceux-ci sont commercialisés depuis janvier 2017 et répondent à de nombreuses exigences. "Nous avons, pour l’ensemble de notre gamme, une charte formulation qui est extrêmement stricte puisque nous allons beaucoup plus loin que la réglementation cosmétique en vigueur. Par principe de précaution, tout ce qui était de près ou de loin soumis à des doutes parce que potentiellement perturbateurs endocriniens, toxiques, allergènes, nocifs, etc. a été retiré de nos formules", explique Judith.
Pour l'heure, MÊME commercialise sur son site et dans 1400 pharmacies en France une crème pour le visage et pour le corps, une huile lavante, du vernis à ongle ou encore une BB crème, qui permettent aux femmes de prendre soin d'elles sans risque. D'autres produits, plus spécifiques aux effets secondaires des traitements et qui n'existaient pas encore sur le marché, ont par ailleurs été développés par les deux cheffes d'entreprise. "Nous avons par exemple créé une brume qui permet d’apaiser et de nourrir le cuir chevelu irrité par la pousse et la chute continuelle des cheveux, ainsi que par le port de la perruque. Nous avons aussi conçu des gants et des chaussons en cosmétotextile, une technologie un peu particulière qui permet de lutter et de soulager le syndrome mains-pieds, courant lors des traitements contre le cancer. "On s’occupe de l’extérieur pendant que les médecins s’occupent de l’intérieur", résume la co-fondatrice.
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