Cancer de la prostate : un nouveau traitement aux effets "spectaculaires"

Publié le 3 juin 2019 à 16h46

Source : Sujet TF1 Info

AVANCÉE - Un nouveau traitement mis aux point par des chercheurs français, présenté lors du Congrès mondial de cancérologie qui se tient jusqu’à mardi à Chicago, pourrait changer la vie de milliers de patients atteints d'un cancer de la prostate. Il permettrait de réduire de 59% les risques de métastases dans le cas d'une résistance à l'hormonothérapie.

Publiée en février dernier dans The New England Journal of Medicine, l'étude a fait sensation lors du Congrès mondial de cancérologie qui se tient jusqu’à mardi à Chicago (États-Unis). Baptisée Aramis, elle a permis de tester sur des hommes atteints d'un cancer de la prostate l'efficacité d'un nouveau médicament. "Les résultats sont spectaculaires", se réjouit auprès du Parisien Karim Fizazi, cancérologue de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne) et auteur de ces recherches.

Spectaculaires à tel point que la vie de milliers de patients devenus résistants à l'hormonothérapie, un traitement souvent utilisé pour lutter contre le cancer de la prostate, pourrait être sauvée.

Un inhibiteur d'androgènes testé sur 1509 volontaires

Pour mener à bien cette étude, Karim Fizazi s'est tourné vers des patients dont la tumeur avait été traitée par radiothérapie ou par chirurgie, mais qui se sont révélés résistants aux traitements hormonaux dès les premiers signes de rechute. Ceux-ci sont identifiés par une remontée du taux de PSA (Antigène Spécifique de la Prostate) dans le sang. Pour eux, impossible de se soigner jusqu'à l'apparition de nouvelles métastases. "Pour ces patients c’est la double peine ! On leur annonce que le cancer rechute malgré l’hormonothérapie mais qu’ils doivent attendre que la maladie s’aggrave et se dissémine pour recevoir un nouveau traitement", souligne le chercheur dans un communiqué publié par l'Institut Gustave-Roussy.

Se basant sur le fait que les cellules des cancers de la prostate utilisent des androgènes pour se multiplier, le professeur a mis au point avec son équipe un traitement à base de darolutamide, un inhibiteur du récepteur aux androgènes. Les 1509 participants à l'étude Aramis, provenant de 36 pays différents, ont accepté de prendre un placebo à leur insu ou ce médicament deux fois par jour. Il leur a été administré par voie orale sous forme de comprimés.

Des risques de métastases réduits de 59%

L'étude a débouché sur une réduction de 59% du risque de métastases chez le groupe ayant reçu du darolutamide, comparé au groupe ayant bénéficié d'un placebo. "Le bénéfice global pour les patients est un gain de près de deux années supplémentaires sans propagation de la maladie. De plus, tous les patients semblent en bénéficier de manière équivalente, il n’existe pas de sous-groupes", explique Karim Fizazi. La réduction du risque de décès, elle, est de 29 %. Les effets secondaires sont quant à eux comparables à ceux provoqués par le placebo, soit très faibles. Si ses effets sont confirmés, le traitement pourrait un jour être proposé aux malades. Un espoir de taille pour les 50.000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France, ce qui fait du cancer de la prostate le cancer le plus répandu chez l'homme.


La rédaction de TF1info

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