Chiens, chats, lapins : comment gérer la solitude de nos animaux de compagnie ?

Pourquoi désirerions-nous un animal de compagnie ? Pour occuper nos enfants, amuser nos amis, courir dans la forêt, nous tenir chaud l’hiver… Autant de preuves de présence manifeste, visuelle, auditive et tactile. Nous espérons un compagnon de jeu, un puits de tendresse, un antistress infaillible au ronron apaisant, aux chants délicats ou au poil soyeux.

Il faut pourtant laisser notre animal seul. Impossible d’amener notre oiseau avec nous faire les courses, notre chat au bureau ou notre chien chez le médecin. Les humains autour de nous pourraient avoir peur ou être allergique. Ces allers-retours pourraient générer des problèmes d’hygiène. Surtout, l’immense majorité de nos animaux se sentent bien chez nous et des déplacements intempestifs pourraient les déstabiliser.

Avec la fin de l’urgence sanitaire due au Covid-19, le télétravail reperd du terrain. Beaucoup de nos boules de poils ou de plumes retrouvent une solitude souvent sur des journées entières. Comment le vivent-ils ? Pas si mal.

Le moral de beaucoup de nos animaux ne dépend pas de nous. Nous les soignons, leur apportons eau et nourriture, mais ils ne se rendent pas forcément compte qu’ils nous tiennent compagnie. Ils n’ont pas besoin de socialiser pour se sentir bien. La vétérinaire Colette Arpaillange-Vivier, auteure du livre l’éducation positive du chiot, confirme : "Les humains ou copains ne sont pas essentiels à la vie du chat. Il a juste besoin de structurer son territoire. Il vaut mieux le laisser seul plusieurs jours, avec quelqu’un qui passe 5 minutes avec lui quotidiennement pour lui donner à manger, plutôt que de le déménager dans un nouvel environnement. Ça pourrait le traumatiser." Certains animaux, à l’instar de chèvres ou lapins nains, se sentent mieux avec un copain. Détachés des êtres humains, ils préfèrent appréhender la solitude avec un être de la même espèce qu’eux.

Les chiens ne se comportent pas de la même manière. S’ils se retrouvent seuls, ils peuvent développer de l’anxiété qui se traduit par des souillures, des destructions ou des hurlements répétés. Nos chiens restent des animaux de meute qui ont besoin de relations sociales et d’activités pour s’occuper. "Un chien dort beaucoup, environ 16 heures par jour, et il a une grande capacité d’adaptation. Il peut rester seul une journée entière et sait se retenir d’uriner, par exemple", affirme Colette Arpaillange-Vivier. Mais la vétérinaire prévient : "Le maître doit passer du temps de qualité avec son chien." Pour compenser ses moments de solitude, le maître a intérêt à jouer et maintenir une stricte éducation avec son partenaire. "Les chiens n’ont pas la notion du temps. Si vous lui offrez des activités variées tous les jours, sans forcément y passer beaucoup de temps, votre chien profitera de ses temps de solitudes pour se reposer."

Les comportementalistes canins mettent un bémol : nos animaux n’aiment pas les grands changements (rythme bouleversé, départ d’un membre du foyer, déménagement, etc.) Il faut alors prévoir une période de transition et réorganiser progressivement les moments de solitude. Pour ce faire, il existe quelques clés pour vous aider : travaillez le détachement, occupez-le pendant votre absence et proscrivez les rituels.

- Détachement : d’abord, avant de laisser un chien seul pendant une longue période, vous devez travailler le détachement. Chez vous, interdisez-lui des pièces, évitez de répondre sans arrêt à ses appels de jeu ou de câlin et apprenez-lui à s’ennuyer. Félicitez-le lorsqu’il se tient sage et reprenez-le instantanément s’il aboie ou mordille votre chaise de cuisine. Colette Arpaillange-Vivier recommande d’habituer le chiot à prendre son autonomie dès son arrivée dans le foyer : "Le maître doit passer d’une relation purement affective à une relation respectueuse avec son chien. Pour vous aider, renforcer l’obéissance, l’apprentissage de positions et de l’immobilité."

- Pas de rituel : ensuite, veillez à ignorer votre chien au moment du départ. Caresser ou parler à son chien avec des mots avant de partir le prépare à votre départ et contribue à le stresser. "Il ne comprend pas, il entend une petite musique inquiétante et sent monter l’angoisse", assure Colette Arpaillange-Vivier. L’indifférence banalise et hôte la moindre importance à cet évènement qu’il ne considérera plus. Même chose en rentrant, si vous avez à faire à une "fête" débordante, ignorez-le jusqu’à ce qu’il se calme. En répondant à ses effusions de joie, vous lui signifiez qu’il a eu raison de s’alarmer d’un potentiel danger. Retirez vos chaussures et temporisez jusqu’à ce qu’il se tienne plus tranquille.

Si vous ne parvenez pas à déritualiser votre départ, n’hésitez pas à changer la chronologie des évènements : mettez vos chaussures quelques minutes plus tôt avant de partir, donnez-lui à manger après avoir récupéré vos clés de maison, changez la laisse de place bien avant de le sortir… Dès que vous avez pris la décision de quitter la maison, n’interagissez plus avec lui.

- Fatiguez votre chien : avant de le quitter, passez un moment agréable avec lui. Donnez-lui l’occasion de se dépenser : baladez-le, lancez-lui sa balle, faites-le courir, organisez-lui une rencontre avec un congénère, etc. Si vous l’avez suffisamment stimulé, il ne prêtera guère d’attention à votre départ.

- Occupez votre chien : pendant votre absence, laissez-lui à disposition des jouets à mâcher (bois de cerf, pied de cochon) ou des outils pour le stimuler. Cachez, par exemple, un tapis de fouille avec des croquettes. Au milieu de la journée, son odorat le réveillera et il partira en exploration pour retrouver les friandises.

- Rassurez-le par des odeurs : il s’agit du sens le plus développé chez le chien. En lui diffusant des odeurs agréables, vous avez de bonnes chances de le détendre. Déposer un de vos vêtements déjà porté dans son panier ou vaporiser votre parfum dans la pièce où il se trouve. Certains comportementalistes conseillent également de lui donner des fleurs de Bach ou d’utiliser un diffuseur de phéromones.