Grippe aviaire H3N8 : ce que l'on sait de ce virus ayant fait une victime humaine en Chine

par V. F
Publié le 12 avril 2023 à 15h31, mis à jour le 12 avril 2023 à 15h55

Source : TF1 Info

L'OMS a révélé mardi 11 avril qu'une femme est décédée en Chine de la grippe aviaire H3N8.
Ce virus, en circulation depuis 2002, n'avait fait jusqu'à présent aucune victime humaine connue.
Faut-il en avoir peur ?

C'est le premier cas de décès humain enregistré après une infection par le virus de la grippe aviaire H3N8. Une habitante de la province de Guangdong, dans le sud-est de la Chine, âgée de 56 ans, est morte le 16 mars dernier après avoir été hospitalisée pour une pneumonie grave, a indiqué mardi 11 avril l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La fréquentation d'un marché aux oiseaux vivants pourrait avoir causé cette contamination, mais "la source exacte de cette infection reste à déterminer, de même que le lien entre ce virus et les autres grippes aviaires de type A (H3N8) qui circulent dans le milieu animal", a encore indiqué l'OMS, appelant à des recherches sur la question. Faut-il alors s'inquiéter de ce premier décès ? 

"Ebola du poulet"

Le virus H3N8 est un sous-type du virus de la grippe A ou grippe aviaire, apparu pour la première fois sur le continent nord-américain. Il était considéré jusqu'à présent comme susceptible de se transmettre aux chevaux, aux chiens, ainsi qu'aux pinnipèdes (phoques, otaries et morses). Cette infection peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Elle est généralement asymptomatique chez les oiseaux sauvages, mais peut devenir fortement contagieuse et entraîner une mortalité extrêmement élevée dans les élevages industriels de poulets et de dindes, d’où son nom de "peste aviaire" ou d’ "Ebola du poulet". Le virus de la grippe aviaire peut parfois infecter d’autres espèces animales comme le porc et d’autres mammifères, dont l’homme, rappelle l'Institut Pasteur.

Comment peut-il se transmettre à l'homme ?

Le virus H3N8 n'avait pas été détecté sur des humains avant deux premiers cas, non mortels, en Chine en avril et en mai 2022. Le premier avait été recensé chez un enfant de 4 ans, vivant dans la province du Henan, dont la famille élève des poulets et vit dans une zone peuplée de canards sauvages. Le garçon avait été infecté directement par les oiseaux, selon le ministère de la Santé chinois. Toujours selon le ministère, le cas du garçon résultait d'une "transmission inter-espèces ponctuelle", avec un "risque de transmission à grande échelle faible". 

Car les virus de la grippe aviaire sont distincts des virus saisonniers de la grippe humaine et ne se transmettent pas facilement entre les humains. Sur 144 souches de virus grippaux aviaires A, quatre ont provoqué des infections humaines : H5N1, H7N3, H7N7 et H9N2. Les souches H5N1 et H7N9, détectées respectivement en 1997 et 2013, ont été les principales à l'origine des cas humains de grippe aviaire, selon les Centres américains de contrôle et prévention des maladies (CDC). D'après l'Institut Pasteur, à l’heure actuelle, dans tous les cas humains avérés de grippe aviaire, les personnes étaient en contact direct avec des volailles infectées et les très rares cas de transmission entre humains du virus H5N1 sont restés épisodiques. 

Quels sont les symptômes du virus H3N8 ?

Les symptômes de la grippe aviaire chez l'humain sont similaires à ceux de la grippe humaine courante et peuvent comprendre une fièvre, une toux, des douleurs musculaires, un mal de gorge, des infections oculaires et des infections respiratoires graves, y compris une pneumonie, indique l'OMS.

Comment s'en protéger ?

Premièrement, les autorités sanitaires chinoises conseillent d'éviter tout contact avec des oiseaux, qu'ils soient vivants ou morts. Il est également préconisé de consulter un médecin dès l'apparition de symptômes respiratoires ou de fièvre. L'Institut Pasteur rappelle en effet que la grippe aviaire, provoquée par des "virus grippaux de type A", se transmet des animaux, et plus particulièrement des oiseaux, aux humains. La fondation recommande donc de se laver les mains régulièrement et de porter un masque si besoin.

Y a-t-il un risque d'épidémie à l'échelle mondiale ?

Pour l'institut Pasteur, la menace est toujours réelle : la propagation de l’infection chez les oiseaux augmente la probabilité de l’apparition d’un nouveau virus grippal dans la population humaine. De plus, comme tous les virus grippaux de type A, le sous-type H5N1 a une grande capacité à muter au cours du temps, mais aussi à échanger ses gènes avec des virus grippaux appartenant à d’autres sous-types infectants d’autres espèces. 

Concernant le H3N8, l'OMS estime que "le risque de sa propagation au niveau national, régional et mondial est considéré comme faible", mais l'organisation souligne cependant la nécessité d'une surveillance constante.


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