CHUTE - Le secteur français de la cigarette électronique connaît une forte baisse de son activité. Selon plusieurs de ses acteurs, celle-ci serait liée à l'épidémie de maladies pulmonaires qui frappe actuellement les États-Unis. Interrogés par LCI, les vapoteurs ne donnent pas tout à fait le même son de cloche.
Depuis mars dernier, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont décompté 1.604 cas de maladies pulmonaires et 34 décès liés à l'utilisation de cigarettes électroniques aux États-Unis. Si la quasi-totalité des échantillons testés par les autorités sanitaires américaines (FDA) contiennent du THC, la substance active du cannabis, et ont été obtenus dans la rue ou auprès de sources informelles, la cause de cette épidémie n'a toujours pas été formellement identifiée. "À ce jour, aucun composé ou ingrédient n'est apparu comme étant à l'origine de ces maladies", indiquent les CDC dans un communiqué datant du 24 octobre.
Si, pour l'heure, aucun cas de maladie pulmonaire liée à la cigarette électronique n'a été déclaré en France, les ventes de cigarettes électroniques sont à la baisse. Pour certains acteurs du secteur, il ne fait aucun doute que cela est lié à la situation outre-Atlantique.
Nous craignons que des fumeurs en viennent désormais à se dire que la 'vape' est plus dangereuse que la cigarette.
Rémi Baert, PDG de Kumulus Vape, aux Échos
Selon un article des Échos daté du 30 octobre, les ventes d'e-cigarettes ont reculé de 15 à 20% dans les bureaux de tabac et de 10 à 40% dans les boutiques spécialisées. Quelques jours plus tôt, l'association pro-vapotage Sovape affirmait à l'AFP que les boutiques françaises "ont vu leur chiffre d'affaires moyen baisser de 20 à 30%" à cause de l'épidémie américaine. Fin septembre, l'un des grands acteurs du secteur, Kumulus Vape, indiquait lui aussi à l'AFP connaître un recul d'activité de l'ordre de 25% à 30% pour cette même raison. "Nous craignons que des fumeurs en viennent désormais à se dire que la 'vape' est plus dangereuse que la cigarette", expliquait Rémi Baert, le PDG de l'entreprise. D'après un sondage BVA réalisé pour Sovape en septembre, 3 Français sur 5 pensent désormais que vapoter est au moins aussi dangereux que fumer.
Les défenseurs de l'e-cigarette sur le pied de guerre
Inquiets de possibles confusions du grand public, les acteurs du secteur et les médecins spécialistes de l'addiction montent depuis au créneau pour défendre la cigarette électronique. "Le vapotage est un outil efficace de réduction des risques", plaidait Benoît Vallet, ancien directeur général de la santé, à la tribune du Sommet de la vape organisé le 14 octobre dernier par Sovape à Paris. "La combustion tue, la désinformation aussi", tonnait de son côté Jacques Le Houezec, spécialiste de la dépendance et ex-président de Sovape.
Interviewé le 1er octobre par Franceinfo, Bernard Basset, vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), estimait quant à lui que cette baisse des ventes est surtout due "à une correction du marché". "Après une phase de mode, il y a une phase de sagesse et d'utilisation plus raisonnée."
Les vapoteurs peu inquiets
Sondés lors d'un appel à témoignage lancé par LCI sur les réseaux sociaux mercredi, les vapoteurs ne semblent en tout cas nullement inquiets devant l'épidémie qui sévit outre-Atlantique. "Je vape depuis 5 ans : plus de bronchite, plus d'angine. [...] Je ne me sens pas en danger, j'achète des produits français réglementés uniquement, les décès aux États-Unis n'ont rien à voir avec la vapoteuse mais avec les produits qui y ont été mis", nous assure l'un d'eux. "Si vous mangez un yaourt avec du cyanure, ce n'est pas de la faute du yaourt si vous êtes mort !!". Dans la même logique, un autre internaute lance : "On ne peut pas imputer des cas d’overdose aux fabricants de seringues. D’une, ils ne sont pas en cause. De deux, les seringues sauvent des vies. Pour la cigarette électronique c’est pareil."
S'il y a effectivement un point sur lequel tous les vapoteurs ayant répondu à notre appel à témoignages sont d'accord, c'est que l'outil constitue tout simplement "le meilleur moyen de se débarrasser du tabac". "Je fumais un paquet de 25 cigarettes par jour. Après avoir tout essayé pour arrêter la cigarette (patch, Nicorette, champix), je m'étais résigné à rester fumeur. Et puis un jour au travail, un collègue arrive avec une vapote. Je me suis rendu dans le shop pour m'équiper. C'était en octobre 2009 et depuis je n'ai plus touché une cigarette", témoigne l'un d'eux.
Selon le Baromètre de Santé Publique France paru en septembre dernier, 700.000 personnes fumeurs quotidiens estiment avoir pu arrêter le tabac avec l'aide de la cigarette électronique seule, ou combinée à d’autres aides, entre 2010 et 2017. Elle a pour autant été qualifiée "d’incontestablement nocive" par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en juillet. Tabac-info-service.fr, un site conçu sous l’égide de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), établissement public sous tutelle du Ministère chargé de la Santé, rappelle de son côté que "l’ANSM recommande de ne pas consommer de cigarette électronique", notamment en raison du fort pouvoir addictif de la nicotine.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info
- InternationalHaut-Karabakh : l'enclave au centre des tensions entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Police, justice et faits diversDisparition inquiétante de Lina, 15 ans, en Alsace
- Police, justice et faits diversAttentat de Magnanville : sept ans après, l'heure du procès
- SportsRC Lens
- Sujets de sociétéLe pape François à Marseille, une visite historique