VIGILANCE - 1 enfant sur 5 a une mauvaise vision non ou mal corrigée en France, et parmi les troubles observés, la myopie est en forte augmentation, ce qui n'est pas sans conséquence sur l’apprentissage scolaire. Voici cinq infos à connaître pour garder l’œil ouvert sur la vue de vos enfants.
A l'heure où la myopie touche de plus en plus de personnes, une vaste campagne de contrôles visuels gratuits réalisé par Essilor un peu partout en France, entre mai 2018 et juillet 2019, auprès de 3081 enfants, révèle qu’un enfant sur cinq a une mauvaise vision non ou mal corrigée. L’œil joue pourtant un rôle essentiel dans leur développement et leur épanouissement.
La vigilance est donc de mise pour ne pas passer à côté d'un défaut visuel. D'autant que les enfants sont les champions de l’adaptation, et se plaignent rarement de mal voir. Quant aux rendez-vous chez l'ophtalmo, ils sont toujours aussi longs à obtenir. Comment savoir si votre enfant est myope ? Faut-il attendre qu'il sache lire pour tester sa vue ? On fait le point ...
Lire aussi
"Nette réduction" du délai des rendez-vous chez l'ophtalmo (mais ça reste long)
Lire aussi
Indre-et-Loire : les délais d'attente en ophtalmologie découragent les patients
1 - Pourquoi est-on myope ?
Deux facteurs sont déterminants : l'hérédité et l'environnement. Ainsi, un enfant dont les deux parents sont myopes a 6 fois plus de chance d’être myope à son tour par rapport à un enfant ayant deux parents sans troubles visuels. Par ailleurs, le manque d’exposition à la lumière du jour et le temps passé à solliciter sa vision de près, notamment sur les écrans, font augmenter le risque de myopie. Résultat, nous vivrons demain dans un monde de myopes : "Le nombre de patients myopes augmente rapidement, nous confirme le professeur Arnaud Sauer, praticien hospitalier au service ophtalmologie du CHU de Strasbourg. La population française compte actuellement environ 20% de myopes, elle en comptera plus de 50% dans 30 ans. Cela s’explique essentiellement par la modification de nos modes de vie", dit-il.
2 - Comment savoir si votre enfant est atteint de ce trouble ?
"Un bébé naît aveugle avec une acuité visuelle très basse, il ne voit pas les couleurs et son champ visuel est très restreint, explique le professeur. Ensuite, son système visuel se développe progressivement jusqu'à l'âge de 6 ans (entre 0 et 3 ans, 90% des acquisitions sont faites en l’absence d’anomalie), et se stabilise à 12 ans. C'est souvent entre ces deux âges que la myopie, un trouble visuel qui se traduit par une vision floue de loin, apparaît. Et certains signes ne trompent pas : si votre enfant plisse des yeux pour voir nets la télévision ou le tableau en classe, qu'il se les frotte régulièrement, ou encore qu'il écrit ou lit le nez collé à sa feuille, c'est qu'il a un problème de vision", détaille-t-il.
3 - Faut-il attendre qu'un enfant sache lire pour tester sa vue ?
"Comme on vient de le voir, les premières années de la vie d'un enfant sont déterminantes pour développer une 'vision normale'. Il est donc recommandé de faire un premier bilan ophtalmologique dès l’âge de 9 mois", prévient le professeur Sauer assurant que si un défaut de vision se présente, seule une prise en charge précoce, avant la fin du développement visuel, permet d’augmenter les chances de récupération potentielle des capacités visuelles. "Il n'est donc pas nécessaire d'attendre que l'enfant sache lire pour tester sa vue, comme certains le pensent parfois. Après, quand l'enfant grandit, un contrôle systématique est recommandé à l'entrée au CP et au collège", souligne-t-il précisant que la vaste campagne menée par Essilor entre 2018 et 2019 montrait que 36% d'entre eux n'avaient jamais vu un ophtalmologiste !
4 - Quelles difficultés peut entraîner une mauvaise vision ?
"Toute la complexité réside dans le fait qu'une mauvaise vision chez l’enfant passe facilement inaperçue. L’enfant ne sait pas qu’il voit mal et ne s’en plaint pas. Pire, un problème visuel peut être interprété comme un défaut de concentration, de coordination ou tout autre problème comportemental ou cognitif, explique Eva Lazuka-Nicoulaud, directrice du Vision Impact Institute Europe & Afrique chez Essilor. Or, un enfant qui voit mal est fortement désavantagé à l’école, car 80% de l’apprentissage passe par la vision. Les études scientifiques associent la mauvaise vision à de multiples risques : mauvaises notes, comportement perturbateur en classe, absentéisme et même un risque de désengagement ou de décrochage scolaires qui peut être multiplié par 3".
5 - Que faire pour freiner l'évolution de la myopie ?
• Encourager les activités extérieures
"S'exposer chaque jour à la lumière naturelle est bon pour la santé des yeux, mais il ne faut pas oublier de se protéger des rayons UV en extérieur", conseille le professeur Sauer.
• Suivre quelques règles simples lors d'activités prolongées en vision de près
"D'abord, soulager ses yeux avec la règle du 20/20 : toutes les 20 minutes, faire une pause de 20 secondes en regardant au loin. Ensuite, regarder à la bonne distance en variant les positions ; et s’assurer que l’enfant tient son support à distance de bras", conclut-il.