Comment des patients ont-ils pu s’échapper si facilement de l’hôpital psychiatrique ?

Léa Tintillier | Reportage F. Litzler, G. Selem
Publié le 30 janvier 2022 à 18h05, mis à jour le 30 janvier 2022 à 18h11

Source : JT 13h WE

En deux semaines, trois patients se sont échappés de l’hôpital psychiatrique Gérard Marchant.
Comment ont-ils pu sortir ?
Les soignants dénoncent un manque de moyens et de mains.

En deux semaines, trois malades psychiques considérés comme très dangereux sont parvenus à s’échapper de l’hôpital psychiatrique toulousain Gérard Marchant. La dernière fugue remonte à ce vendredi 28 janvier en début d’après-midi. Elle a duré plus de 24 heures. Cet homme interné en 2011 après un viol pour lequel il a été jugé pénalement irresponsable a réussi à rejoindre Paris situé à plus de 600 kilomètres de Toulouse. Samedi soir, il s’est présenté de lui-même au commissariat du IXᵉ arrondissement et a été placé sous surveillance médicale. 

La première était celle d’un homme surnommé "le cannibale des Pyrénées". Interné en 2013 après un meurtre, il avait fugué le 19 janvier. S'en est suivi la fuite d’un autre homme aussi interné pour meurtre, le 23. D’après une source syndicale, deux autres malades se seraient aussi échappés durant ces deux semaines. 

Tous ont été retrouvés, mais cette succession de fugues interroge. Comment ces patients dangereux peuvent-ils sortir si facilement ? 

Un hôpital psychiatrique n’est pas une prison

La psychiatrie est organisée par secteur. C’est-à-dire que les patients d’une même zone géographique se retrouvent tous ensemble. Dans une même unité, on retrouve donc tous types de malades, qu’ils aient été internés sous contrainte ou qu’ils soient venus de leur propre gré. Seuls les patients en phase aiguë de leur maladie sont envoyés en unité pour malades difficiles (UMD). "L’hôpital psychiatrique est un lieu de soin. Sécurité des soins, sécurité des patients, sécurité des gens autour, cela  ne veut pas forcément dire 'enfermement absolu permanent'. Il y a des restrictions de libertés qui sont variables en fonction de l’état clinique des patients", explique Anne-Hélène Moncany, psychiatre au sein de l’hôpital Marchant, dans le reportage du 13 h de TF1 en tête de cet article. 

"Ce que vous appelez plus communément 'des fugues', il y en a régulièrement, trois par semaine en moyenne rien que dans l’établissement où je travaille", explique Delphine Glachant, psychiatre et présidente de l’Union syndicale de la psychiatrie au quotidien La Dépêche

Des équipes en sous-effectifs et des unités surchargées

Dans les établissements psychiatriques, ce sont les soignants qui surveillent les patients et qui estiment s’il y a besoin de les enfermer, ou pas. L’un des infirmiers de Gérard Marchant explique que les équipes y sont en sous-effectifs, notamment celle s’occupant de l’unité où est interné "le cannibale des Pyrénées". "Pour le premier patient qui a fugué mercredi, l’unité est à 21 patients au lieu de 20 en possibilité d’accueil donc en termes de surveillance pour l’équipe soignante, ça pose un souci", affirme-t-il. 

Les syndicats de l’hôpital Gérard Marchant ont déjà alerté les autorités sur les problèmes de sous-effectifs. Dans un courrier envoyé à l’agence régionale de santé (ARS), ils signalent des soignants devant effectuer 70 heures de travail contre 48 légalement autorisées. Depuis deux ans, les syndicats ont demandé plusieurs fois la tenue d’une inspection. L’ARS n’a jamais répondu. 


Léa Tintillier | Reportage F. Litzler, G. Selem

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