DIVERGENCES - L'un veut, l'autre pas. A partir du moment où le gouvernement laisse le choix final du retour de l'enfant à l'école, des différences de point de vue au sein d'un couple, ou de parents séparés, peuvent émerger. Comment les surmonter ? Les conseils de Hélène Romano, psychothérapeute.
Être parent est une merveilleuse aventure, mais elle n’est pas de tout repos, car elle nécessite d’avoir un minimum d’accord sur l’éducation de son enfant. Or chaque parent a déjà sa propre histoire personnelle, ses référentiels éducatifs transmis par ses proches et la façon dont il a pu, ou non, se projeter avec son conjoint ou sa conjointe sur ce qu’il imaginait de leurs fonctions parentales. Quand l’enfant bien réel vient prendre la place de l’enfant rêvé, imaginaire, il n’y a plus de place pour les représentations fantasmatiques des uns et des autres, mais la nécessité d’être dans le concret au plus vite.
Dans l’idéal il s’agirait d’accepter les différences de l’autre et de se compléter mutuellement avec pour objectif commun l’intérêt de l’enfant et le fait de lui assurer ses besoins fondamentaux, dont ceux de protection, de sécurité et de valorisation. Cela peut paraître simple en théorie, mais en pratique les difficultés peuvent vite venir parasiter l’équilibre du couple voir conduire à une séparation si les écarts persistent et si aucune harmonie n’est trouvée. En cas de désaccord il est important que chacun puisse dire ce qu’il ressent et ce que cela lui fait plutôt que de garder pour lui ses ressentis qui risquent d’empoisonner le quotidien. Par exemple "quand tu dis cela, je trouve que…cela me fait mal…j’ai l’impression que tu ne me respectes pas…j’ai l’impression que tu ne te rends pas compte des risques que tu fais prendre à notre enfant, etc."
Si les désaccords persistent, c’est probablement que le problème n’est pas celui du Covid-19 et de la rescolarisation mais des désaccords bien plus profonds
Hélène Romano, psychothérapeute
La question du retour en classe à partir du 11 mai à l’issue du confinement l’illustre parfaitement. En dehors de la réserve de savoir si l’établissement de son enfant sera ou non ouvert et pourra ou non l’accueillir, le ministère de l’Éducation Nationale, pour l’instant, laisse le choix aux parents de décider si oui ou non ils confient leur enfant de nouveau à l’établissement scolaire. Choix cornélien, car il laisse sur les seules épaules des parents la responsabilité d’une contamination au Covid 19 (très peu probable, mais le risque zéro n’existe pas). Au sein des familles les désaccords peuvent être majeurs entre les parents sur la décision à prendre. Pour limiter les conflits, il est déjà essentiel de se parler, de discuter ensemble des arguments que l’un comme l’autre peut avoir et d’échanger hors de la présence de l’enfant, car les conflits parentaux sont sources de stress et avec le confinement les enfants ont déjà suffisamment d’anxiété à gérer. Parvenir à échanger avec son conjoint peut permettre d’aborder des points de vue différents et de revoir son positionnement.
Dans les situations de parents séparés, il serait indispensable que ce retour en classe possible ne serve pas de prétexte à un nouveau conflit parental si la situation est déjà habituellement tendue. L’échange avec d’autres parents, l’avis des représentants des parents d’élèves, peut être des ressources pour ne pas rester bloqué sur ses positions. À l’heure où nous écrivons, aucun établissement ne pourra accueillir les enfants de façon identique à un autre, même si chacun essayera de faire le maximum pour répondre aux impératifs gouvernementaux. L’unique question qui reste à se poser est donc de savoir si les conditions de sécurité suffisante seront assurées ou non pour l’enfant. Si la réponse est positive, rien ne devrait s’opposer au retour en classe ; si la réponse est négative, les parents devraient être d’accord sur le fait qu’un retour n’est pas raisonnable.
Si les désaccords persistent, c’est probablement que le problème n’est pas celui du Covid-19 et de la rescolarisation (qui ne serait que le haut de l’iceberg), mais des désaccords bien plus profonds qui utilisent de façon plus ou moins consciente le déconfinement pour s’exprimer. Le savoir et en prendre conscience est une première étape pour s’autoriser à échanger sur ses valeurs éducatives en général et parvenir à retrouver une harmonie pour le bien-être de ses enfants qui restent LA priorité.
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