RÉVOLUTION PERSONNELLE - Le temps du confinement a parfois été l'occasion d'une réflexion sur nos modes de vie, du travail au logement en passant parfois par les relations amoureuses. Et les envies de changement sont nombreux. Faut-il foncer et tout changer ? Les conseils de Hélène Romano, psychothérapeute.
Le confinement a été une période longue, contrainte, qui a bouleversé notre quotidien. Elle a cette dimension psychologique de "deuil" au sens de perte en raison de tout ce qui a été transformé dans nos vies : conditions de travail, scolarité, vie familiale, vie sociale, déplacements, etc. Avec en plus cette dimension anxiogène d’une mort qui rode et d’un virus invisible qui a tué des milliers de personnes. Ce qui fait que le confinement peut être considéré comme un événement traumatique, au sens psychique, car il confronte à cette mort ou du moins à la représentation de la mort et au risque de mourir, ce qui n’est pas rien dans la vie d’un individu.
Donc c’est une période inévitablement stressante. Ce que le suivi de personnes qui vivent des "fractures de vie" (maladie, deuil, catastrophe naturelle, attentat, accident de voiture, agression, prise d’otage...) nous permet de savoir, c’est que lorsque l’on a connu un événement qui a cette dimension traumatique de confrontation à la mort, il est très fréquent qu’une période de crise existentielle se pose avec d’innombrables questions sur le bilan de sa vie, sur ce que l’on souhaiterait faire ou surtout ne plus faire. Bien des personnes changent brusquement de vie, certaines pour éviter un contexte qui rappelle l’événement tragique, d’autres pour fuir la vie d’avant, d’autres pour "enfin" profiter d’une autre qualité de vie…Les raisons sont aussi nombreuses que les personnes qui décident de changer de vie et qui n’ont plus du tout envie de reprendre la vie d’avant.
Un processus psychique de reprise de contrôle face à quelque chose qui s’est imposé à nous et qui nous a confrontés à une totale impuissance.
Hélène Romano, psychothérapeute
Au niveau psychologique ce type de réactions peut tout à fait se comprendre non seulement en raison de l’épuisement psychique lié à ces semaines, mais aussi par un processus psychique de reprise de contrôle face à quelque chose qui s’est imposé à nous et qui nous a confrontés à une totale impuissance. Là, nous décidons, nous redevenons acteurs de notre vie et de nos choix. Si le choix est "raisonné", organisé et ne se fait pas dans une démarche de fuite et d’évitement, il peut être très positif. Par contre nous savons, par le suivi de personnes qui ont pris la décision radicale de tout changer dans la précipitation avec la principale motivation de fuir, que cela n’est que rarement une réussite, car tôt ou tard ce qui a été fui finit par s’imposer de nouveau (ne serait-ce par des cauchemars, des troubles post-traumatiques ou autres).
Donc changer après une période de longues semaines de réflexions sur soi, sa vie, ses priorités en sachant pour quelles raisons nous voulons changer peut-être très positif. Mais il faut nous autoriser le temps de récupérer physiquement. Le faire dans la précipitation, sans réflexion, comme par panique, dès le confinement avec le risque de tourner à la catastrophe.
Nous n’avons qu’une vie (en tous cas telle que celle que nous vivons, sans aucune référence aux cultures et religions), et autant qu’elle soit sereine, heureuse et réussie. Le confinement et ses conséquences nous auront au moins appris pour la plupart à mieux nous connaître et sûrement à mieux définir nos priorités de vie. Pour les réaliser et surtout les réussir, il nous faudra peut-être faire preuve d’un peu de patience, car ce n’est jamais dans la précipitation, où la pensée est court-circuitée, que l’on est efficace !