Contraception : la gratuité de la pilule du lendemain étendue à toutes les femmes

M.L (avec AFP)
Publié le 20 septembre 2022 à 23h27, mis à jour le 21 septembre 2022 à 22h37

Source : JT 20h Semaine

Le ministre de la Santé a annoncé que toutes les femmes pourraient dorénavant bénéficier d'une contraception d'urgence quel que soit leur âge.
Elle sera disponible en pharmacie et sans ordonnance.
François Braun a également indiqué que le dépistage des infections sexuellement transmissibles sera gratuit jusqu'à 26 ans.

Jusqu'alors réservée aux mineures et aux jeunes femmes, la gratuité de la pilule du lendemain est désormais élargie à toutes. L'accès à la contraception d'urgence va devenir gratuit pour toutes les femmes, quel que soit leur âge, en pharmacie et sans ordonnance, annonce mardi le ministre de la Santé, François Braun, dans une interview au quotidien 20 Minutes. Le dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST) sera également gratuit et sans ordonnance jusqu'à 26 ans. Ces deux mesures seront inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2023, qui sera présenté en conseil des ministres le 26 septembre.

L'ancien chef des urgences du CHR de Metz-Thionville a soulevé auprès du journal "la problématique de l’accessibilité à la contraception d’urgence". "Je vous annonce le renforcement de la protection des femmes en facilitant leur accès à la contraception d’urgence en pharmacie, de manière gratuite et sans ordonnance, à tout âge", a-t-il déclaré. 

Lutter contre "les difficultés d'accès"

Jusqu'alors, l'accès à la pilule du lendemain n'était gratuit que pour les jeunes filles mineures et les femmes de moins de 26 ans, sans ordonnance pour les premières et avec pour les secondes. Hors de ce dispositif, le coût en pharmacie variait entre trois et une vingtaine d'euros selon les médicaments, avec une possibilité de prise en charge partielle par la sécurité sociale sur présentation d'une prescription.

"Il nous fallait lutter contre leurs difficultés d’accès à la contraception d’urgence, car on sait que son efficacité est maximale dans les 24 heures qui suivent le rapport à risque de grossesse", a justifié le ministre. De manière plus générale, tandis que le droit à l'avortement a été supprimé dans certains États américains, "il nous faut protéger cet acquis essentiel pour les femmes", a jugé François Braun, rappelant que le gouvernement était favorable à l'intégration du droit à l'IGV dans la Constitution française

"Le gouvernement agit concrètement pour que les femmes ne renoncent plus à la contraception d'urgence pour des raisons financières, premier motif de renoncement chez les femmes", a commenté dans un communiqué Isabelle Rome, ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes. "À l'heure où nous assistons à une montée des conservatismes en Europe et dans le monde, notre gouvernement démontre une fois de plus que l'égalité femmes-hommes et le droit des femmes à disposer de leurs corps sont des priorités absolues", a-t-elle ajouté.

Alerte sur l’augmentation des IST

François Braun s'est également inquiété de "l’augmentation des infections sexuellement transmissibles, spécifiquement les chlamydias et le gonocoque". Quant aux causes du phénomène, "il est très compliqué" de les connaître, a-t-il reconnu, évoquant "un défaut de prévention, d'information ou un relâchement plus global".

Pour "lutter le plus précocement possible contre cette reprise des infections", le ministre a annoncé que le dépistage de toutes les IST serait gratuit et sans ordonnance jusqu'à 26 ans, les jeunes faisant "partie de la population la plus touchée par ces infections". Jusqu'alors, seul le dépistage du VIH était accessible sans avance de frais et sans ordonnance. 

François Braun a par ailleurs particulièrement insisté sur la prévention contre les IST, qu'il souhaite renforcer, estimant que "la France est en retard par rapport aux autres pays européens" sur ce volet : "seulement 2% de notre budget est consacré à la prévention contre 3% chez nos voisins", a-t-il déploré. Des "discussions" sont en cours à ce sujet avec son collègue de l'Éducation national, Pap Ndiaye, a indiqué le ministre. Et de rappeler qu'il a annoncé ce dimanche des consultations gratuites "ouvertes aux âges clés de la vie", notamment à 25 ans, "le moment de faire le point sur la santé sexuelle, par exemple".

Quant à la contraception masculine, l'ancien urgentiste a indiqué qu'il saisira la Haute Autorité de santé pour formuler des recommandations à ce sujet. "Mais renforçons d’abord la protection des femmes, puis nous ouvrirons à partir de l’année prochaine, en fonction des données scientifiques, plus largement, si nécessaire, à la contraception masculine", a-t-il toutefois tempéré.


M.L (avec AFP)

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