PROPAGATION - Emmanuel Macron a indiqué ce mercredi que la condition incontournable à un retour à la normale était de ne plus dépasser les 5000 contaminations par jour. Pourquoi cette limite ? Est-elle atteignable?
La France doit "réduire très fortement les contaminations" afin d'envisager une sortie de ce nouveau confinement. Pour être plus explicite, le président de la République a déclaré mercredi 28 octobre lors de son allocution qu'il fallait passer de "40.000 contaminations à 5.000". Un nouveau chiffre repère qui rappelle celui de la situation sanitaire du pays pendant l'été. Et qui semble impossible à atteindre d'ici un mois.
Un objectif inatteignable?
Le 27 juillet dernier, le Conseil scientifique constatait une "augmentation du nombre journaliers de nouveaux cas, avec environ 500 à 1000 nouveaux cas par jour". Depuis, l'épidémie s'est emballée et le seuil de contaminations quotidiennes a dépassé les 40.000. Alors qu'il a fallu trois mois pour en arriver à cette situation critique, peut-on inverser la tendance d'ici le 1er décembre ? L'échéance semble impossible à tenir. Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a prévenu "d'emblée" ce jeudi matin sur France Inter : "Les données que nous avons dans nos modélisations montrent qu'au 1er décembre, nous ne serons pas à 5000 contaminations par jour. Il va falloir plus de temps."
Selon le professeur en immunologie, le scénario à prévoir est tout autre. Et bien plus pessimiste que celui donné par Emmanuel Macron. Il s'agirait plutôt de patienter, le temps d'un confinement généralisé "pendant une période d'un mois", avant de "regarder les différents marqueurs" pour ensuite pouvoir en sortir. Mais hors de question de revenir à la normale. Ce deuxième déconfinement se fera "via, par exemple, un couvre-feu qui pourrait se poursuivre pendant le mois de décembre, éventuellement couvrir Noël et le Jour de l'An, et sortir du couvre-feu uniquement début janvier". "Je pense que le chiffre inférieur à 5000 ou 8000 nouvelles contaminations est atteignable à ce moment", a expliqué le scientifique.
Jean-François Delfraissy évoque une sortie du couvre-feu uniquement début janvier : "Au 1er décembre nous ne serons pas à 5000 contaminations par jour. Je peux vous le dire d'emblée aujourd'hui" #le79inter pic.twitter.com/wBu7ckmOuG — France Inter (@franceinter) October 29, 2020
Un horizon encore lointain aussi pour Didier Pittet. Interrogé sur BFM, l'infectiologue a jugé "très difficile" de remplir cet objectif. "Il faut déjà au moins une amorce de descente", a-t-il rappelé.
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Alors pourquoi avoir évoqué ce chiffre hier soir depuis l'Elysée? Comprenant très bien qu'on puisse s'interroger sur son origine, Jean-François Delfraissy a voulu s'expliquer. "On sort ces chiffres parce que c'est la quantité de personnes contaminées chaque jour et avec ce niveau-là, la seule stratégie que nous ayons vraiment contre le virus" - à savoir celle de tester, tracer, isoler - "elle est atteignable", a-t-il précisé. De fait, dans un avis qu'elle avait rendu fin septembre, l'instance chargée d'éclairer les décisions du gouvernement avait alerté sur l'impossibilité de tenir la tactique française au-delà d'un certain nombre de cas quotidiens. "Avec plus de 10.000 cas par jour, le traçage manuel des contacts devient très difficile à effectuer de façon rapide et exhaustive", observait-t-il alors dans un avis rendu le 22 septembre.
De son côté, la Direction générale de la Santé ne donne pas plus d'explications. Interrogée par LCI, elle estime simplement que ce seuil "correspond approximativement au niveau à partir duquel la stratégie 'Tester-Alerter-Protéger' permet d'atteindre ses objectifs de freinage suffisant". Reste à savoir si cet objectif reste atteignable avec les écoles ouvertes et la poursuite de l'activité dans de nombreux secteurs professionnels. Pour rappel, la France n'a jamais été sous ce seuil depuis le 24 août dernier.