DÉCRYPTAGE - L'explosion du variant Delta en France fait craindre une quatrième vague épidémique dans les prochaines semaines. La vaccination apporte pourtant de réelles garanties face à cette menace. LCI fait le point.
Le vaccin, arme fatale contre une quatrième vague ? Ces derniers jours, le nombre de contaminations au Covid-19 repart à la hausse en France après plusieurs semaines de baisse ininterrompue. Cette soudaine inversion de conjoncture, sous l'impulsion d'un variant Delta plus contagieux, fait resurgir le spectre d'une nouvelle vague épidémique dans l'Hexagone. Avec la vaccination, une énième période de saturation des hôpitaux et de restrictions sanitaires pourrait toutefois être évitée. Contaminations, létalité, troisième dose... voici ce qu'il faut savoir sur l'efficacité des vaccins contre le variant Delta du Covid-19.
Deux doses nécessaires
Alors que la première injection apportait certaines garanties face à la souche initiale du Covid-19, le variant Delta rebat les cartes. Chez les primo-vaccinés, "les anticorps sont peu ou pas du tout efficaces contre Delta", a indiqué Olivier Schwartz, co-auteur d'une étude menée par l’Institut Pasteur. "Des concentrations quatre fois plus élevées d’anticorps sont nécessaires pour neutraliser le variant Delta par rapport à la souche Alpha", a ajouté l'instance dans son communiqué du 8 juillet dernier. En d'autres termes, la première injection ne suffit pas pour protéger un individu contre cette mutation. D'où la nécessité de recevoir, le plus rapidement possible, une deuxième dose de vaccin.
Plus de 90% d'efficacité contre les formes graves
Une fois les deux doses injectées, le vaccin est il aussi efficace contre le Delta que contre les premiers variants du Covid ? Les dernières données scientifiques, récoltées sur le terrain dans des pays comme Israël ou la Grande-Bretagne apportent une première réponse. "On a entre 60 et 80% d'efficacité contre les infections" et les formes bénignes du virus, indique Yazdan Yazdanpanah sur France Info. Ce chiffre monte même à plus de 85% pour ce qui est des infections symptomatiques. Enfin les deux doses vaccinales permettent d'obtenir une protection contre "95% des formes sévères".
Réduit de plus de moitié les contaminations
Le vaccin contre le Covid-19 présente un double avantage pour les personnes qui ont reçu leurs deux doses. Les chaînes de contamination peuvent, en effet, être régulièrement cassée lorsque le schéma vaccinal est complet. "Cela a un impact sur la transmission. On sait maintenant que le vaccin empêche 50 à 60% des transmissions", a affirmé le professeur Yazdan Yazdanpanah. De leur côté, l'Institut Pasteur et la Haute Autorité de Santé expliquent qu'une personne non-vaccinée a "12 fois plus de risque de transmettre le Covid-19 qu’une personne vaccinée".
En outre, la vaccination de masse bloque l'émergence de nouveaux variants, potentiellement encore plus infectieux. "Plus le virus va se répliquer, plus il va y avoir des variants. Plus on va l'écraser, moins il y aura de variants", a confirmé Yazdan Yazdanpanah, membre du conseil scientifique. Il faut "vacciner pour diminuer l'émergence de mutations".
Vers une troisième dose pour les personnes vulnérables
Malgré les certitudes qui commencent à prendre forme, plusieurs zones d'ombre demeurent autour du variant Delta. À l'heure actuelle, les données sur la durabilité de la protection vaccinale restent ainsi insuffisantes. Néanmoins, les garanties apportées par les anticorps semblent décliner au fil des mois, notamment chez les personnes vulnérables. D'où l'hypothèse d'une 3e dose pour les personnes fragiles. "Il nous faudra une troisième dose parce que les défenses immunitaires s'affaiblissent", a ainsi estimé le Premier ministre Jean Castex jeudi dernier. "Il semblerait que chez les personnes les plus âgées, chez les personnes immunodéprimées, la protection du vaccin ne soit pas très durable", a reconnu Yazdan Yazdanpanah. "Donc la question de faire, dans ces populations, une injection de rappel se pose". "Chez les plus jeunes, la durabilité est plus importante", a-t-il toutefois rassuré.
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À noter que, jusque-là, l'administration d'une potentielle troisième dose ne fait pas l'unanimité. "Les Américains qui ont été entièrement vaccinés n'ont pas besoin d'un rappel à l'heure actuelle", ont souligné vendredi la FDA et les CDC, principales autorités sanitaires aux États-Unis. "Nous sommes prêts à administrer des doses de rappel si et quand la science aura démontré qu'elles sont nécessaires", ont-elles encore précisé, sous-entendant qu'aucun postulat scientifique solide n'avait encore été établi.