Les soignants crient au manque de masques, le gouvernement reconnaît des "difficultés logistiques"

Publié le 18 mars 2020 à 23h00, mis à jour le 18 mars 2020 à 23h12

Source : JT 20h Semaine

PROTECTION - Utilisés à mauvais escient, "difficultés logistiques" dans leur fourniture… Depuis des jours, les personnels soignants dénoncent le manque de masques de protection dont ils ont besoin pour faire face à l’épidémie de Covid-19.

"Si vous bénéficiez de masques dont vous ne vous servez pas, je vous invite à les donner à votre pharmacie la plus proche. Ils serviront à tous les personnels de santé". Dans son bilan du jour, Jérôme Salomon a appelé les Français à donner leurs masques à ceux qui en ont véritablement besoin, les soignants. "Voir un cycliste avec un masque chirurgical, ça serre le cœur de tous les personnels de santé qui les croisent...", a-t-il ajouté, appelant à la raison des citoyens.

De fait, plus l’épidémie s’aggrave et plus le nombre de masques portés dans la rue augmente. Sauf que, comme le rappelle le directeur général de la Santé, "les masques sont une denrée rare et une ressource précieuse pour les soignants. Ils sont inutiles pour toute personne dans la rue". 

Jérôme Salomon, qui n’a pas parlé de pénurie mais a qualifié la gestion des stocks actuels "en tension", a indiqué que là était la priorité : approvisionner le personnel médical. Car si ces masques sont utilisés à mauvais escient, ils sont aussi et surtout trop peu fournis aux soignants, en contact direct avec les malades. Voilà des jours que de nombreux médecins des grandes villes, mais aussi des infirmières, se plaignent de ne pas recevoir ces masques, matériel pourtant indispensable pour leur protection. Dans cette vidéo, deux infirmières d’un hôpital de Nanterre dénoncent le manque de moyens alloués : "Regardez comment nous sommes habillées, est-ce que ça nous protège ? Je n’en sais rien". 

Des retards de livraison et d'anticipation ?

Ce mercredi midi, à la sortie du Conseil des ministres, Sibeth Ndiaye a reconnu des "difficultés logistiques" dans la fourniture des masques aux soignants mais a  entrepris de rassurer en expliquant qu’ils arrivaient "dans les pharmacies depuis hier". Ces nouveaux stocks pourront être donnés aux soignants contre la présentation d’une carte professionnelle.

Ces difficultés logistiques dont parle Sibeth Ndiaye se traduisent par des retards de livraisons, mais aussi par un défaut cruel d’anticipation dans les commandes de masques, selon l’économiste Frédéric Bizard, interrogé par TF1. La porte-parole du gouvernement a profité de ce micro tendu pour dénoncer les vols "inadmissibles" et "en grande quantité dans des hôpitaux, notamment à Montpellier, où 15.000 masques ont disparu".

Une livraison promise... mais toujours attendue

"Les approvisionnements sont en cours avec 25 millions de masques qui sont en livraison", a détaillé le directeur général de la Santé lors de son point à la presse. L'armée a par ailleurs annoncé dans la soirée, par la voix de la ministre Florence Parly, la livraison de 5 millions de masques. Dans le même temps, la France s’apprête à recevoir 1 million de masques supplémentaires de la part de la Chine, qui avait bénéficié de matériel français lors de son pic épidémique en février. 

Pendant son allocution lundi soir, Emmanuel Macron a également promis d’en envoyer le lendemain aux soignants des 25 départements les plus touchés par le Covid-19, et d’ici jeudi pour les autres territoires. Sauf qu’en Ile-de-France par exemple, de nombreuses pharmacies attendaient toujours ce mercredi la livraison des stocks promis. Le gouvernement assure pourtant disposer d’une réserve de 110 millions de masques.

"Les libéraux, comme les hospitaliers, n'ont pas les protections adéquates"

Les médecins généralistes et spécialistes, eux aussi en première ligne dans la gestion de l’épidémie, l’urgence de la situation : lundi soir, beaucoup se plaignaient de ne pas avoir reçu les 15 millions de masques FFP2 annoncés par le ministre de la Santé mercredi 11 mars. "Les libéraux, comme les hospitaliers, n’ont pas reçu les protections adéquates. Les masques chirurgicaux sont disponibles, mais ce sont des passoires. Cela ne protège que les personnes autour de vous quand vous toussez, ça ne protège pas le porteur de masque", déplore à 20 minutes Jean-Paul Hamon, généraliste à Clamart (Hauts-de-Seine) et président de la Fédération des médecins de France.  

Dans ce contexte tendu de vaches maigres, les masques de protection vont être rationnés pour les médecins et infirmiers, ont fait savoir ce mercredi deux syndicats de pharmaciens. Il leur sera distribué dorénavant 18 masques au maximum par semaine. Du côté des policiers, chargés de contrôler les allers et venues des Français, il a par exemple été demandé à certains d’entre eux de retirer leurs masques de protection sur le terrain, rapporte un journaliste de BFM sur Twitter.


La rédaction de TF1info

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