ECOUTE – Depuis le début de la crise sanitaire, plusieurs cellules d’écoute mobilisant des psychologues se sont développées partout en France pour répondre aux angoisses des soignants. Mais sont-elles utilisées ?
Dans les hôpitaux, les Ehpads, les cabinets ou à domicile... Où qu'ils travaillent, les soignants sont confrontés à l’épidémie. Admissions de malades en nombre, décès fulgurants, isolement des personnes âgées, souffrance des familles, ou risques décuplés de contamination ; autant de facteurs qui fragiliseraient l’état psychologique de tout un chacun.
Pour soulager les soignants dans cette épreuve, plusieurs numéros verts ont été lancés par les autorités, avec des psychologues et des psychiatres au bout du fil. La plateforme du ministère de la Santé, "Ecoute soignants Covid", a été mise en place le 9 avril avec pour objectif de "pallier les situations d’isolement professionnel et proposer une assistance psychologique face à la sur-mobilisation actuelle". Aujourd'hui, la cellule reçoit en moyenne 300 appels par jour, avec une accalmie le week-end, et redirige au besoin "les cas les plus préoccupants vers des cellules médico-psychologiques zonales", les CUMP fonctionnant par département.
Des appels parfois multipliés par dix
Mais d’autres structures n’ont pas attendu l’exécutif pour agir auprès du personnel soignant. L’association Soins aux Professionnels en Santé (SPS) dispose d’une cellule d’écoute depuis 2016 (accessible de jour comme de nuit au 0.805.23.23.26) et a largement communiqué sur son existence en début de crise. Aujourd’hui, la plateforme a multiplié son nombre d’appels quotidiens par dix (70 appels contre cinq à sept en temps normal), mobilisant une centaine de psychologues.
Dans le détail, ce sont des soignants, en majorité des femmes, qui décrochent le plus leur téléphone (75 %), suivies de directeurs d’hôpitaux (20 %) se renseignant sur le dispositif, et puis du personnel administratif (6 %), indique à LCI le président de SPS, Eric Henry. L’écoute à l’intention des Ehpad, sorte de "thermomètre" de la situation de crise, a également été renforcée.
Une peur qui s'est mutée en colère
Les "plaintes", elles, ont évolué au fil des semaines. Au début de l’épidémie en France, les soignants qui appelaient témoignaient d’angoisses portant sur le virus lui-même : "Vais-je tomber malade ? Puis-je en mourir ? Vais-je contaminer mes proches et mes patients ?" A mesure que la crise sanitaire avançait, "cette peur s’est mutée en colère contre la hiérarchie et un système qui n’a pas répondu comme il le fallait", rapporte le docteur Henry. Gestion de la crise, manque de matériel… Les raisons de la colère sont multiples et vont parfois jusqu’à se traduire par des conflits au sein des équipes.
Le président de l'association nous raconte ainsi l’appel reçu d’une soignante qui avait alerté sur les décès de résidents et des cas suspects de Covid au sein de son établissement. L'information transmise à l'Agence régionale de santé référente, cette dernière a fait une descente dans l'établissement. Malgré la protection de son identité, la lanceuse d'alerte a été mise à pied. "La bonne volonté des gens n’est pas reconnue comme telle mais comme une rébellion", déplore le président de SPS.
Le numéro de l'AP-HP peu utilisé
Au sein des 39 hôpitaux franciliens de l’AP-HP, une "hotline", lancée le 20 mars dernier et ouverte 7j/7, 24h/24, reçoit une quinzaine d’appels chaque jour avec une capacité de 10 répondants fonctionnant en binôme –souvent un psychologue, accompagné d’un volontaire. Ce numéro interne n’est pas encore "très utilisé", reconnait une ancienne psychologue de l’AP-HP qui l’explique par le fait que "les soignants sont surtout sur le terrain" mais aussi par la multiplicité des plateformes d’écoute, y compris bénévoles, rendant l’offre peu visible.
Le collectif inter-urgences, lui, confie ne pas toujours recevoir les informations liées à ce genre de dispositif mais ne plus compter dessus depuis un moment : "Depuis le départ, on compte sur nos équipes, on échange beaucoup entre nous. On vit la même chose, on a les mêmes horaires décalés, ça crée des liens très forts." Ceci étant, d’après les premiers retours de l’AP-HP sur sa cellule d’écoute, les séances téléphoniques qui ont lieu ne suffisent pas toujours. "Il apparaît nécessaire que des psychologues se déplacent en soutien", nous fait-on savoir du côté du service communication.
Si le temps est à l’écoute et au traitement des maux de chacun, la question de l’après, une fois que la pression sera retombée, est cruciale pour les psychologues. "Ces gens-là vont donner tout ce qu’ils ont jusqu’au bout et c’est au bout qu’ils vont s’effondrer : c’est le syndrome du manager", explique le docteur Henry. "Cela se traduira en un épuisement professionnel pour ceux qui l’ont bien vécu et puis en un syndrome post-traumatique pour ceux qui auront vu des horreurs."
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