Les personnes en surpoids bien plus fragiles face au coronavirus

Publié le 9 avril 2020 à 16h58, mis à jour le 10 avril 2020 à 11h19

Source : JT 20h Semaine

MALADIE CHRONIQUE– Les données portant sur les patients en surpoids atteints du Covid-19 sont sans appel. Plus touchées et plus gravement, les personnes souffrant de surpoids ou d’obésité sont plus vulnérables face au virus.

A mesure que la recherche sur le Covid-19 avance, le profil du patient type se précise. Il s'agit souvent d'hommes, d’un âge avancé, mais aussi en situation de surpoids ou d’obésité. Si les médecins alertent depuis des semaines sur les risques pour les personnes obèses de contracter le virus de manière plus grave, un chiffre met aujourd’hui tout le monde d’accord : 83 % des patients admis en réanimation sont en surpoids ou obèses, selon les données recueillis par le réseau européen de recherche en ventilation artificielle (REVA) et révélées mardi 7 avril par Le Monde

Ce constat est loin d’être une surprise pour le Pr Martine Duclos, endocrinologue et diabétologue au CHU de Clermont-Ferrand : "Le Covid est une pathologie qui touche les poumons. Les sujets obèses ont un volume pulmonaire plus bas que les sujets non-obèses. Ajouté à cela, ils sont souvent diabétiques, or, le diabète favorise le risque de développer des infections. Face à un virus qui induit une insuffisance respiratoire, ces personnes se retrouvent forcément en réanimation."

Un facteur de risque chez les jeunes aussi

Mais ces patients risquent également de développer des complications liées à la réanimation, poursuit la médecin, comme des phlébites par exemple (obstruction d’une veine par un caillot sanguin). Et il apparaît que les personnes plus jeunes souffrant de surpoids sont concernées elles-aussi, comme le rapportait Yazdan Yazdanpanah, chef du service d’infectiologie de l’hôpital Bichat, au Figaro : "Plus de 80 % des moins de 50 ans qui se trouvent en réanimation chez nous à cause du Covid-19 sont dans ce cas". 

De manière générale, Santé Publique France rapporte dans un bilan du 2 avril que "parmi les cas décédés, 90 % présentaient au moins un comorbidité. Les comorbidités les plus fréquemment rapportées étaient une pathologie cardiaque (51 %), un diabète (37 %) et une pathologie pulmonaire (24 %)". De fait, l’obésité entraîne une baisse de l’immunité, avec l’existence de problèmes de santé comme le diabète, l’apnée du sommeil ou une mauvaise oxygénation du sang. 

18 % des Français en situation d'obésité

Aujourd’hui en France, 50 % de la population est en surpoids et 18 % en situation d’obésité, soit 8 millions de personnes, selon la Ligue nationale contre l’obésité, qui y voit un véritable enjeu de santé publique en pleine pandémie. C’est par une étude britannique du National Health Service (NHS), que l’association a été alertée en premier lieu, qui démontre que plus de 60 % des patients britanniques se trouvant en soins intensifs à la date du 19 mars souffraient de surpoids. "Mais il n’y a pas qu’au Royaume-Uni que cela est visible", précise Agnès Maurin, co-fondatrice et directrice de l’association. "Le réseau de réanimateurs européen a alerté il y a une dizaine de jours sur la présence de patients en surpoids dans les services de réanimation."

"Le président avait parlé de l’obésité dans ses premiers discours, en évoquant les maladies chroniques", se souvient Mélanie Delozé, directrice scientifique de la Ligue. "Mais il faut le dire, aujourd’hui, l’obésité n’est pas reconnue en France comme une maladie chronique." Une maladie "si peu ancrée" dans la société que cela a des conséquences : en réanimation par exemple, la prise en charge des patients en surpoids n'est pas différente des autres patients. 

Arrêt de travail à partir de 30 d'IMC

Mardi 7 avril, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon a indiqué dans son point quotidien être très vigilant "à ce que les personnes, en particulier en surpoids important, signalent rapidement une détérioration de leur état clinique et en particulier l’apparition de difficultés respiratoires". Le lendemain, le gouvernement a semblé prendre la mesure du problème en réunissant tous les acteurs de lutte contre la maladie. 

Aujourd’hui, la Ligue contre l’obésité demande aux autorités des mesures de protection des personnes en surpoids, et notamment un arrêt de travail dérogatoire à partir de 30 d’Indice de Masse Corporelle (qui correspond à une situation d’obésité), une prévention renforcée, des tests de dépistage leur étant prioritaires, mais aussi la mention du poids et de la taille dans les essais cliniques réalisés actuellement, afin d’"affiner les principes de précaution". 


Caroline QUEVRAIN

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