EXPLICATIONS – Lors de son point presse du mardi 19 mai, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, a invité les Français à se faire tester "au moindre doute". Mais avec un seul type de test : les tests PCR. Les soignants, eux, auront accès à des tests d'un autre type. On fait le point sur les moyens pour se faire tester.
Des tests "au moindre doute". Le directeur de la Santé Jérôme Salomon a détaillé mardi la doctrine gouvernementale en matière de tests pour accompagner le déconfinement. "Le vrai objectif c'est que nous fassions des tests pour toutes les personnes qui sont symptomatiques, pour toutes les personnes qui en ont besoin, les cas contacts en particulier (...) toutes les situations où on a besoin de tester, autour d'un cluster autour de cas groupés (...), toutes les situations hospitalières qui le nécessitent (...) c'est ça le vrai objectif c'est de réussir notre stratégie de test et c'est ce que nous allons faire", a-t-il dit.
Ces "tests au moindre doute" doivent toujours être prescrits par un médecin en cas de symptôme. Il s'agit de tests PCR. Pour les personnels soignants, en revanche, les autorités de Santé souhaitent généraliser les tests dits "sérologiques"- des tests sanguins qui permettent de savoir si on a été en contact avec le virus.
Quelles sont les méthodes pour se faire tester ? Comment s'y retrouver ? On fait le point.
Test biologique PCR
PCR pour "Polymerase Chain Reaction" – réaction en chaîne par polymérase. C’est le "test roi" effectué depuis les premiers "drive-in" des laboratoires d’analyses à la mi-avril. Il repose sur l’analyse génétique et se base sur le génome du virus. Pour bien l’analyser, il faut aller le chercher dans les sécrétions du malade.
Comment se pratique-t-il ? Il s’agit d’un écouvillon (sorte de grand coton-tige) que l’on enfonce dans le nez du patient pour y prélever de l’ADN. L’écouvillon est ensuite plongé dans un principe qui va réagir à la présence éventuelle du virus. Le résultat tombe au bout de quelques heures. Jusque-là, ce test est réalisé sur prescription médicale et ne prend que quelques secondes. Il est effectué par des infirmiers, pharmaciens ou médecins.
Les inconvénients ? Le test PCR ne réagit à la présence du Covid-19 que si la personne testée est déjà malade et dans les premiers jours du symptôme. Il ne sera pas capable de signaler une contamination sans que la maladie ne se soit déclenchée. De plus, le test étant assez dur physiquement (il faut enfoncer profondément l’écouvillon, traverser les fosses nasales et aller buter jusqu'à la partie supérieure du pharynx), les risques de faux-négatifs peuvent survenir si la détection n’est pas assez précise. Pour certains cas plus sévères, le prélèvement se fait par la bouche, en allant jusqu’à l’arrière de la gorge et/ou dans la trachée car le virus se propage ensuite vers les voies respiratoires. Selon plusieurs études, les cas de faux-négatifs pourraient représenter 30% des patients testés.
Test sérologique
C'est un test sanguin. Il est réputé plus fiable. Cette méthode va permettre de détecter si une personne a été contaminée, en contact avec le virus. On peut ainsi déceler les asymptomatiques plus facilement car le test sérologique montre la réponse de l’organisme face au virus en "pistant" la présence d’anticorps. Cette dernière est le signal d’une réaction du système immunitaire face à l’agression virale. Le test sérologique est capable de différencier les anticorps produits en début de contamination et ceux qui sont ensuite produits.
Comment se pratique-t-il ? C’est une simple prise de sang pour vérifier la présence d’anticorps produits après passage du virus. Il suffit, dans la majorité des cas, d’une goutte de sang sur une bandelette-test avec antigène dessus. Si elle réagit, c’est que le test est positif au coronavirus. A la différence du test nasal, le test sérologique va montrer si la personne est immunisée contre le Covid-19. Il faut de 15 à 30 minutes pour réaliser le test après prise de sang. Ce test est le complément idéal du RT-PCR. Seuls les tests sérologiques validés par le ministère de la Santé seront remboursés.
Les inconvénients ? Le test est négatif dans les premiers jours de la contamination car le système immunitaire n’a pas produit suffisamment d’anticorps. La Haute Autorité de Santé a diffusé lundi 18 mai un rapport sur la place des tests sérologiques rapides. Selon la HAS, malgré leur plus grande rapidité d'utilisation et le peu de matériel requis pour réaliser ces tests unitaires, l'incertitude subsiste sur la protection, l'immunité contre le virus, que garantirait la présence d’anticorps, et si c'est le cas, sur sa durée. "C'est pourquoi, dans l’état actuel des connaissances, ces tests n'ont pas encore de place dans l'identification des personnes protégées contre le virus", souligne la HAS.