Covid-19 : pourquoi on reparle du syndrome PIMS chez les enfants

C.A.
Publié le 29 juillet 2021 à 15h45
Covid-19 : pourquoi on reparle du syndrome PIMS chez les enfants

Source : iStock

PÉDIATRIE - Difficilement identifiable, le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS) fait des centaines de victimes depuis le début de la pandémie de Covid-19, auquel il est lié. Depuis quelques semaines, il revient sur le devant de la scène.

Mercredi, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a détaillé le protocole sanitaire qui s'appliquera à la rentrée 2021. Parmi les nouvelles consignes, le renvoi à domicile des élèves de collège et de lycée non vaccinés qui seraient cas contacts. Une forte incitation à la vaccination qu'assume le gouvernement. Pour autant, certains élèves, malgré l'opinion de leurs parents, ne pourront pas recevoir de dose en raison de contre-indications médicales.

C'est notamment le cas des enfants et adolescents ayant développé le PIMS à la suite d'une infection au Covid-19. Cette recommandation, prise à la suite de l'avis de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), du comité sur la stratégie vaccinale et du conseil scientifique, a été rendue publique dès l'ouverture de la vaccination aux 12-17 ans, mi-juin. "Au vu de la réaction inflammatoire aberrante à l’égard du virus SRAS-CoV-2 développée par ces enfants, et de l’absence de littérature scientifique sur la sécurité de la vaccination anti-Covid-19 pour les enfants ayant fait un PIMS, il parait raisonnable pour l’instant de ne pas les vacciner contre la Covid19 afin d’éviter un risque de réponse inflammatoire sévère", écrit le 11 juin le conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. 

Interrogé à l'Assemblée nationale le 20 juillet sur la question des contre-indications, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a de nouveau donné écho à cette consigne, remettant le PIMS sous le feu des projecteurs après plusieurs mois d'effacement.

Le syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS), avait beaucoup fait parler de lui lors de l'apparition des premiers cas, en avril 2020. À cette période, des pédiatres français ont signalé aux autorités sanitaires une augmentation anormale de cas ressemblant à la maladie de Kawasaki et de cas de myocardites avec état de choc cardiogénique chez des enfants ayant récemment contracté le Covid-19. D’autres cas ont été décrits dans les études scientifiques menées dans différents pays européens (notamment en Italie, Royaume-Uni, Belgique, Espagne), en Amérique du Nord (notamment aux États-Unis) ainsi qu’en Asie et en Amérique latine.

Cette maladie, proche de celle de Kawasaki, est en fait le PIMS, une nouvelle entité inflammatoire systémique chez l’enfant, apparue dans le contexte de la pandémie. Il associe de la fièvre, une altération de l’état général et des troubles digestifs. Au 13 juin 2021, 520 cas avaient été recensés en France. Pourtant, ce syndrome est rarement évoqué.

Notre fille était en train de mourir sous nos yeux.
La mère d'une victime du PIMS

En avril 2021, soit un an après la déclaration des premiers cas, le PIMS a de nouveau été mis sur le devant de la scène à la suite d'une lettre écrite à Emmanuel Macron par une mère de famille dont la fille avait été hospitalisée en soins intensifs. "Mon mari et moi avons vécu les pires jours de notre vie. Notre fille était en train de mourir sous nos yeux", écrivait-elle dans ce texte, relayé par le journal L’Indépendant et visant à alerter le président de la République des dangers de ce syndrome.

Âgée de 7 ans, sa fille a été victime d'un PIMS qui s'est déclaré quatre semaines après une incubation asymptomatique du Covid-19. "Emma n'a plus une vie d'enfant, devant rester au repos, souffrant, prenant tous les jours plusieurs doses de médicaments, plus les rendez-vous médicaux, les examens...", rapporte cette femme, démunie. Et d'ajouter : "Votre devoir est d'informer massivement pour protéger nos enfants et qu'ils soient pris en charge de manière rapide et efficace."

La HAS réclame la plus grande attention des médecins et pédiatres

Rare et donc peu connu, ce syndrome aux symptômes peu spécifiques est en effet souvent diagnostiqué de façon tardive, laissant le champ libre à une dégradation de la santé du petit patient. Le diagnostic est d’autant plus compliqué que l’infection à SARS-CoV-2, à laquelle il est associé, est souvent peu symptomatique, voire asymptomatique chez les enfants. Ainsi, deux tiers des enfants touchés en France ont été hospitalisés en soins intensifs et l'un d'entre eux est décédé en mai 2020. Ce garçon de 9 ans, domicilié à Marseille, avait fait "un malaise grave avec un arrêt cardiaque" chez lui, avant d'être transporté à l'hôpital de La Timone. Il était mort sept jours plus tard.

Pour éviter de telles issues, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié, début juillet, une note à destination des médecins généralistes et des pédiatres pour les aider à diagnostiquer le syndrome. Elle détaille, parmi les symptômes qui doivent alerter : une fièvre élevée souvent supérieure à 39°C, une altération marquée de l’état général (apathie, asthénie extrême, perte d’appétit, frissons, pâleur, douleurs diffuses, marbrures), ainsi que des signes digestifs très fréquents (douleurs abdominales, diarrhée, nausées, vomissements, syndrome pseudo-appendiculaire). D'autres signes cliniques, plus rares, peuvent aussi apparaître comme de la toux, un prurit, de la tachycardie ou une hypotension.

"Ces signes peuvent être observés à tout âge et surviennent le plus souvent chez les enfants âgés de 4 à 11 ans. Un historique d’infection à SARS-CoV-2 récente, dans les 4 à 6 semaines précédentes, ou de contact proche avec une personne infectée par le virus est un élément évocateur, mais l’inverse ne permet cependant pas d’écarter la possibilité d’un PIMS", précise la HAS qui conseille d'envoyer rapidement un enfant porteur des symptômes PIMS à l'hôpital.


C.A.

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