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Covid-19 : malgré l'épidémie, des pays ont-ils observé une sous-mortalité en 2020 et 2021 ?

Publié le 17 mars 2022 à 18h37

Source : JT 13h Semaine

Des discours "covido-sceptiques" remettent en cause l'impact de l'épidémie sur la mortalité mondiale.
De récents travaux mettent en avant l'impact du Covid-19 à travers le monde, avec la surmortalité qui lui est associée.
Il apparaît pourtant qu'une poignée de pays ont enregistré un nombre de décès plus faible qu'attendu, et ce malgré l'épidémie.

Depuis mars 2020, il est courant de lire ou d'écouter des propos minorant l'impact et la virulence de l'épidémie de Covid-19. La mortalité, souvent contestée ou minimisée, est devenue un objet d'étude pour les chercheurs, qui nous permettent aujourd'hui de mieux mesurer les dégâts causés par le virus dans les différents pays.

Les résultats d'une récente étude, publiée dans la revue The Lancet, ont de quoi interpeller. Le bilan global de la pandémie serait en effet proche des 18 millions de victimes, trois fois supérieur donc aux estimations généralement fournies par l'OMS. Cela ne signifie pas pour autant que l'ensemble des pays ont été touchés de manière similaire, loin de là. Quand certains ont enregistré une surmortalité majeure, d'autres auraient enregistré un nombre de décès inférieur à celui attendu lors d'une année normale. Les Vérificateurs ont cherché à y voir plus clair.

Des mesures drastiques à l'ampleur inédite

Outre la récolte de données relatives aux décès dans le cadre de l'épidémie, le travail des chercheurs a consisté à déterminer une "mortalité attendue", telle qu'elle aurait été observée lors d'une année hors Covid. Divers modèles mathématiques ont été appliqués, permettant notamment de mettre en évidence les dommages causés par le virus dans des pays dont la situation n'a pourtant pas fait les gros titres des journaux. Pour 100.000 personnes et sur une année, la Bolivie aurait ainsi enregistré 734 décès de plus qu'attendus. La Bulgarie 647, la Namibie 395 ou encore la Russie 374. À titre de comparaison, 124 décès supplémentaires pour 100.000 habitants seraient à déplorer en France.

La masse de chiffres agrégés dans l'étude a été mise en ligne, de sorte qu'il est possible de représenter graphiquement les résultats. Une carte du monde permet de mieux visualiser la surmortalité moyenne calculée sur 2020 et 2021, et de mettre en lumière certaines des régions les plus touchées par l'épidémie. Si la carte ci-dessous ne s'affiche pas correctement, n'hésitez pas à cliquer ici pour l'ouvrir dans un nouvel onglet.

Largement minoritaire à l'échelle du Globe, 5 pays affichent une particularité singulière : ces deux dernières années, ils ont enregistré une mortalité moindre que celle attendue. Que ce soit en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Taïwan, Singapour ou en Islande, le Covid-19 a permis d'économiser des vies humaines. Un tel paradoxe s'explique par l'approche très stricte des pays en question. Ils ont généralement en commun des approches similaires de la situation sanitaire, avec des stratégies dites "zéro Covid", à l'instar de celle observée en Australie.

Confinements à rallonge, isolement strict des malades, généralisation du télétravail et de l'enseignement à distance, fermeture des frontières... Mises pour ainsi dire "sous cloche", les populations ont été moins exposées à certains risques encourus d'ordinaire. À titre d'illustration, souvenons-nous que le nombre d'accidents mortels sur les routes françaises avait largement diminué en 2020. Logique, au regard des restrictions de circulation, mais avec un impact notable sur la mortalité globale. 

Si l'épidémie n'a pas entraîné de hausse de la mortalité dans certains territoires, allant parfois jusqu'à la réduire, soulignons que cela s'est observé au prix de mesures particulièrement strictes, entravant le cours habituel de la vie pour les populations. Dans la très grande majorité des pays du monde, le Covid-19 aura entraîné une surmortalité notable, et ce malgré l'instauration de restrictions telles que les confinements. Les travaux les plus récents confirment d'ailleurs des craintes partagées depuis de longs mois par les spécialistes, mettant en lumière un bilan humain bien supérieur à celui officiellement présenté par les institutions internationales telles que l'OMS.

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Thomas DESZPOT

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