À LA LOUPE – Les autorités de santé mettent en garde contre une potentielle et dangereuses deuxième vague épidémique en France. De son côté, le Pr Raoult estime qu'il s'agit de "science-fiction". LCI a fait un point avec des spécialistes pour mieux comprendre cette hypothèse.
Le gouvernement affiche sa prudence, moins d'une semaine après le début du déconfinement. La crainte des autorités ? Une "deuxième vague" de l'épidémie, avec un nombre de contaminations et de décès qui repartirait fortement à la hausse. Des inquiétudes que ne semble pas partager le Pr Raoult.
Récemment, le chercheur marseillais a ainsi livré un avis très tranché sur la question. "La seconde vague ? C'est une espèce de fantaisie. C'est de la science-fiction", a-t-il lancé. De quoi irriter le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui lui a répondu par un tacle dans les médias : "Je préfère me référer à des experts qui ne disent pas qu’il y aura moins de morts du coronavirus que par accidents de trottinette."
Alors que certains pays voient le nombre de contaminations et de décès repartir à la hausse, observe-t-on déjà une manifestation de cette deuxième vague ? Pas forcément, s'accordent à dire les experts, qui n'excluent néanmoins pas qu'elle puisse survenir dans les semaines ou mois à venir.
Pas encore déclarée
Alors, de quoi parle-t-on lorsque l'on évoque le phénomène de deuxième vague ? "Il faudrait une croissance forte et rapide de la courbe épidémique, qui aurait une allure voisine de celle de la première vague", souligne le Pr Antoine Flahault, épidémiologiste et spécialiste de santé publique à Genève. Il précise d'ailleurs à LCI que "de nouveaux cas qui apparaissent ne correspondent pas forcément à une deuxième vague".
Pour l’instant, "on n’observe pas à proprement parler de deuxième vague dans le monde", tranche le spécialiste, "c’est logique puisque la première vague se termine tout juste". Comment expliquer, dès lors, la recrudescence massive de cas en avril à Singapour notamment ? Là-bas, alors que le nombre de nouvelles contaminations avait baissé à 142 le 8 avril, il est remonté violemment, atteignant 1426 le 20.
"Les nouveaux foyers d'infection viennent essentiellement des travailleurs migrants, originaires d'Asie du Sud et souvent entassés dans des dortoirs bondés", avait expliqué France Culture. En l'occurrence, "il ne s'agit pas d'une deuxième vague à proprement parler, mais d'une accélération de la première via des foyers épidémiques qui avaient échappé au contrôle des autorités". La hausse observée en Chine, quant à elle, a correspondu au retour sur le territoire national de citoyens étant à l'étranger.
Une 2e vague tout à faire probable
Concernant la France, contrairement à son confrère Didier Raoult, le Pr Arnaud Fontanet ne voit pas de raison particulière qui ferait penser qu'une deuxième vague nous épargnerait. Directeur du département de santé globale à l'Institut Pasteur et professeur au Cnam, il estime qu'"aucun argument rationnel ne permet de dire aujourd'hui que si le virus est réintroduit dans une population où seulement 5% des gens sont immunisés, l'épidémie ne redémarre pas", lance-t-il.
Des deuxièmes vagues, les spécialistes en observent dans le cadre des pandémies de grippe, parfois même des troisièmes, poursuit Arnaud Fontanet. Il cite notamment la pandémie de 2009, où trois vagues successives avaient ainsi été observées. "La différence majeure est qu'aujourd'hui, nous ne laissons pas l'épidémie se propager et nous cherchons à la stopper. Celle du covid-19 fait davantage de victimes, ce qui a justifié la mise en place des mesures observées ces derniers mois." Pour autant, "nous nous trouvons toujours dans la première vague, elle n'est pas terminée", selon l'épidémiologiste.
Une deuxième vague n'est donc pas du tout à exclure pour cet expert, qui adopte ainsi une position identique à celle d'autres médecins européens. En Allemagne, on se prépare ainsi à une vague plus puissante et meurtrière que la première.
Arnaud Fontanet ne s'avance pas sur ce dernier point, estimant qu'une deuxième vague n'est pas nécessairement plus intense. "On a pu l'observer avec certaines épidémies, mais je ne dirais pas qu'il s'agit d'une règle", précise-t-il. Pour tenter de contenir un retour en force du virus, l'enjeu consistera à réussir à maintenir une vigilance importante de la population : "Tout dépendra de notre capacité à ne pas nous relâcher et à appliquer dans le temps les règles qui ont été fixées."
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