Coronavirus et immunité : anticorps, risque de réinfection, durée de protection... Ce qu'il faut savoir

Publié le 8 mai 2020 à 15h23
JT Perso
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Source : JT 20h Semaine

CRISE SANITAIRE - Alors que la pandémie de coronavirus se poursuit partout dans le monde, que sait-on de l'immunité individuelle ? Les patients guéris sont-ils protégés ? Pour combien de temps ? Un directeur de recherche du CNRS nous livre des éléments de réponse.

La pandémie de coronavirus progresse, et apporte avec elle son lot de réponses. Mais des interrogations subsistent : une fois touché par la maladie, un patient peut-il de nouveau contracter le Covid-19 ? Si non, pendant combien de temps ? Des malades ont-ils déjà été atteints à deux reprises ? Tout le monde développe-t-il des anticorps ? LCI fait le point sur l'une des zones d'ombre de l'épidémie.

Des patients ont-ils été atteints deux fois par le coronavirus ?

Ces dernières semaines, plusieurs cas d'une potentielle deuxième infection du coronavirus ont émergé dans les pays asiatiques. Des patients Sud-Coréens, déclarés guéris après une infection au Covid-19, ont été à nouveau testés positifs quelques jours plus tard. Mercredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sans se référer spécifiquement aux cas sud-coréens, a indiqué à l'AFP "être au courant de patients" de ce type.

Mais selon l'OMS, "d'après ce que nous savons aujourd'hui et sur la base de données très récentes, il semble que ces patients expulsent du matériel ayant persisté dans les poumons dans le cadre de la phase de rétablissement". Il ne s'agirait donc pas d'une deuxième infection.

Les patients guéris développent-ils des anticorps ?

Pour Étienne Decroly, directeur de recherche au CNRS, il n'y a pas de doute : "Les patients qui sortent de l'hôpital guéris sont forcément immunisés en ayant développé des anticorps et des lymphocytes, capables de tuer les cellules infectées." En effet, "s'ils n'avaient pas développé d'immunité, ils ne sortiraient pas de l'hôpital", explique le chercheur à LCI. "Sur ce point, il y a relativement peu de doutes."

En effet, des expériences animales réalisées ces dernières semaines le prouvent. "Un petit nombre de singes a été infecté par le coronavirus. Une vingtaine de jours plus tard, une fois les animaux guéris, les chercheurs ont tenté de les réinfecter pour savoir s'ils développaient de nouveau la maladie", indique le scientifique. "Finalement, l'expérience a montré que la grande majorité des singes était protégée. Ceci étant, le nombre d'animaux est petit, ce qui nous empêche de tirer des conclusions pour un grand nombre."

Les anticorps sont-ils protecteurs ?

Si les patients guéris développent des anticorps, tous ne sont toutefois pas forcément protecteurs. "Chez la plupart des individus, l'immunité est probablement protectrice", continue Étienne Decroly, "mais de longue date, nous savons qu'il existe, lors de certaines infections virales, des anticorps facilitants." Comme leur nom l'indique, "ces anticorps favorisent une deuxième infection éventuelle au lieu de la neutraliser".

"Pour cette petite partie des patients, l'immunité ne serait peut-être pas complètement protectrice", alerte le chercheur. "Mais je ne veux pas faire peur, statistiquement, la majorité des patients guéris ont très probablement une immunité protectrice."

Combien de temps dure l'immunité ?

Autre question essentielle : une fois les anticorps protecteurs développés, combien de temps sont-ils efficaces ? Sur ce point, l'épidémie, démarrée en décembre en Chine, est encore trop récente. "Il nous faut des données", indique Étienne Decroly, "nous n'avons pas encore eu le délai de temps nécessaire pour le savoir". "Aujourd'hui, nous ne savons pas si nous serons toujours protégés dans 2 ans, ni la qualité de notre réponse immunitaire dans 6 mois." Les malades du Sras (en 2003), virus proche de celui responsable de la pandémie actuelle, ont généré des anticorps persistant plusieurs années.

Même si "l'effet de mémoire du système immunitaire doit jouer", d'autres coronavirus connus ont de quoi susciter l'inquiétude. "Pour les coronavirus qui donnent des rhumes, par exemple, nous savons que l'immunité n'est pas très durable et que l'infection est possible d'une année sur l'autre", continue le directeur de recherche. Il faudra donc attendre plusieurs mois, et de potentielles deuxièmes infections, pour connaître la durée de l'immunité pour le Covid-19. "Seul le long terme nous permettra de mesurer la quantité et la qualité des anticorps."

Quelle proportion de la population doit être immunisée pour éviter une nouvelle épidémie ?

Longtemps, la stratégie de l'immunité collective avait été évoquée. Elle consistait à ce qu'un nombre suffisant de personnes aient été au contact du virus, et soient donc immunisés, pour que l'épidémie s'éteigne d'elle-même. Mais, face aux doutes de l'efficacité de notre réponse immunitaire sur le long terme face à un coronavirus émergent, l'hypothèse a été balayée. Surtout, la proportion de la population nécessaire pour que l'épidémie ne puisse plus se poursuivre est loin d'être atteinte. Le 14 avril, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, avait estimé qu'entre "5 et 10%" de la population française avait été au contact du virus.

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Selon les scientifiques, la proportion nécessaire est nettement supérieure, mais encore inconnue. "Imaginons que le R0 du Covid-19 soit de 4, c'est-à-dire qu'un malade va infecter en moyenne quatre autres personnes", explique Étienne Decroly, faisant une "expérience par la pensée." "Si un patient infecté entre dans une pièce où dix personnes se trouvent, et qu'il tousse, quatre seront infectées en moyenne. Un an plus tard, si 50% de la population sont immunisés (par un vaccin ou par rencontre avec le virus), et que vous refaites la même expérience, seules deux personnes dans la pièce vont être malades, puisque la moitié est immunisée. Le R0 passera donc de 4 à 2. Conclusion : plus le R0 est élevé, plus le nombre de personnes immunisées doit être important pour atteindre l'immunité collective."

"Aujourd'hui, le R0 est de 0,6 grâce aux mesures barrières, ce qui est assez élevé pour un confinement, nous expliquait le chercheur il y a quelques jours. "Mais en tout début d'épidémie, il était entre 4 et 5. Dans ces conditions, il faut au moins 70% de la population immunisée pour éviter une nouvelle épidémie. Si le R0 est moins élevé, ce taux pourra être plus faible."


Idèr NABILI

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