L’INTERVIEW DE LA MATINALE – Le président de la Ligue contre le cancer et généticien, Axel Kahn, assure sur LCI que ce deuxième confinement n’a pas provoqué autant de déprogrammations qu’au printemps, mais prévoit une hausse de la mortalité par cancer lors des prochains mois.
La pandémie a déjà causé la mort de près de 50.000 personnes en France depuis février dernier, mais les décès indirectement imputables au Covid-19 risquent de gonfler ce chiffre au cours des prochains mois. Invité d’Adrien Gindre ce lundi matin sur LCI, le généticien et président de la Ligue contre le cancer, Axel Kahn, prévient : la mortalité par cancer va augmenter. "Il y a une absolue certitude qu’il y aura plusieurs milliers de morts supplémentaires par cancer qu’il n’aurait dû y en avoir s’il n’y avait pas eu le Covid", alerte-t-il.
En cause, les déprogrammations d’opérations et des dépistages durant les confinements. "Pour les personnes atteintes du cancer, nous n’avons pas totalement évité une perte de chance" au cours de cette deuxième vague, tempère Axel Kahn. "Ce n’est pas aussi grave que lors du premier confinement", au cours duquel "deux millions de reports d’interventions" avaient été à déplorer. "Mais il y a encore 30% des personnes interrogées qui nous indiquent qu’il y a des retards."
"Possible qu’il faille adapter le vaccin tous les ans"
En outre, alors que la baisse du nombre de contaminations dans le pays se confirme, Emmanuel Macron pourrait annoncer un allègement du confinement, lors de son allocution mardi soir. "La réouverture des commerces est indispensable", juge d’ailleurs Axel Kahn. "Mais il ne faut surtout pas pousser un ouf de soulagement et recommencer à vivre comme si de rien n’était", sinon, "la recontamination serait certaine", met en garde le président de la Ligue contre le cancer. Même avec la fin progressive du confinement, "il faut absolument diminuer les contacts physiques".
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Une situation qui dure désormais depuis près d’un an. "Ce Sars-Cov-2 est une saloperie, nous n’arrivons pas à nous en débarrasser", déplore Axel Kahn, qui voit tout de même d’un bon signe l’arrivée prochaine des vaccins. "Je pense qu’ils vont être efficaces", pronostique-t-il, avant d’anticiper de futures mutations du virus. "Tous les êtres vivants connaissent des mutations. Le virus en connaîtra pour échapper aux anticorps et aux globules blancs immunisés. Il est bien possible qu’il faille adapter le vaccin tous les ans aux nouvelles formes virales qui apparaitront."
"Le vaccin est une chance beaucoup plus qu’un danger"
Toutefois, selon les estimations, de nombreux Français refusent de se faire vacciner contre le Covid-19. "Jamais nous n’avons mis au point des vaccins si rapidement, mais la menace virale est particulière", poursuit Axel Kahn, pour qui le vaccin est indispensable pour endiguer la pandémie. "Ce virus, nous ne nous en tirerons pas uniquement en attendant qu’il veuille bien partir. Il faut, incontestablement, pouvoir prendre un risque, à mon avis faible, limité. Le vaccin est une chance beaucoup plus qu’un danger."
Selon le président de la Ligue contre le cancer, les personnes atteintes par cette maladie devront être vaccinées en premier, "sur la base du volontariat", à l’instar "du personnel soignant, des enseignants et des personnes fragiles, âgées". Mais il s’oppose à la vaccination obligatoire, idée prônée par certains responsables politiques. "Il ne faut pas rendre ce vaccin obligatoire car il y a une telle opposition quand l’État préconise quelque chose", défend-il. "Nous arriverons à un meilleur résultat par la persuasion. À terme, début 2022, nous aurons une couverture vaccinale de 50 à 60%. C’est une immunité collective efficace."