À LA LOUPE – Des messages sur les réseaux sociaux sous-entendent que les mesures liées à l'épidémie de Covid-19 sont exagérées par rapport au taux de mortalité du virus. Un raisonnement trompeur, d'autant que le bilan aurait été largement plus lourd en cas d'inaction des pouvoirs publics.
Confinement, fermeture des frontières, restrictions sur les déplacements, chômage partiel… Des mesures sans précédent ont été prises pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, et demeurent aujourd'hui partiellement en vigueur près de trois mois après le premier décès attribué au virus dans l'Hexagone. Si une partie des Français respecte les consignes en courbant l'échine, des citoyens jugent que les autorités en font trop.
Pour justifier cette position, des internautes mettent en avant l'argument selon lequel le Covid-19 ne serait pas aussi meurtrier que d'autres pathologies. Des publications comparent le nombre de morts avec celui imputé à diverses maladies, tandis que d'autres messages pointent du doigt une soi-disant faible mortalité. "66 millions d'habitants, 27.000 morts… Soit une mortalité de 0,04% ! Le monstrueux virus a épargné 99,96% de la population", indique l'un de ces posts, relayé sur Facebook. Un constat aussi maladroit que trompeur.
L'impact du confinement ignoré
Au premier abord, les calculs semblent justes. Même si le nombre d'habitants en France est plutôt de 67 millions et que le Covid-19 a fait un peu plus de 28.000 morts, le ratio calculé dans ce message est facile à retrouver avec un produit en croix. Cela ne signifie pas pour autant que ces 0,04% correspondent au taux de mortalité liée à la maladie.
Afin de le déterminer, il faudrait en effet observer le nombre de décès et le comparer avec le nombre de personnes infectées. L'ensemble de la population française n'ayant pas fait l'objet d'un dépistage, il est donc faux d'expliquer que le taux de mortalité du Covid-19 est aussi faible. Lorsque les autorités évoquent une hausse générale du taux de mortalité, elle se basent sur des indicateurs différents. Elles observent le nombre moyen de décès observés sur une même période lors des années précédentes et tente de vérifier si le nombre de morts récents induit des variations significatives.
Surtout, ces publications semblent oublier un détail qui n'est pas un : le confinement généralisé de la population durant près de deux mois. Cette seule mesure aurait ainsi permis d'éviter environ 60.000 décès, si l'on en croit les travaux publiés fin avril par un groupe d'épidémiologistes de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). "Ce qu’on a observé dans le Grand-Est ou en Ile-de-France, où il a fallu transférer d’urgence des patients dans d’autres régions, nous donne un aperçu de ce qui aurait pu se passer", estimait alors l'un des chercheurs.
Une épidémie qui n'est pas terminée
Avant de dresser un parallèle avec d'autres pathologies, il convient de rappeler plusieurs points. Tout d'abord : l'épidémie n'est pas terminée. Elle continue à faire des victimes et les experts s'accordent pour conclure que la première vague n'est pas encore derrière nous. Par ailleurs, l'année 2020 n'est pas terminée, et il n'est pas exclu que le faible taux d'immunité collective conduise à une résurgence de l'épidémie dans les mois qui viennent. Les spécialistes jugent possible une deuxième vague à l'automne et soulignent qu'aucun vaccin ou traitement fiable n'est pour l'heure mis au point.
En l'espace de quelques mois, il est probable que le bilan du Covid-19 s'alourdisse. "Faire le bilan d’une épidémie alors qu’elle n’est pas terminée n’a pas de sens" explique d'ailleurs à l'AFP Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques. Son collègue Jocelyn Raude, spécialisé dans la psychologie sociale estime qu'il faut également se montrer vigilant avec les comparaisons qui mettraient sur le même plan le virus et d'autres pathologies.
"D’un côté, on a des éléments prévisibles, quantifiables, comme les effets du tabac ou de l’alcool, et des maladies dont la prévalence est extrêmement stable d’une année à l’autre, comme le cancer [...] et de l’autre, on a une épidémie très instable par nature, qui peut changer avec des mutations virales, s’endémiser comme la grippe tous les hivers, ou disparaître dans plusieurs mois", détaille-t-il.
Laisser entendre que le Covid-19 ne serait finalement pas une maladie très grave est donc aujourd'hui trompeur. Outre le fait que l'on ne dispose pas de bilans définitifs, il convient de souligner que les mesures de confinement ont permis d'éviter que le nombre de décès ne continue à augmenter et que les hôpitaux ne soient encore plus mis en difficulté face à l'afflux de patients et à la disponibilité des places en réanimation.
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