Coronavirus : face au manque de masques, la piste prometteuse du recyclage

Publié le 6 avril 2020 à 18h12
Coronavirus : face au manque de masques, la piste prometteuse du recyclage
Source : FRANCK FIFE / AFP

MASQUES DE PROTECTION - Alors que les masques chirurgicaux et FFP2 sont devenus une denrée rare, notamment pour le personnel soignant dans la crise contre le coronavirus, plusieurs scientifiques s'interrogent sur la possibilité de les recycler afin de les réutiliser.

Depuis le début de la crise sanitaire liée au coronavirus, les masques de protection sont au cœur de toutes les préoccupations. Si leur nombre va considérablement augmenter en France grâce aux dernières commandes de l'État, les besoins sont considérables. "Les masques chirurgicaux et FFP2 doivent être jetés après quelques heures d'utilisation", rappelle le Centre nationale de la recherche scientifique (CNRS).

Pourtant, la demande de masque est de plus en plus importante. Au-delà du personnel médical, de plus en plus de citoyens souhaitent se protéger le visage lors de leurs déplacements. Même si le déconfinement paraît encore loin, la question de l'obligation de porter un masque hors de chez soi se pose déjà. Alors, pour faire face à la demande, "des scientifiques, médecins et industriels se sont réunis pour explorer les pistes permettant de les réutiliser sans risque", explique le CNRS. "Afin de permettre à chacun d'entre nous de porter un masque chirurgical dans ses interactions sociales, nous nous sommes demandés s'il serait possible d'imaginer un protocole permettant de les recycler", indique le Philippe Cinquin, professeur en santé publique et praticien hospitalier, interrogé par CNRS Le Journal.

Pour ce faire, "plusieurs pistes sont à l'étude". Le consortium interdisciplinaire réfléchit en effet à cinq hypothèses. "Nous explorons les avantages comparés d'un lavage avec un détergent à 60 ou 95°C, d'un passage en autoclave à 121°C pendant 50 minutes, d'une irradiation par des rayonnements gamma ou bêta, d'une exposition à l'oxyde d'éthylène et d'un chauffage à 70°C en chaleur sèche ou dans l'eau", indique Philippe Cinquin.

De premiers résultats prometteurs

Les premiers résultats des tests semblent révéler que le recyclage des masques est effectivement envisageable. "Concernant les masques chirurgicaux, nous avons montré qu'ils conservent leurs performances après un lavage jusqu'à 95°C", explique le professeur. "Nous avons également de très bons résultats avec l'autoclave et les rayons gamma." "Précisément, nous observons une perte d'efficacité de filtration inférieure à 2%, ce qui conduit les meilleurs masques usagés et traités testés à de meilleures performances que celles de masques neufs moins bons", s'enthousiasme-t-il.

Les masques FFP2, réservés au personnel médical, bénéficient également de résultats prometteurs. "Sur ces masques, les premiers résultats montrent que le traitement à l'oxyde d'éthylène en conserve les performances", continue Philippe Cinquin. "En revanche, il apparaît que les rayons gamma ne les conservent pas. Enfin, Olivier Terrier, du Centre international de recherche en infectiologie, vient de démontrer que la chaleur sèche à 70°C détruit très efficacement une charge virale calibrée déposée sur des masques chirurgicaux et FFP2."

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Il reste désormais à déterminer quelle est la méthode de traitement "la plus efficace et la plus adaptée pour une mise en oeuvre à grande échelle". Mais pas question pour autant de compter sur le recyclage des masques pour remplacer les masques importés de Chine ou produits en France. "Le recyclage n'a pas pour vocation de remplacer les commandes de masques neufs", précise Olivier Terrier à France Inter. "Il est là pour proposer une solution de repli en cas de difficultés d'approvisionnement."


La rédaction de TF1info

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