Coronavirus : le "stop and go", cette stratégie que pourrait adopter le gouvernement

Publié le 25 avril 2020 à 16h10, mis à jour le 25 avril 2020 à 16h16

Source : TF1 Info

CRISE SANITAIRE - Alors que le gouvernement prépare son plan pour le déconfinement, les scientifiques craignent l'émergence d'une deuxième vague épidémique. Face à ce risque, une stratégie existe : le "stop and go". En quoi consiste-t-elle ? Éléments de réponse.

"Le déconfinement n'est pas le retour à la situation qui prévalait avant, ce n'est pas le retour à une vie totalement normale, une vie où tout pourrait s'effectuer dans les mêmes conditions que celles qui prévalaient un mois avant le confinement." Le Premier ministre Édouard Philippe l'a rappelé lors de sa conférence de presse dimanche 19 avril : le déconfinement à partir du 11 mai n'est pas la retour à la vie normale. Et pour cause, les scientifiques craignent l'émergence d'une deuxième vague épidémique.

Depuis deux semaines, le nombre de patients admis en réanimation est en baisse. Cela signifie que le virus circule de moins en moins dans le pays. De l'avis des experts, il s'agit bien des effets du confinement, qui aurait évité plus de 60.000 morts en France, selon une étude. Mais à compter du 11 mai, le confinement va progressivement s'arrêter : les écoles vont peu à peu rouvrir leurs portes, et les commerces, à l'exception des restaurants et des bars, seront ouverts. Dès lors, le virus va de nouveau pouvoir se propager dans la population.

Une alternance entre confinement et déconfinement pendant 2 ans ?

Face au risque d'un rebond épidémique, jugé très probable par certains scientifiques, une stratégie pourrait prendre de l'ampleur : celle du "stop and go". Elle consiste à alterner les périodes de déconfinement et de reconfinement, à chaque nouvelle hausse des hospitalisations. Cette stratégie possède plusieurs avantages : elle permettrait d'éviter la saturation des hôpitaux en limitant les contacts entre les individus lors des périodes de confinement, tout en pesant le moins possible sur l'économie, grâce aux périodes de déconfinement.

Mais pour arriver à un aplatissement total de la courbe des entrées en réanimation, il faudrait être particulièrement patient. Selon Neil Ferguson, l'épidémiologiste britannique auteur de cette théorie, il faudrait alterner à sept reprises le confinement et la vie "normale" avant de faire disparaître le virus (ou jusqu'à la découverte d'un vaccin), soit jusqu'en... 2022 !

"Pas très sérieux" selon un médecin

Cette stratégie, qui n'est pour l'heure qu'une théorie, reste difficile à mettre en oeuvre. Mais elle n'est pas totalement écartée. "Cela fait partie des hypothèses, notamment si des clusters (foyers de contamination, ndlr) se développent dans certains territoires", explique au Monde la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. Pourtant, "d'un point de vue administratif, culturel et économique, il est à mon sens impossible de mettre cela en pratique en France", explique sur LCI le Pr Jean-Michel Constantin, chef du service anesthésie-réanimation à la Pitié-Salpétrière (voir la vidéo en tête de cet article). "C'est un modèle qui a été abordé par Singapour, mais nous n'avons pas tout à fait le même mode de fonctionnement qu'eux."

Même analyse pour Martin Blachier, médecin de santé publique, qui estime que "cette théorie n'est pas très sérieuse". "Il faut plutôt maîtriser la courbe épidémique avec des mesures barrières assez strictes au départ, puis éventuellement assouplies", explique-t-il sur LCI. "Il faut qu'il y ait des mesures extrêmement strictes pour les personnes qui risquent d'aller en réanimation et de décéder : ce sont elles qui peuvent faire exploser le système de santé, et globalement pas les autres."


La rédaction de TF1info

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