Pourquoi les hommes sont-ils plus touchés par le Covid-19 que les femmes ?

Publié le 10 avril 2020 à 14h30, mis à jour le 10 avril 2020 à 14h40

Source : TF1 Info

PROFIL - D'après Santé Publique France, 59,1 % des malades du Covid-19 sont des hommes pour 40,9 % de femmes. Pire, ils représentent 74 % des patients admis en réanimation. Un fossé qui semble s'expliquer par le mode de vie et la biologie.

Les hommes sont-ils moins résistants au coronavirus ? C'est en tout cas ce qu'indiquent les premiers chiffres concernant le profil type du patient atteint par le Covid-19. En France, 59,1 % des malades sont des hommes, pour 40,9 % de femmes, avec 17 189 hommes et 12 730 femmes actuellement hospitalisés, indique Santé Publique France. Parmi les décès dans les hôpitaux, on recense 61,1 % d'hommes et 38,9 % de femmes. Et ce fossé se creuse encore plus une fois passées les portes de la réanimation, où les hommes représentent 74 % des patients, et les femmes 26 % seulement.  

Une tendance constatée aussi à l'échelle mondiale. En Italie, les hommes représentent 60 % des malades et 71 % des décès, d'après l'Agence nationale de santé publique. En Chine, ils représentent 51,4 % des malades et 63,8 % des décès, selon le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies. Cet écart trouverait ses origines dans le mode de vie, différent selon le genre, mais aussi dans la biologie, si l'on en croit le chercheur de l'Inserm Jean-Charles Guéry.

Mode de vie et biologie

Dans la revue Sciences et Avenir, le responsable de l'équipe de recherche "Différences liées au sexe dans l'immunité : mécanismes et physiopathologie" avance plusieurs hypothèses pouvant expliquer la différence de contamination entre les hommes et les femmes. 

D'abord, par le mode de vie. En fumant plus et en présentant un taux plus élevé de diabète type 2, les hommes contracteraient ainsi plus facilement le Covid-19, selon le chercheur. Ce dernier s'appuie sur une étude chinoise récente qui expose notamment que les Chinois fument quatre fois plus que les Chinoise. 

Ensuite, par la biologie. Ainsi, les femmes développeraient une meilleure réponse immunitaire face aux virus grâces aux hormones qu'elles sécrètent, les œstrogènes, mais aussi grâce aux facteurs génétiques liés aux chromosomes sexuels (qu'elles ont en double, à la différence des hommes). 

Des constats similaires pour d'autres épidémies

Pour le SRAS (le coronavirus en Chine en 2003) et le MERS (le coronavirus au Moyen-Orient en 2012), une étude américaine, conduite sur des souris de laboratoire en 2017, était parvenue à la conclusion que la présence d'œstrogènes participait à renforcer le système immunitaire. "Lorsque l'on infecte des souris avec le SRAS, la mortalité des mâles est beaucoup plus élevée que celle des femelles", détaille Jean-Charles Guéry. "Lorsqu'on enlève les ovaires des femelles (...), la mortalité rejoint celle des mâles à plus de 80 %."

De manière générale, les hommes et les femmes sont inégaux face aux infections virales. Par exemple, dans le cas de la grippe saisonnière, les femmes développent la même immunité que les hommes en se faisant injecter une dose moins importante de vaccin. Toutefois, le Covid-19 est un nouveau coronavirus et comporte encore aujourd'hui ses parts de mystère. Il faudra attendre d'avoir davantage de données épidémiologiques provenant des pays touchés pour approfondir cette théorie scientifique.

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La rédaction de TF1info

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