RECHERCHES - Si le coronavirus est transmis par les voies aériennes, d'autres voies de contamination existent. Une étude parue ce mardi prouve pour la première fois que le virus peut être transmis de la mère au fœtus.
"C'était suspecté, mais pas démontré." En analysant les prélèvements sanguins d'une mère de 23 ans, qui a donné naissance en mars à un enfant de sexe masculin, des médecins français apportent pour la première fois les preuves qu'une contamination du Covid-19 d'une femme à son fœtus est possible. L'étude a été publiée ce mardi 14 juillet dans la revue Nature Communications.
Une contamination via le placenta
S'il y a eu tout au long de la pandémie des exemples de nouveaux-nés infectés au virus, et si, comme l'a expliqué à l'AFP le docteur Daniele De Luca, auteur principal de l'étude, des précédentes recherches suggéraient la possibilité d'une transmission mère-enfant prénatale, celle-ci en apporte les preuves pour la première fois. Il fallait en effet attendre que la pandémie ait ralenti afin de mener à bien ces travaux.
"Il faut analyser le sang maternel, le liquide amniotique, le sang du nouveau-né, le placenta, etc. Réunir tous ces prélèvements pendant une épidémie avec des urgences dans tous les sens n'était pas simple, c'est pourquoi c'était suspecté, mais pas démontré", précise le praticien exerçant à l'hôpital Antoine-Béclère, à Clamart (Hauts-de-Seine).
Pour parvenir à ce constat, les médecins ont mené l'étude sur une jeune femme hospitalisée début mars. 24 heures après la naissance, son nouveau-né avait présenté des symptômes sévères "similaires à ceux décrits chez un patient adulte" - qui ont fini par disparaître par eux-mêmes - notamment une rigidité des membres et des lésions au système nerveux. La naissance s'était faite par césarienne, ce qui a facilité le travail de prélèvements sur les réservoirs potentiels du virus. Résultat : le virus est bel et bien passé "à travers le cordon ombilical vers le bébé, où il s'est développé", résume le docteur Daniele De Luca.
De quoi inquiéter les futures mamans ? "La mauvaise nouvelle, c'est que ça puisse se produire", confesse le chercheur, cependant "la bonne nouvelle est que c'est rare - très rare même rapporté à la population".
Selon Marian Knight, professeure de santé maternelle et infantile à l'université d'Oxford, qui n'a pas participé à l'étude, sur plusieurs milliers d'enfants nés de mères malades, pas plus de 2% ont été testés positifs au coronavirus, et encore moins ont développé des symptômes graves. Pas de panique, donc. Et l'experte d'insister : "Le principal message pour les femmes enceintes reste d'éviter l'infection par le lavage des mains et la distanciation sociale."