SOLIDARITÉ - Plusieurs fédérations de l'emploi à domicile dénonce leur exclusion du dispositif exceptionnel de la prime Covid dont bénéficieront le personnel médical mais aussi des Ehpad. Le gouvernement renvoie la balle aux départements.
Les fédérations de l'emploi à domicile ont dénoncé mardi "l'injustice" subie par les quelque 300.000 professionnels de l'aide aux personnes vulnérables, exclus de la prime accordée aux personnels en première ligne face au coronavirus, une récompense pourtant annoncée par le gouvernement mais dont la prise en charge revient aux départements.
En première ligne face au virus
C'est mi-avril qu'a été annoncé le versement de primes pour les soignants à pied d'œuvre face à l'épidémie. Le gouvernement a également souhaité l'attribution d'une prime pour les personnels de toutes les structures médico-sociales, qu'elles soient publiques ou privées. Or, pour le secteur de l'aide à domicile, financé par les départements, "la prime reste une promesse non tenue", dénoncent huit fédérations représentatives du secteur ont publié un communiqué commun.
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Les salariés du secteur de l'aide à domicile "crient à l'injustice et demandent, à l'instar des personnels des Ehpad, le versement par l'Etat d'une prime de 1.000 euros en zone verte et 1.500 euros en zone rouge". Pour les huit fédérations - l'ADMR, Adédom, la Fédération du service aux particuliers, l'Union nationale de l'aide et des services à domicile, le Synerpa, la Fehap, la Fédésap, et la Fnaafp/CSF - les aides à domicile ont "malgré une situation financière souvent critique et la quasi-absence d'équipements de protection individuelle au départ, continué à assumer pleinement leur rôle de première ligne auprès des publics" victimes du Covid.
Quelques jours après la publication du décret officialisant le versement d'une prime aux personnels des Ehpad et des structures médico-sociales publiques, ils demandent à l'Etat "de garantir l'équité de traitement et une reconnaissance légitime de l'engagement de tout un secteur pendant cette crise sanitaire".
La balle renvoyée aux départements
Interrogé sur ce sujet à l'Assemblée nationale, le secrétaire d'Etat Adrien Taquet a souligné que le versement de cette prime incombait aux conseils départementaux, puisque ce sont eux, et non pas l'assurance maladie, qui financent les services d'aide et d'accompagnement à domicile. "Cela fait partie intégrante de leurs compétences, de leurs responsabilités", a-t-il insisté. Ce a quoi lui répond le député PS de Mayenne Guillaume Garot : "Si je comprends bien, l'Etat prend des engagements et fait des promesses que les départements doivent financer, honorer ensuite."
"Si je comprends bien, l'Etat fait des promesses et prend des engagements que les départements vont devoir financer. M. le ministre, vous allez semer de la déception, de l'injustice, et vous ne récolterez que de la colère", prévient @guillaumegarot . #Soignants #Hôpital #DirectAN pic.twitter.com/MPRMgULpUD — LCP (@LCP) June 16, 2020
Selon un décompte réalisé par la Fédésap - qui représente 75.000 des 300.000 salariés du secteur -, seuls quatre départements sur 101 ont pour le moment validé le principe d'une prime. Il s'agit du Nord, de l'Essonne, du Doubs et de la Meurthe-et-Moselle. S'y ajoutent une douzaine de départements où une réflexion "est en cours". Pour le directeur général de cette fédération, Julien Jourdan, "certains départements ne veulent pas le faire car ils sont dans une posture politique : ils veulent signifier à l'Etat qu'ils n'ont pas les moyens de leurs compétences". "Mais nous ne voulons pas être la variable d'ajustement d'un arbitrage politique", a-t-il plaidé.
Plutôt qu'un tel mécanisme "ni homogène, ni universel", il aurait été préférable "que l'Etat verse la prime directement aux salariés, via un crédit d'impôt", a-t-il expliqué.