Que sait-on des effets de la vaccination sur le "Covid long" ?

ALG
Publié le 3 août 2021 à 17h45

Source : TF1 Info

PROTECTION - Répondant à une question sur les réseaux sociaux, ce lundi, Emmanuel Macron a évoqué le risque de développer une forme longue du Covid. Quel est l'état des connaissances en la matière ?

La vaccination prémunit-elle du risque de développer un Covid long ? Emmanuel Macron, qui a décidé de se prêter au jeu des questions-réponses sur Instagram et TikTok, depuis le fort de Brégançon, l'a laissé entendre ce lundi 2 août. Interrogé sur le cas de certains jeunes qui, ne se sentant pas en danger face au Covid-19, refusent de se faire vacciner, le Président a en effet souligné le risque, pour les concernés, de développer des symptômes persistants de la maladie. 

Philippe Amouyel, épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille, alertait justement sur ce point il y a quelques jours, soulignant que des cas de Covid long sont diagnostiqués chez cette tranche d'âge. "Si les jeunes ont a priori moins de risque de développer une forme grave, le fait d'être infecté, même de façon asymptomatique, peut amener à faire des Covid longs avec toute une série de troubles dont on se demande maintenant comment on va les prendre en charge", a-t-il ainsi mis en garde sur LCI, vendredi dernier.

Outre les troubles de la concentration, "on se rend compte aujourd'hui aussi qu'il y a chez les Covid longs des symptômes neurologiques et que les effets de l'isolement ont également un impact sur la vie quotidienne, professionnelle, la vie tout court", a-t-il détaillé. Si de nombreux témoignages confortent l'intérêt de la vaccination dans la prévention des formes persistantes du virus, il est à noter qu'aucune étude n’a été publiée sur le sujet jusque-là.

Un faisceau d'indices de bon augure

Des données préliminaires apparaissent toutefois de bon augure. "Parmi les personnes vaccinées qui ont tout de même contracté le virus, le risque de se retrouver à l’hôpital avec des symptômes de Covid long est très, très faible", expliquait en juillet à NBC News Ziyad Al-Aly, épidémiologiste à l’université de Washington dont les recherches sur les effets de la vaccination sur le Covid long sont en cours. En juin, Monica Gandhi, experte en maladies infectieuses à l’université de Californie, à San Francisco, appuyait déjà cette forte probabilité. Au Los Angeles Times, elle expliquait qu'il est "très improbable que des personnes entièrement vaccinées développent une forme de Covid long" puisque le système immunitaire des vaccinés exposés au virus est prêt à leur apporter "une réponse très organisée".

Auprès de Ouest-France, qui s'est aussi récemment penché sur la question, la professeure Dominique Salmon, infectiologue à l’Hôtel-Dieu, à Paris, abonde : puisque "le vaccin diminue le risque de contracter le Covid, la probabilité de faire un Covid long en étant vacciné baisse également" a priori, résume-t-elle. 

De fait, les cas de Covid long recensés chez des personnes au schéma vaccinal complet semblent rares. De quoi déjà en tirer des conclusions ? "Étant donné que la vaccination n’a commencé à se déployer massivement qu’au cours des trois ou quatre derniers mois, il est possible que trop peu de temps se soit écoulé pour identifier des patients vaccinés atteints par une forme de Covid long", souligne NBC News dans son article du 15 juillet.

Quid des patients souffrant déjà de Covid long ?

Mais outre son aspect préventif, la vaccination pourrait aussi être bénéfique d'un point de vue curatif pour certains patients qui souffrent déjà de Covid long. C’est en effet ce que tendent à montrer des travaux menés en mars par le groupe d’intérêt britannique LongCovidSOS auprès d’environ 800 patients, dont la moitié a observé une diminution de symptômes dès la première injection du vaccin. 

"Il est possible que le vaccin aide le système immunitaire à combattre le virus résiduel qui persiste dans le corps des patients, et à éliminer ces restes", avance Akiko Iwasaki, professeure d’immunobiologie à Yale, sur le site de l’université américaine. Et de poursuivre : "Le vaccin pourrait aussi freiner une réponse immunitaire inadaptée. Ou servir à réinitialiser le système immunitaire".

Là encore, il faudra attendre les résultats d'études approfondies pour confirmer ce qui s'apparente à un faisceau d'indices encourageants. À titre de repère, selon une étude française menée auprès de 1841 patients ambulatoires et citée par le Conseil scientifique dans son avis du 11 mars dernier, "40 % des patients se plaignaient encore de symptômes à 5 mois de leur infection, avec un impact de ces symptômes sur la vie de tous les jours dans 69 % des cas". 

Désormais reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou la Haute autorité de santé (HAS), le Covid long se caractérise par au moins une cinquantaine de manifestations différentes, dont les plus fréquentes sont la fatigue ou les maux de tête.


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