VIRUS - Une récente étude suggère que les cas de Covid longs ont des ressorts psychologiques. Non sans susciter la colère des patients ainsi que des critiques scientifiques.
Le Covid long serait d'ordre psychologique. C'est ce qui ressort d'une étude publiée en début de semaine dans le Journal of the American Medical Association (Jama), l'une des principales revues médicales mondiales. De quoi faire bondir les patients concernés, et susciter de nombreuses critiques scientifiques.
L'étude, coordonnée par Cédric Lemogne, chef du service psychiatrie de l'Hôtel-Dieu à Paris, s'est intéressée à environ 25.000 personnes suivies pendant des mois par les autorités françaises de santé publique pour évaluer de multiples effets du Covid.
"Des mécanismes cognitifs et comportementaux"
D'un côté, ces personnes ont répondu à des questionnaires, à la fois pour dire si elles ont été malades et si elles ressentent toujours des symptômes longtemps après. De l'autre, la réalité de leur maladie a été mesurée par des tests sérologiques qui permettent de confirmer ou non une infection a posteriori. L'étude conclut que la plupart des symptômes associés au Covid long sont bien plus associés au fait de se dire ancien malade qu'à celui d'avoir été testé positivement, même si ces deux situations se recoupent logiquement beaucoup.
Chez les patients qui se plaignent de symptômes durables, il faut donc chercher à "identifier des mécanismes cognitifs et comportementaux" et veiller à ne pas les "attribuer par erreur à une infection au Covid-19", concluent les auteurs.
Des interprétations "stigmatisantes"
Immédiatement, la colère a pris les associations de patients atteints de Covid long qui accusent l'étude de nier la réalité de leur trouble en lui donnant une explication essentiellement psychologique. Cette étude donne lieu à des interprétations "stigmatisantes, dangereuses et nuisibles pour les Covid(s) long(s), d'autant qu'elles sont contestées et non reconnues par l'ensemble de la communauté scientifique et associative internationale", a jugé jeudi l'association française AprèsJ20, également très virulente contre un article du Monde relayant cette publication.
Les critiques sont loin d'être le seul fait des associations de patients. "Un test sérologique (...) n'est pas fiable comme marqueur d'une précédente infection", juge le virologue britannique Jeremy Rossman, cité par l'organisme Science Media Center. C'est la principale objection contre cette étude. Un test sérologique a plus de risque de "rater" un Covid passé que d'en faire état par erreur, ce qui biaise les résultats.
Les auteurs de l'étude se sont défendus, dans Le Monde, en soulignant notamment que leur étude montrait bien une association entre une infection réelle et un symptôme durable : la perte de l'odorat. Selon eux, c'est bien la preuve que leur méthode peut distinguer quelles manifestations supposées du Covid long sont réellement liées à une infection. Car ce trouble reste très vaguement défini et cette polémique fait aussi ressortir la difficulté à cadrer les recherches sur le sujet.
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