Course au vaccin : où en est le candidat français de Sanofi ?

Publié le 16 novembre 2020 à 16h34, mis à jour le 16 novembre 2020 à 16h55
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Image d'illustration - Source : simon2579 / iStock

RECHERCHE – Deux "candidats-vaccins" américains et un russe semblent avoir pris une longueur d'avance dans la course que se livrent les labos du monde entier. Voici ce que l’on sait des essais cliniques menés par Sanofi, le laboratoire français.

Avec les annonces des laboratoires Pfizer et Sputnik-V la semaine dernière et celle de Moderna ce lundi 16 novembre, la communication sur la recherche menée contre le Covid-19 s’est accélérée brutalement. Dans le monde, 47 candidats-vaccins, évalués dans des essais cliniques conduits sur l’Homme, ont été recensés par l’OMS début novembre. 

Dix de ces essais sont parvenus à la phase 3, la dernière avant homologation. Côté français, le président de Sanofi France a annoncé dimanche 15 novembre pouvoir présenter un vaccin au mois de juin 2021. Bonne nouvelle semble-t-il, mais quels résultats préliminaires obtiennent ses essais cliniques ? Comment se positionne le laboratoire dans la course au vaccin ? 

La phase 3 en ligne de mire

Le président de Sanofi France Olivier Bogillot s’est exprimé, sur CNews le 15 novembre, sur l’avancée du laboratoire dans la recherche d’un vaccin contre le virus. Précision importante, le président du groupe s’est focalisé sur les résultats de l’essai conduit avec la multinationale britannique GSK et l’agence publique américaine BARDA ; le géant pharmaceutique s’étant engagé dans plusieurs essais à la fois, avec deux technologies différentes (lire plus bas). "L’essai 2 n’est pas totalement terminé, on aura les résultats d’ici deux à trois semaines", a donc indiqué Olivier Bogillot avec prudence, estimant qu’il était "trop tôt" pour livrer des premières conclusions. "Ce n’est pas totalement négatif, on n’a pas de signaux d’intolérance qui feraient qu’on serait obligés d’arrêter cet essai", a-t-il pu en dire. 

Cette deuxième phase de l’essai clinique a démarré en septembre et est actuellement conduite sur 440 patients, a précisé Sanofi à LCI. Si elle se révèle concluante, elle devrait enchainer sur la 3e phase au mois de décembre, la dernière avant homologation, et mobiliser "plus de 30 000 personnes représentants différentes tranches d’âge dans plusieurs pays", selon le groupe. Et ensuite ? "L’objectif est d’obtenir l’approbation des autorités sanitaires d’ici le premier semestre 2021 puis de mettre les premières doses de notre vaccin à disposition des populations", avance Sanofi.

Sachant que la phase 3 des essais n’est pas encore lancée, des éléments importants ne sont pas connus aujourd’hui, ou du moins ne sont pas communiqués par le groupe pharmaceutique français : le nombre nécessaire de doses à injecter pour protéger du virus, la durée de protection immunitaire que procurerait le vaccin, ses éventuels effets secondaires sur le long terme, ou encore son coût. 

Deux technologies différentes pour plusieurs vaccins

Pour multiplier ses chances de trouver un antidote contre le Covid-19, le laboratoire français a rapidement décidé de miser sur plusieurs chevaux à la fois. Ainsi, Sanofi se vante d’être "l’une des seules entreprises au monde à travailler à la recherche de candidats vaccins contre le Covid-19 en explorant deux approches technologiques différentes". Le groupe cherche donc à développer avec GSK et les autorités de santé américaines "un vaccin à base de protéine recombinante", une technique déjà utilisée dans le vaccin contre la grippe saisonnière "permettant de produire industriellement de très grandes quantités d’antigènes, les protéines injectées pour stimuler la réponse du système immunitaire contre le virus" et pouvant se conserver au réfrigérateur "entre 2°C et 8°C". 

Sanofi travaille également sur un autre type de vaccin, à base d’ARNm (à l’image de ce que testent aujourd’hui les laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna), en partenariat avec le laboratoire américain de biotechnologie Translate Bio. "Ce mécanisme novateur amène les cellules du corps humain à fabriquer leurs propres antigènes du virus auquel le système immunitaire répondra. Même s’il s’agit d’une technologie prometteuse, elle n’a pas encore été utilisée dans un produit vaccinal approuvé", indique Sanofi. Seules des "données précliniques" ont été conduites pour le moment et les essais de phase 1 et 2 doivent commencer début 2021. Dans cette optique, le groupe sur une "potentielle approbation" au deuxième semestre 2021. 

La production sera lancée malgré le risque d’échec

En lançant la phase 3 de ses essais conduits avec GSK, Sanofi compte également démarrer la production, même si cela représente un "risque" en cas d’échec de ses travaux, a confié Olivier Bogillot. Le laboratoire souhaite fabriquer jusqu’à 1 milliard de doses par an dès l’année prochaine et 300 millions de doses ont déjà été commandées par l’Europe, dans le cadre d’un accord conclu en septembre entre Sanofi et la Commission européenne. S’agissant du vaccin développé par ARN messager, le groupe espère pouvoir en fabriquer jusqu’à 360 millions de doses par an. 


Caroline QUEVRAIN

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