Covid-19 : les millions de tests par semaine sont-ils encore utiles ?

Publié le 14 janvier 2022 à 6h19

Source : JT 20h WE

CRISE SANITAIRE - Chaque jour, près de deux millions de Français réalisent un test PCR ou antigénique, un niveau jamais atteint depuis le début de la pandémie. Face à la forte circulation du virus, est-ce encore utile ?

Le dépistage bat des records. Chaque jour, selon les données de l'Assurance maladie, environ 1,7 million de personnes se rendent dans un centre dédié, en laboratoire ou en pharmacie pour se faire tester. Une stratégie assumée par l'exécutif. "Huit millions de tests en une semaine, il n'y a aucun pays quasiment qui teste autant que nous", se félicitait début janvier le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur France inter. "Seul un dépistage intensif nous permet de garder les écoles ouvertes", insistait-il en début de semaine au Sénat.

Pour certains scientifiques, ces tests à grande échelle demeurent nécessaires pour analyser la circulation du virus. "Nous avons besoin de tester beaucoup pour continuer à avoir un minimum d'avance sur le virus", juge Anne Sénéquier, médecin et co-directrice de l'Observatoire de la santé mondiale à l'Iris. "Si nous n'avons pas la corrélation entre le nombre de cas et le nombre d'hospitalisations, nous n'aurons pas non plus de données sur la virulence véritable du variant Omicron."

Les tests groupés, la solution pour désengorger ?

Mais, en conséquence, les files d'attente débordent. Les Français doivent parfois patienter plusieurs heures avant de se faire tester. Et ce dépistage intensif, remboursé dans la quasi-totalité des cas (sauf pour les majeurs qui ne sont ni vaccinés ni cas contacts ni en possession d'une ordonnance) représente un coût pour l'État. Selon l'Assurance maladie, les 170 millions de tests effectués en 2021 ont coûté 6,7 milliards d'euros.

Pour l'épidémiologiste Catherine Hill, il faudrait mettre fin à cette situation. "Nous n'avons jamais réalisé les tests de façon rationnelle : on dépiste les personnes qui choisissent d'aller se faire tester. Ce n'est pas une stratégie, et cela coûte très cher", déplore-t-elle auprès de LCI. "Depuis le début de la pandémie, je pense que nous ne trouvons qu'un cas sur trois. En ce moment, c'est peut-être un peu plus, mais pour contrôler l'épidémie, il faut trouver les personnes contagieuses avant le développement des symptômes."

Depuis le début de la crise, Catherine Hill réclame la mise en place de tests groupés : plusieurs prélèvements réunis dans un seul échantillon. "Dans toutes les écoles et les entreprises, il faudrait réaliser, deux fois par semaine, des tests groupés avec 20, 30 ou 40 personnes", insiste-t-elle, un moyen selon elle de combler les trous dans la raquette. "Le prélèvement serait rassemblé dans le même tube, ce qui coûterait beaucoup moins cher. Si le virus est trouvé dans le tube, cela veut dire qu'il circule. Ce système a été beaucoup utilisé dans les universités américaines, en Suisse ou en Autriche."

En attendant, le gouvernement souhaite poursuivre dans sa stratégie. Selon son porte-parole, Gabriel Attal, le nombre de centres de tests va encore augmenter ces prochains jours, avec une installation à proximité des centres de vaccination. L'exécutif mise aussi sur les autotests, dans la lumière depuis les fêtes de fin d'année, pour désengorger les laboratoires sans diminuer le dépistage.


Idèr NABILI

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