Covid-19 : est-il encore trop tôt pour crier victoire ?

Publié le 3 février 2022 à 17h48

Source : TF1 Info

Depuis plusieurs jours, certains indicateurs ont viré au vert en France, et les restrictions commencent à être allégées.
À plus long terme, l'OMS appelle pourtant les pays à ne pas déclarer victoire trop vite.
Quelles sont les réserves à l'accalmie de la situation ?

La France arrive-t-elle enfin au bout de la cinquième vague de Covid-19 ? Depuis quelques jours, le pays enregistre plusieurs indicateurs positifs, et la situation semble s'inverser : le nombre de nouveaux cas quotidiennement enregistrés est en baisse, tandis que le nombre de personnes admises en soins critiques a cessé d'augmenter. Mercredi 2 février, de premiers allègements, portant sur le masque à l'extérieur, le télétravail et les jauges dans les grands rassemblements, sont même entrés en vigueur.

Malgré ces bonnes nouvelles, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé les pays à ne pas se réjouir trop vite. "Il est prématuré pour tout pays de se rendre ou de déclarer victoire", a déclaré mardi son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Nous recommandons toujours la prudence [...] y compris dans la levée de ces mesures qui doit être faite de façon lente et constante, petit à petit", a renchéri Maria Van Kerkhove, en charge de la gestion de la pandémie à l'OMS. "Ce virus est très dynamique et nous avons encore beaucoup à apprendre de lui."

La vaccination des personnes âgées toujours pas complète

À court terme, la France doit encore scruter ses indicateurs hospitaliers durant "une quinzaine de jours", estime auprès de TF1info l'épidémiologiste et professeur de santé publique au CHU de Lille, Philippe Amouyel. Pour l'heure, plus de 32.000 personnes sont hospitalisées avec le Covid-19, proche du record de la pandémie (plus de 33.000 en novembre 2020), et la hausse reste constante.

En soins critiques, le nombre de patients s'est stabilisé autour de 3700, sans baisse massive jusqu'ici. Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, prévoit que l'impact de la cinquième vague sur le système de soins se ressente encore jusqu'à mi-mars.

Parmi les autres indicateurs qui imposent de la prudence à la France, celui de la vaccination. Si plus de 80% de la population totale a reçu au moins une dose, le nombre de personnes âgées non-vaccinées reste important. D'après les données du ministère de la Santé, 500.000 Français de plus de 80 ans n'ont pas encore reçu la moindre dose. Ils sont même plus d'un million si les 65-79 ans sont pris en compte dans le calcul. Or, ces tranches d'âge demeurent les plus exposées au risque de développer des formes graves de la maladie.

Le sous-variant d'Omicron, un risque ?

Autre point de prudence : les contaminations. Elles sont en baisse constante dans le pays, et le pic de la cinquième vague semble enfin derrière nous, même si certaines régions n'ont pas encore basculé vers la décrue. Mais le risque de résurgence persiste. "Il peut toujours y avoir des rebondissements, un redémarrage par le sous-variant BA.2", prévient Philippe Amouyel.

Cette mutation pourrait contaminer des personnes déjà infectées précédemment par Omicron, ce qui remettrait en cause l'immunité naturelle. Des statistiques seront disponibles prochainement, a promis sur BFMTV le ministre de la Santé Olivier Véran. Sur ce point, "nous aurons l'expérience des Danois", où le sous-variant circule déjà, "et qui vont libérer leurs mesures barrières", poursuit Philippe Amouyel. "Si cela ne redémarre pas au Danemark, cela sera de bon augure pour la France."

À plus long terme, le pays devra aussi éviter une sixième vague, potentiellement provoquée par l'émergence de nouveaux variants. "Avec toutes les personnes contaminées ou vaccinées, nous commençons à avoir une bonne couverture immunitaire, qui permettrait de freiner l'entrée des variants", estime toutefois l'épidémiologiste. Le virus prendrait alors une forme endémique, avec des "pics hivernaux, comme beaucoup d'autres maladies", conclut-il.


Idèr NABILI

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