"Un pic épidémique à la fin de l’été" : se dirige-t-on tout droit vers la saturation des hôpitaux ?

Publié le 23 juillet 2021 à 13h52

Source : TF1 Info

VARIANT DELTA - Mercredi devant les députés, Olivier Véran a évoqué "un pic épidémique à la fin de l’été". Ce scénario est-il le plus probable ?

L'ombre du variant Delta plane plus que jamais sur l'été. La France connaît actuellement une flambée des contaminations au Covid-19 : près de 22.000 cas quotidiens recensés jeudi, soit dix fois plus qu'il y a un mois. De quoi faire craindre à Olivier Véran une saturation des hôpitaux dans quelques semaines.

"Toutes les modélisations sont concordantes, elles nous prévoient un pic épidémique à la fin de l’été qui viendrait encombrer nos services hospitaliers si rien n’est fait", a déclaré mercredi le ministre de la Santé à l'Assemblée nationale. Le scénario, effectivement envisagé par plusieurs modélisations, est-il désormais le plus probable ?

Depuis quelques jours, le service du docteur Nicolas Bruder, chef du pôle anesthésie-réanimation à l'hôpital de la Timone, à Marseille (Bouches-du-Rhône), compte six patients atteints du Covid-19. Et le médecin s'attend à de nouvelles tensions début août. "Il y a deux semaines, il y avait très peu de malades atteints du Covid et là on en est déjà à 30 patients et les lits sont pleins, la pression augmente", explique-t-il à TF1, dans la vidéo en tête de cet article.

On est dans la phase exponentielle du virus
Philippe Amouyel

"On est dans la phase exponentielle du virus, qu'on attendait", confirme à LCI le professeur Philippe Amouyel, soulignant qu'"en France, les modélisations tiennent comptent du nombre de gens vaccinés à date (...) et des analyses de classes d'âge"

"À partir de cela, différents experts ont modélisé qu'à partir d'un certain seuil de contaminations, avec un décalage de trois ou quatre semaines au moins, on risque d'avoir une saturation des hôpitaux, en particulier fin août, voire début septembre", poursuit l'épidémiologiste. 

À la fin de l'été, "les jeunes vont rencontrer les moins jeunes"

Si Philippe Amouyel concède que "le rythme de vaccination actuel va plutôt dans le bon sens", il rappelle aussi "que le temps d'avoir une vaccination complète protectrice, il faut entre quatre et six semaines". "On peut donc craindre qu'à la fin août, on se retrouve avec un pic d'hospitalisations et de réanimations", enchaîne le spécialiste, professeur de santé publique au CHU de Lille.

D'autant qu'à la fin du mois d'août, voire début septembre, "les jeunes en particulier, chez qui le virus a beaucoup circulé, vont rencontrer les moins jeunes, dont certains ne seront pas encore complètement vaccinés, ou même pas du tout. Ceux-là, essentiellement, risquent de faire des formes graves."

"Il y a une proportion non négligeable, de 10% à 15% des personnes les plus âgées, qui n'est pas encore vaccinée. Il faut se rappeler qu'à la première vague, il y avait à peu près 7% des gens qui avaient été atteints, et cela avait suffi pour saturer les hôpitaux", ajoute pour TF1 le docteur Luc Dauchet, maître de conférence en santé publique au CHU de Lille (Nord).

Alors que le ministre de la Santé a mis en garde contre un risque de "pic épidémique" à cette période "si rien n'est fait", le docteur Philippe Amouyel estime qu'"il n'y a pas, aujourd'hui, de raison pour que la flambée des contaminations s'arrête, sauf à ce que le pass sanitaire s'applique de manière extrêmement efficace et contrôlée, et à ce que la vaccination progresse."

Autres solutions apportées par l'épidémiologiste : "Cibler les plus âgés qui ne sont pas vaccinés" et encourager "une meilleure responsabilisation des gestes barrières".


Maxime MAGNIER

Tout
TF1 Info