RESTRICTIONS - Le président de la République Emmanuel Macron a affirmé jeudi soir que "nous aurons de nouvelles mesures à prendre dans les prochains jours et semaines" pour contrer l'épidémie de Covid-19. Scientifiquement, un confinement total est-il encore évitable ?
Alors que 19 départements subissent désormais des mesures de freinage renforcées, de nouvelles restrictions ne sont pas exclues. En marge du Conseil européen, jeudi soir, Emmanuel Macron a prévenu : "dans les prochains jours et semaines, nous aurons de nouvelles mesures à prendre". Selon le chef de l'État, "les semaines qui viennent seront difficiles" et impliquent que le gouvernement prenne "toutes les mesures utiles en temps en en heure".
Dès lors, quelles nouvelles restrictions pourraient entrer en vigueur ? Pour certains scientifiques, il n'y a plus le choix : il faut confiner le pays. "Avec ce variant, il faut des mesures plus sévères", demande par exemple Dominique Costagliola, directrice de recherches à l'Inserm. "Je ne vois pas comment nous allons nous en sortir dans les écoles où la situation s'aggrave. Au point où nous en sommes, je ne vois pas non plus comment nous pouvons ne pas aller vers un confinement total. La situation va de toute façon l'imposer", juge-t-elle au micro de France info.
"Garder le doigt sur le bouton stop, sur le confinement réel"
Certains hospitaliers demandent aussi au gouvernement d'aller plus loin. Les mesures actuelles ont peu de chances "d'inverser les courbes qui sont vertigineuses", alertait mardi sur LCI Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France et maire de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Il appelait alors l'exécutif à "garder le doigt sur le bouton stop, c'est-à-dire sur le confinement réel".
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Pour le virologue Vincent Maréchal, "les mesures actuelles ne sont pas adaptées à la dynamique du virus", qui "est en train de flamber dans une population qui ne respecte pas totalement les gestes barrières, avec des circonstances de la vie favorables à la circulation virale", explique-t-il à LCI. "Si la responsabilité individuelle, à laquelle le gouvernement a appelé les Français" lors de l'annonce de la mise en place des nouvelles mesures, ne suffit pas pour endiguer l'épidémie, "le confinement reste effectivement la seule solution technique", estime-t-il.
L'émergence de nouveaux variants, l'autre crainte
Toutefois, une telle mesure serait "la réponse apportée à l'échec des mesures individuelles", estime Vincent Maréchal. "Jeudi, il y eu plus de 45.000 nouveaux cas, nous ne sommes vraiment plus dans une dynamique sereine", poursuit-il. "Si nous restons dans une dynamique explosive, il faut appuyer fort. Cela veut dire prendre des mesures strictes. Aujourd'hui, je ne vois pas quel serait le miracle qui nous mettrait dans une situation dans laquelle le virus disparaitrait spontanément."
Surtout, le virologue craint l'émergence de nouveaux variants avec une telle circulation du virus. "Plus vous laissez le virus circuler, plus vous prenez le risque d'avoir des mutations", rappelle Vincent Maréchal. "En période de très forte circulation, comme actuellement, il y a le risque d'avoir des variants appelés recombinants, qui apparaissent de façon privilégiée lorsque plusieurs virus circulent à très haut niveau en même temps."
Face à ces appels scientifiques, le gouvernement a une nouvelle fois indiqué vendredi que des mesures plus fortes étaient sur la table. En marge d'une visite à Clermont-Ferrand ce vendredi, le ministre de la Santé Olivier Véran a assuré que "si l'épidémie devait continuer de flamber et que la charge hospitalière devait augmenter à nouveau, nous serions amenés à proposer des mesures plus fortes de freinage". Les indicateurs des prochains jours risquent donc d'être décisifs.