LE JOUR D'AVANT - Le "retro-tracing" ou "traçage à la japonaise" est expérimenté jusqu'à la fin du mois d'avril dans deux départements français parmi les moins touchés par la reprise épidémique. Si elle a fait ses preuves au Japon, cette méthode est-elle adaptable à la France ?
C'est Thomas Fatôme, le directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), qui l'a annoncé : la méthode dite du "traçage à la japonaise", ou "retro-tracing", est testée depuis la semaine dernière en Côte d'Or et en Loire-Atlantique, une expérimentation qui s'achèvera à la fin du mois d'avril. Il s'agit d'une approche inverse à celle que l'on utilise actuellement en France pour la détection des cas-contacts. Plutôt que de localiser toutes les personnes qu'un patient positif a pu contaminer, on cherche à remonter au moment où lui-même a été infecté.
Ainsi que Thomas Fatôme l'expliquait au Parisien, "avec le rétro-tracing, on remonte en arrière et on interroge les personnes positives sur le moment même de leur contamination. On leur demande si elles ont une idée de l’endroit où elles ont pu être infectées, au cours d’un repas professionnel sans masque, par exemple, ou d’une réunion sans respect des gestes barrières. "
Ce sont ensuite tous les participants à ces évènements détectés comme de potentiels clusters, que les autorités sanitaires vont contacter : "Nous demandons ensuite à tous ceux qui y participaient de s’isoler et de se faire tester", conclut le directeur de la CNAM. C'est bien l'inverse de la pratique actuelle de localisation des "cas-contacts", laquelle consiste à déterminer toutes les personnes qu'un patient donné a pu contaminer. De l'aval, on passe à l'amont, d'où l'autre nom de la méthode : le "traçage rétrospectif".
Au Japon : dépistage et gestes barrières, le vaccin peut attendre
Plusieurs pays d'Asie, et principalement le Japon, ont mis en place très tôt cette stratégie. Les personnes infectées lors d'évènements de propagation collective sont ainsi localisés et isolés. Ce dispositif s'ajoute à un respect des gestes barrières particulièrement observé. À l'inverse, la stratégie vaccinale nippone patine, à cause d'une réglementation complexe et d'une difficulté d'approvisionnement. Mais, si on assiste à une légère remontée de l'épidémie ces derniers jours, la moyenne quotidienne de nouveaux cas recensés au Japon reste à inférieure à 2000, pour un pays de 126 millions d'habitants.
Le nerf de la guerre : les "évènements super-propagateurs"
En déterminant les circonstances de la contamination, on se donne les moyens de détecter les évènements très propagateurs, et un nombre plus important de personnes contaminées, ce qui serait beaucoup plus efficace pour enrayer l'épidémie. Dès le mois d'octobre dernier le médecin épidémiologiste Antoine Flahault en faisait même une priorité, comme on le voit dans le tweet ci-dessous.
Tout tient à certaines caractéristiques du Covid-19. D'une part, la phase "pré-symptomatique", pendant laquelle un individu est contagieux sans même savoir qu'il est contaminé, la signature de ce virus et sa plus grande force. D'autre part, son faible taux de dispersion : l'immense majorité des malades ne contaminent qu'une à deux personnes, ce sont les "évènements super-propagateurs" qui accélèrent l'épidémie et décident de son rythme. Les détecter très tôt a donc une importance cruciale, selon Antoine Flahault, beaucoup plus que les transmissions individuelles.
Le problème majeur de l'adaptation du "traçage à la japonaise" au cas français tient au volume des contaminations. Réputé impossible à mettre en œuvre au-dessus de 5000 nouveaux cas par jour, il s'agit avant tout de préparer ce dispositif pour le reflux (tant espéré) de l'épidémie en France.
Ce serait pour cette raison que le système n'a pas été essayé plus tôt, selon Thomas Fatôme : "Cette technique nécessite que la circulation du virus ne soit pas trop importante. C’est pourquoi nous l’expérimentons aujourd’hui dans des territoires moins touchés par l’épidémie. L’idée, c’est de tester cet outil aujourd’hui pour pouvoir le déployer dès que la circulation du virus aura suffisamment ralenti. Non pas pour remplacer le traçage classique, mais pour le compléter."
Pour le directeur de la CNAM, le traçage des cas contacts pratiqué jusqu'ici n'est d'ailleurs pas l'échec que l'on croit généralement : "L’efficacité du contact tracing ne se perçoit pas facilement puisque, par définition, nous évitons des contaminations", explique-t-il, "et celles qui n’ont pas lieu ne sont pas comptabilisées !"
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