Masques, vaccination, immunité collective... Un sénateur centriste multiplie les contre-vérités

Publié le 21 décembre 2021 à 19h18
Masques, vaccination, immunité collective... Un sénateur centriste multiplie les contre-vérités
Source : Nicolas TUCAT / AFP

DÉSINFORMATION - Pourtant triplement vacciné, le sénateur de Haute-Savoie Loïc Hervé a affiché son scepticisme sur l'efficacité de la politique sanitaire actuelle. Sous couvert de défendre les libertés individuelles, il a relayé une série de messages trompeurs via son compte Twitter.

S'ils sont tous élus ou ex-élus, Martine Wonner, Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot ont également comme point commun de se voir régulièrement épinglés en raison de leur propension à propager de fausses informations sur la crise sanitaire. Moins médiatique, le sénateur centriste de Haute-Savoie Loïc Hervé fait partie des parlementaires que l'on qualifie généralement de "modérés" et bien moins controversés.

L'annonce d'un pass vaccinal l'a pourtant fait bondir : il a ainsi déploré ces derniers jours dans une interview "un escalier sans retour où mois après mois, la seule variable d’ajustement pour faire face à l’épidémie est d’atteindre aux libertés publiques". Sur son compte Twitter, le sénateur a publié une série de messages, débutée en précisant qu'il fait figure aux yeux de la société de "bon citoyen", puisque "vacciné x 3". Dans la foulée, il glisse porter le masque "même si ça ne présente aucun intérêt sur un plan sanitaire", et déplore que "la vaccination n'a pas conduit à la fameuse immunité collective". Avant de souligner que "le pass sanitaire ne protège pas de la contamination". Des propos trompeurs.

Le masque, un outil central

Aucun intérêt à porter le masque sur un plan sanitaire ? Par ces propos, Loïc Hervé rappelle la position de certains militants, mettant en doute depuis le début de l'épidémie leur efficacité. Si l'élu n'utilise pas le terme de "muselière", régulièrement employé par les opposants au masque, il met clairement en doute la pertinence de son port, allant ainsi à l'encontre d'un vaste consensus scientifique. 

Jean-Christophe Lucet, responsable de l'équipe de prévention du risque infectieux (EPRI) à l'hôpital parisien Bichat, rappelait ainsi au printemps à LCI que "ce que l'on sait aujourd’hui avec certitude, c'est que le port du masque réduit le risque de transmission lorsqu'il est porté en intérieur". Le membre de l'unité Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution (IAME) de l'Inserm citait d'ailleurs en exemple des travaux menés par l'Institut Pasteur, justifiant ainsi les fermetures de restaurants qui avaient été décidées à l'époque par les autorités. 

Plus récemment, ce sont des travaux publiés dans le British Medical Journal qui sont à leur tour venus confirmer l'efficacité des masques. Analysant plus de 30 études réalisées à travers le monde depuis le début de la pandémie, les chercheurs y ont vu la mesure la plus efficace contre la propagation du Covid-19, réduisant son taux d'incidence de 53%. Ces résultats ne surprendront pas les chirurgiens et autres professionnels de santé, habitués à porter le masque depuis de longues années, en particulier à l'hôpital. Dès le début de la pandémie, ils ont multiplié les interventions, tant pour en expliquer l'utilité que pour rassurer la population, notamment sur l'absence de risque en cas de port prolongé.

Le vaccin, un outil clé pour l'immunité collective

Loïc Hervé note dans ses messages que le pass sanitaire ne protège pas des contaminations. C'est partiellement vrai, mais il faut souligner que le Conseil scientifique a dès le début vu dans cet outil un moyen de "minimiser les risques de contamination par le virus Sars-CoV-2", sans garantir de s'en prémunir totalement. De la même manière d'ailleurs que le vaccin, conçu avant tout pour protéger des formes graves et qui ne protège que partiellement de l'infection.

Par ailleurs, en ce qui concerne l'objectif d'une immunité collective en revanche, le sénateur diffuse des propos trompeurs. Il est juste de souligner qu'à l'heure qu'il est et malgré la vaccination, nous ne sommes pas parvenus à atteindre cette immunité, mais cela s'explique en réalité non pas par un manque d'efficacité du vaccin. Il faut plus l'expliquer par la trop haute proportion de Français qui restent hostiles à la vaccination. 

Aujourd'hui, les experts estiment qu'une population à 90% vaccinée serait un seuil minimum à atteindre pour espérer une immunité collective. Ce qui reste encore assez lointain en raison des quelque 18 millions de personnes qui ne présentent aujourd'hui pas de schéma vaccinal complet. L'ouverture des injections aux 5-11 ans pourrait d'ailleurs permettre de s'approcher peu à peu des 90%.

Enfin, il convient de noter que le virus face auquel nous luttons désormais n'est plus tout à fait le même que celui qui circulait à l'époque où furent développés les vaccins. "l'arrivée de variants plus infectieux a augmenté la proportion de la population nécessitant d’être protégée", soulignait auprès de LCI il y a quelques jours l'immunologiste de l'Inserm Frédéric Rieux-Lauca. 

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Thomas DESZPOT

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