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Non, le rapport d'autopsie d'une personne décédée après un vaccin n'est pas "inquiétant"

Publié le 26 juin 2021 à 13h49
Non, le rapport d'autopsie d'une personne décédée après un vaccin n'est pas "inquiétant"

Source : iStock

PROTECTION - Sur Twitter, François Asselineau s'est appuyé sur les "révélations" de l'autopsie d'une personne vaccinée pour écrire que les vaccins ont "des effets encore inconnus". Sa publication est trompeuse.

La publication commence par deux mots, écrits en lettres majuscules : "découverte inquiétante". Le ton est donné. Sur les réseaux sociaux, François Asselineau a partagé  le 15 juin un article de blog qui cite le premier rapport d'autopsie réalisée sur une personne vaccinée. Selon le fondateur de l'Union populaire républicaine (UPR), le document "révèle que les protéines spike" du virus "étaient présentes dans presque tous les organes du patient". Il insinue dès lors que les vaccins seraient dangereux, concluant qu'ils ont "des effets encore inconnus" et qu'ils "peuvent peut-être même accélérer la propagation", du virus dans le corps. Il n'en est rien. François Asselineau a complètement déformé les conclusions des chercheurs.

Dans cette étude postmortem, publiée dans l'International Journal of infectious Diseases en juin, les auteurs décrivent les antécédents d'un homme de 86 ans, résident d'une maison de soin, décédé d'une pneumonie bactérienne et d'une insuffisance rénale. Cette autopsie avait un double intérêt pour la science. Le patient avait été testé positif au coronavirus – qu'il aurait contracté par son voisin de chambre à l'hôpital – et il avait reçu sa première dose du vaccin Pfizer quatre semaines avant son décès. Ce rapport est donc bien le "premier cas d'étude post mortem chez un patient vacciné", comme écrit dans l'intitulé de l'étude. Mais le patient n'est décédé ni des suites du vaccin, ni du coronavirus. 

L'auteur dément cette interprétation

Pendant plus de deux semaines après la vaccination, l'homme n'avait présenté aucun symptôme apparent du coronavirus. Hospitalisé le 18ᵉ jour après l'injection, en lien avec une aggravation de sa diarrhée, il a été testé positif une semaine après son arrivée à l'hôpital. Il est décédé un jour plus tard. Quelles sont les conclusions de l'équipe de chercheurs allemands ? L'autopsie montre que la protéine spike -  présente sur l'enveloppe du virus - a été détectée dans plusieurs des organes vitaux du patient. Pourtant, les auteurs observent que l'homme n'avait montré aucun signe clinique du coronavirus. 

Ces résultats suggèrent donc, selon les conclusions des chercheurs, qu'une seule dose d'un vaccin à ARNm provoque "l'immunogénicité" - la réaction immunitaire - sans que "l'immunité stérile" - lorsque le système immunitaire empêche complètement l'infection -  ne soit aboutie. Ils estiment donc que la réponse immunitaire liée à la première dose du vaccin de Pfizer a pu empêcher les symptômes du coronavirus sans contrer sa propagation dans le corps. Des conclusions qui ne sont pas une "découverte", malgré ce que pense François Asselineau, et encore moins "inquiétantes". Les chercheurs reconnaissent eux-mêmes que leurs conclusions ne font que "confirmer la vision" générale sur le sujet. 

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À l'instar du candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2017 (0,9% des voix), d'autres figures anti-vaccin ont déjà partagé cette fausse information aux États-Unis. Provoquant la réaction de l'auteur principal. Auprès de Factcheck.org, Torsten Hansen s'est ainsi étonné de cette interprétation qu'il décrit comme "absolument trompeuse" et "totalement contradictoire" avec ses travaux. Chercheur à l'université de Bielefeld, il a également tenu à souligner que son équipe n'avait trouvé "aucun signe d'effet secondaire de la vaccination" dans les organes examinés.

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Felicia SIDERIS

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