La France face à une 3e vague d'ampleur

Brésil : la ville de Manaus a atteint l'immunité collective

Publié le 24 septembre 2020 à 13h24
Un fossoyeur dans le cimetière de la ville de Manaus, au Brésil, où des victimes du Covid-19 sont enterrées. Photo prise en Juin 2020.

Un fossoyeur dans le cimetière de la ville de Manaus, au Brésil, où des victimes du Covid-19 sont enterrées. Photo prise en Juin 2020.

Source : Michael DANTAS / AFP

ANALYSES - Selon une étude publiée récemment par des chercheurs internationaux, la ville de Manaus, au Brésil, bénéficierait désormais d'une immunité collective permettant de contrôler la circulation de la Covid-19.

Hôpitaux débordés, cadavres entassés dans des camions frigorifiques, fosses communes... Lorsque l'épidémie y était à son apogée en mai dernier, les images de la ville de Manaus, au Brésil, ne laissait transparaître que l'horreur. Elle a enregistré jusqu'alors 2.462 décès. S'il s'agissait d'un pays, il aurait le deuxième taux de mortalité le plus élevé au monde, avec 100,7 décès pour 100.000 habitants. Ces deux dernières semaines pourtant, la mortalité dans cette ville située dans la forêt amazonienne a chuté de façon spectaculaire pour atteindre une moyenne de 3,6 par jour.

Selon une étude, réalisée par 34 chercheurs brésiliens et internationaux publiée sur le site medRxiv, la ville de 2,2 millions d'habitant bénéficierait désormais d'un niveau d'immunité collective permettant de contrôler la circulation virale. 66% des habitants de Manaus posséderaient des anticorps contre le coronavirus.

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La voie dangereuse de l'immunité collective

"Il apparaît que l'exposition au virus lui-même ait entraîné une baisse du nombre de nouveaux cas et de décès à Manaus", a déclaré Ester Sabino, professeur de médecine de l'université de Sao Paulo et coordinateur de l'étude, qui n'a cependant pas encore fait l'objet d'un examen par des pairs. Résultat : Manaus est l'une des villes brésiliennes qui se déconfine le plus rapidement. Pour des experts de la santé cependant, chercher à atteindre l'immunité grégaire serait une voie dangereuse pour les décideurs politiques. "L'immunité collective par infection naturelle n'est pas une stratégie, c'est le signe qu'un gouvernement n'a pas réussi à contrôler une épidémie et qu'il en paie le prix en vies perdues", tweete Florian Krammer, professeur de microbiologie à l'école de médecine Icahn de l'hôpital Mount Sinai à New York. Le Brésil est le second pays le plus endeuillé au monde par la pandémie, derrière les Etats-Unis, avec plus de 138.000 morts.

Plusieurs pays ont d'ailleurs déjà tenté l'immunité collective, sans succès. La Suède, par exemple, n'a jamais imposé de confinement à sa population. Le pays déplore à ce jour près de 6000 décès, selon l’université Johns Hopkins, et figure à la sixième place des pays les plus endeuillés en proportion de la population, avec 569 morts par million d’habitants. Preuve d’un petit recul en arrière, la Suède a appelé fin juillet ses habitants à poursuivre le télétravail jusqu’en 2021.

D'autres experts signalent d'autre part le fait que l'immunité pourrait être de courte durée après une infection. Plusieurs cas de réinfection au Covid-19 ont déjà été avérés dans le monde. Fin août, des chercheurs américains ont rapporté un cas de réinfection chez un même individu à 48 jours d’intervalle. Deux jours plus tôt, un cas avait également été rapporté par des chercheurs hongkongais.


La rédaction de TF1info

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