PESSIMISME - La situation épidémie n'en finit plus de se dégrader en France. Alors qu'un troisième confinement vient de débuter dans certains départements, les indicateurs ne sont pas bons. Plusieurs facteurs, qui n'entraient pas en jeu lors de la deuxième vague, viennent de plus noircir davantage le tableau, faisant craindre le pire au personnel soignant.
La troisième vague de Covid-19 qui déferle sur la France depuis quelques semaines n'en fini plus de prendre de la hauteur. Les courbes des nouvelles contaminations et hospitalisations atteignent des sommets. Selon les chiffres de Santé Publique France publiés lundi, 4.548 patients Covid sont actuellement traités en services de réanimation, contre 4.903 au pic de la deuxième vague, le 16 novembre.
Bien que la situation est un peu moins critique, à première vue, que lors de la deuxième vague, elle s'annonce en réalité bien pire. Plusieurs indicateurs montrent désormais que la situation, malgré les mesures sanitaires prises par le gouvernement, n'évolue pas dans le bon sens, notamment pour les hôpitaux.
Une accélération de l'épidémie et un pic toujours hors de vue
Malgré des chiffres qui frôlent les niveaux atteints lors du pic de la deuxième vague, le sommet de cette nouvelle déferlante n'est toujours pas en vue, la situation épidémique ne laissant entrevoir aucun ralentissement de la circulation du virus. En une semaine, les nouveaux cas de Covid-19 ont bondi de 20%, tandis qu'en 24h seulement, 471 nouveaux patients ont été accueillis en services de réanimation. Tous malades du Covid-19 confondus, les hôpitaux comptaient lundi 26.488 patients, dont 1.902 admis de dimanche à lundi.
Ces chiffres sont d'autant plus inquiétants qu'ils interviennent, contrairement à l'automne dernier, avant même le durcissement des mesures, avec le troisième confinement décrété jeudi dernier pour 16 départements. D'ici à entrevoir les potentiels effets de ce dernier, les indicateurs devraient continuer à s'emballer encore quelques semaines, annonçant, pour les services hospitaliers, une période très tendue. "Les hôpitaux risquent de se prendre d'ici 15 jours, trois semaines, une vague d'une violence inouïe", affirmait ce mardi sur LCI Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France. Et de souligner : "On est au bord de la rupture".
Les transferts de patients au ralenti et les hôpitaux surchargés
Dans les Alpes-Maritimes, le taux d'occupation des services de réanimation est monté à 145%. En PACA, la tension hospitalière se chiffre à 111% et à 102% en Île-de-France. Si jusque-là, le transfert des patients vers d'autres régions, moins touchées, était une solution pour désengorger ces services, ce type d'opération est maintenant rendu difficile. Les centres hospitaliers disséminés sur tout le territoire, qui étaient jusque-là en capacité d'accueillir de nouveaux patients, n'ont désormais plus assez de lits disponibles pour le faire, étant eux aussi fortement mobilisés par le Covid-19 dans leurs régions respectives.
De plus, un nombre grandissant de familles s'opposent au transfert de leurs proches hospitalisés. Ce refus s'explique en partie par le fait que les visites de proches hospitalisés pour un cas de Covid sont aujourd’hui possibles, ce que le confinement strict imposé pendant la première vague interdisait. Dans ce contexte, laisser s’éloigner son parent malade peut être une décision plus difficile à prendre. Ainsi, tandis qu’une centaine de malades devaient quitter l’Ile-de-France la semaine dernière selon les dires d'Olivier Véran, seuls dix d’entre eux ont été transférés "en trois jours", a indiqué mardi 16 mars sur RTL Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Trop peu de personnel soignant
Lors de cette troisième vague, le manque de bras se fait aussi désespérément sentir. Si, pour la première vague, un nombre important de médecins venant de régions moins touchées avait pu être mobilisé, cela n'est cette fois pas le cas, chacun étant déjà très occupé dans sa propre structure hospitalière. Épuisés, voire traumatisés par la crise sanitaire, de nombreux soignants sont d'autre part en arrêt maladie, tandis que les accidents de travail se multiplient.
Si le reconfinement de 16 départements aurait pu être source d'espoir pour le personnel soignant, ce dernier ne semble pas vouloir se faire d'illusion. "On va droit dans le mur, ce qui a été décidé ces derniers jours n'a aucune chance de casser l'épidémie", déclare dans Le Parisien Jean-François Timsit, chef du service de réanimation de l'hôpital Bichat. Sur LCI ce mardi, le président de la Fédération hospitalière de France va également dans ce sens, estimant qu'il s'agit "d'un confinement qui n'en est pas un". "Un confinement, c'est quand est chez soi et quand on sort, c'est l'exception", fait-il remarquer, émettant des doutes sur les potentiels résultats positifs de cette mesure.
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