INTERVIEW - Invité politique ce lundi 28 décembre 2020, le Pr Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à La Pitié-Salpêtrière, est longuement revenu sur les premières vaccinations en France et l'espoir qu'elles suscitent.
La première vaccination en France contre le Covid-19 s’est déroulée, dimanche 27 décembre, au sein d’une structure d’hébergement de personnes âgées à Sevran, dans la Seine-Saint-Denis. "C'est historique, l'arrivée de ce vaccin, le seul traitement efficace à ce jour, est un événement considérable", assure le professeur Gilbert Deray, chef de service néphrologie à la Pitié-Salpêtrière invité ce lundi 28 décembre sur LCI. "Il faut bien mesurer l'ampleur. Sans la vaccination, l'année 2021 aurait été la même que l'année 2020 mais on allait au chaos. En continuant confinement et déconfinement, c'était un désastre économique et social dans toute l'Europe, donc ce vaccin va nous permettre de sortir de la crise."
Reste que le système des vaccinations varie d'un pays à l'autre : "Certains pays comme les États-Unis ont choisi une vaccination massive de façon à briser la propagation de l'épidémie. Dans d'autres pays, comme en France, On a choisi d'être un peu plus lent, j'aurais préféré que cela soit plus rapide". Un décalage qui pourrait s'expliquer par le fait qu'il n'y a pas assez de vaccins pour vacciner tout le monde, concède-t-il.
Ces premières vaccinations dans l'Hexagone peuvent-elles être synonymes de relâchement possible dans la population française, à l'heure où l'hypothèse d'un troisième confinement est évoquée ? "On peut l'imaginer mais c'est à nous de répéter les messages", dit le Pr Deray.
Si, selon lui, "le vaccin est la seule solution", il va néanmoins "falloir impérativement maintenir les gestes barrières durant l'année 2021", insiste le professeur. "La première raison, c'est que tant qu'on n'a pas l'immunité collective, le virus continue de circuler. La seconde, c'est qu'on ne sait pas encore si la vaccination va uniquement vous protéger vous ou bloquer la circulation du virus", dit-il. Toutefois, "il ne faut pas dire que le vaccin n'empêche pas la circulation du virus, c'est juste que nous manquons de données mais selon les données préliminaires, ça se présente plutôt bien", précise-t-il dans un souci de transparence.
Ce virus est efficace à plus de 90%, c'est extraordinaire
Pr Gilbert Deray, chef de service néphrologie à La Pitié-Salpêtrière
L'autre vrai enjeu consiste à convaincre les Français les plus dubitatifs quant à sa performance. Une enquête mondiale de BVA publiée ce dimanche dans le JDD révèle à ce sujet que seuls 44% des Français ont l'intention de se faire vacciner contre le Covid-19. Il s'agit d'un des seuls pays, sur les 32 pays étudiés, où les intentions de vaccination sont minoritaires. Pour le Pr Deray, ce scepticisme est infondé. En se fondant sur ce que l'on sait, "ce vaccin est efficace à plus de 90%, c'est extraordinaire, on est de l'ordre du vaccin contre la rage, de la pénicilline de Fleming", affirme le Pr Deray. "Il marche extrêmement bien, sa tolérance est bonne", dit-il. "On a des questions liées aux données insuffisantes et au recul. Dans les semaines qui viennent, on aura les réponses à ces questions."
Ainsi, plus on aura de données, plus les Français se laisseront convaincre. Vantant l'altruisme et "le sens de la collectivité", le Pr Deray affirme par ailleurs que "sur le plan des voyages et de l'international, le passeport vaccinal va exister obligatoirement" : "Aucun pays qui aura vaincu la covid n'acceptera de recevoir des ressortissants d'un pays qui, lui-même, n'a pas fait sa vaccination."
Tout
TF1 Info