L'Estonie noue un partenariat avec l'OMS pour développer un passeport vaccinal

Publié le 10 février 2021 à 11h33
L'Estonie noue un partenariat avec l'OMS pour développer un passeport vaccinal
Source : Armando BABANI / AFP

PROJET - En collaboration avec l'OMS, l'Estonie travaille sur l'élaboration d'un passeport vaccinal capable d'être reconnu partout à travers le monde. Un défi aussi bien technologique qu'éthique.

L'Estonie, qui compte parmi les pionniers technologiques de notre monde, se lance dans la course à l'élaboration de passeports de vaccination. Le pays d'Europe du Nord mène avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) des tests visant à développer des passeports vaccinaux numériques. L'enjeu : qu'il puisse être reconnu et utilisé mondialement. "La solution devra fonctionner aussi bien en Érythrée qu'à Singapour", précise à l'AFP Marten Kaevats, conseiller du gouvernement estonien sur les questions technologiques.

Vers la modernisation d'un système déjà existant

Associé à l'OMS, le pays voudrait développer une "carte jaune à puce", version numérique d'un système de documents en papier existant, permettant de prouver la vaccination contre la fièvre jaune. Selon Marten Kaevats, qui conseille aussi l'OMS sur les questions numériques relatives à la santé, il est "impossible" de créer un système d'identification numérique mondial dans les mois à venir, et un mélange de certificats papier et électroniques semble plus probable. Les travaux se concentrent sur l'élaboration de principes globaux en vue de développer "une solution commune unique pour vérifier l'existence des prestataires de soins" qui délivrent les certificats en question.

Le pays dispose déjà de son propre système de dossiers de santé électroniques contenant l'information sur les vaccins, mais la plupart des pays du monde n'en ont pas et il n'existe pas de méthodes de reconnaissance mutuelle de ce genre de documents nationaux.

Le respect de la vie privé, question centrale

Début février, le Danemark annonçait travailler sur un "coronapas" pour voyager et se rendre à un concert ou au restaurant. Sous forme numérique, il devrait voir le jour d'ici le printemps prochain. Les compagnies aériennes Emirates et Etihad ont également annoncé le mois dernier des tests sur une application permettant de vérifier les vaccinations avant la montée à bord. 

Si le passeport vaccinal est vu comme l'une des solutions pour sortir de la crise économique, qui mine actuellement bon nombre de pays, il soulève néanmoins des questions sur le respect de la vie privée et des droits de l'homme. Si le projet conjoint OMS-Estonie prévoit que les citoyens puissent être autorisés à supprimer leurs données et que les groupes technologiques ne devraient pas être autorisés à tirer profit des données traitées, de telles initiatives soulèvent encore des "questions essentielles de protection des données et de la vie privée", selon Anna Beduschi, professeure agrégée de droit à l'université d'Exeter en Grande-Bretagne.

Ces certificats risquent de créer "une nouvelle distinction entre les gens, en fonction de leur état de santé", indique-t-elle à l'AFP. Avant de déployer largement le nouveau système, elle estime qu'il faut d'abord rendre les vaccins disponibles partout et prévoir des alternatives pour ceux qui ne peuvent pas être vaccinés, comme les femmes enceintes. "Il ne suffit pas de développer des solutions techniques de vérification de l'état de santé des gens", a insisté la professeure, ajoutant que "les risques de déploiement de telles technologies doivent être anticipés et réduits au maximum".

Une idée déjà explorée au niveau européen

Si les initiatives semblent s'accélérer au sujet du passeport vaccinal, l'idée est loin d'être nouvelle. En 2018, l'Union européenne réfléchissait déjà à la mise au point d'"une carte de vaccination" ou d'un "passeport vaccinal" pour les résidents de l'UE amenés à voyage à travers le continent et affichait son objectif de "répondre à l'insuffisance vaccinale causée par les mouvements de population à l'échelle de l'UE". Pour l'heure, la Commission européenne préconise seulement une "étude de faisabilité".


La rédaction de TF1info

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